Senegal: Une entrepreneuse et une compagnie font un partenariat fructueux

| janvier 30, 2017

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Mariama Diouf est une femme occupée. Dans le hall de sa petite entreprise,la patronne quinquagénaire regard minutieux sous ses lunettes, scrutant les échantillons de ses produits locaux transformés.  

Elle dit: « Je vérifie pour m’assurer que tout est propre et que les bouteilles n’ont pas pris de poussière ». 

Grâce à un partenariat avec un détaillant en ligne local, l’entreprise gagne un bon revenu pour Mme Diouf et ses petits fournisseurs de fruits.

Lancée  en 1997, Mme Diouf lance avec 10 femmes une entreprise qu’elle nomme Maria Distribution. L’association emploie maintenant une quarantaine d’employés permanents et temporaires, dont la plupart sont des femmes.

L’usine de la compagnie est située à Thiaroye, dans la banlieue de Dakar. Ce samedi matin, trois  jeunes femmes en blouse blanche et chapeau de protection  s’activent à la transformation du jus de « Bissap » , un des  produits du top 5 de l’entreprise.

Pour faire du jus de « Bissap », les travailleuses trempent les feuilles rouges ou blanches dans de l’eau pendant quelques heures  dans de  grandes bassines pour ensuite les filtrées.

Avant la mise en bouteille et l’étiquetage, le jus passe par les phases obligatoires  de formulation et de pasteurisation.

L’entreprise dont transforme donc transforme jusqu’à 30 tonnes de« Bissap »par mois. Mais le produit vedette reste cependant le jus de « Ditax », faite avec la pâte fibreuse verte foncée du fruit de l’arbre de« Ditax », appelé detarium senegalensis.

Des contrats  ont été signés avec une dizaine de petits producteurs pour lesquels ces revenus constants sont une véritable bouffée d’oxygène.

Mais l’entrepreneuse ne s’est pas arrêté là. En 2013, la chef d’entreprise noue un partenariat avec un détaillant en ligne qui s’appelle Sooretul, qui signifie «  Ce n’est plus  loin » en langue Wolof. Quatre jeunes ingénieurs de conception sénégalais ont crée Sooretul en 2011. La Start-Up est le premier site de vente en ligne de produits locaux transformés.

Awa Caba est la co-fondatrice de Sooretul.  Mme Caba dit que cette collaboration est un défi quotidien, mais un qui en vaut bien la peine car elle contribue à la promotion du consommer local qui profite d’abord aux petits producteurs

Elle explique : « J’ai sillonné le Sénégal. J’ai participé à diverses foires quand j’étais étudiante .J’ai vu les difficultés que les femmes avaient à écouler leurs [fruit], même une fois transformés en jus. Et les personnes qui se lancent dans cette activité sont très souvent les femmes très pauvres. J’ai donc décidé avec un groupe d’amis de créer une plate-forme de vente en ligne pour donner plus de visibilité à ces produits transformés locaux. Ainsi, plus on achète, plus ces femmes transforment et plus les petits producteurs en profitent. »

Mme Diouf reconnait que le partenariat avec le site Sooretul lui a permis de vendre ses  produits à une classe moyenne sénégalaise de plus en plus exigeante en qualité.

Pour Mme Diouf, Sooretul n’est qu’un parmi ses nombreux projets. Sa tête  fourmille de projets. Dans un avenir prochain, elle veut voir ses jus locaux mises en cannette dans les rayons des grandes surfaces commerciales urbaines à côté de marques des boissons gazeuses. Ce qui signifie plus de contrats avec les petits producteurs avec lesquels elle travaille.

Avant de lancer Maria Distribution, Mme Diouf touchait un salaire de 250 000 de Francs CFA par mois ($410 US) comme secrétaire de direction. Maintenant, l’entrepreneuse gagne plus et veut mieux pour elle-même. Elle explique: « L’un de mes buts était de me payer un salaire mensuel de 2 millions de Francs CFA (environ $3,300 US) comme ce que percevaient mes patrons quand j’étais secrétaire, mais je suis encore loin …Mais j’espère y arriver quand j’aurai  réussi à lancer les jus locaux en cannette ».

Pour l’instant,  il n’y a pas de support financement pour l’aider à moderniser. Mme Diouf veut acheter des machines de transformation ainsi que de grosses chambres froides pour la conservation et le stockage des fruits saisonniers comme les mangues.

Elle  espère pouvoir  exporter de ses produits vers l’Europe et les États Unis. Elle dit: «  Mon ambition est d’atteindre 50 à 60 %  à l’export  sur les jus … Je souhaite laisser [le marché local] aux plus petits ».

Dans l’ensemble, Mme Diouf a réussi. Elle conclut: «  Avant, je  n’avais pas de voiture, maintenant j’en ai une. Je peux même me payer des voyages à l’étranger. Je parviens aussi à aider mes proches, vous connaissez le poids de la pression familiale et sociale au Sénégal. Je réussis à me verser un bon salaire. Après une vingtaine  d’années de sacrifice il était  temps ».

Pour écouter les conseils en entreprenariat de Mme Diouf, cliquez ici.