admin | octobre 16, 2017
Jean Paul Sebarera ne cultive plus du manioc depuis que la striure brune, localement surnommée kabore, a foudroyé les plantations de sa région. Monsieur Sebarera cultive dans la zone de Kinazi, à environ 30 kilomètres au sud de Kigali, la capitale rwandaise.
Il déclare : « Certains d’entre nous ne consomment plus le manioc à cause de la maladie qui a frappé cette culture. Nous dépendons désormais du haricot et du maïs. Par conséquent, la nouvelle affirmant que nous aurons bientôt accès à une nouvelle variété de manioc est plus que la bienvenue. »
La bonne nouvelle c’est que le ministère de l’Agriculture rwandais distribuera une nouvelle variété de manioc à haut rendement aux agriculteurs du district de Ruhango dont fait partie Kinazi.
Fulgence Nsengiyumva est le ministre d’État rwandais de l’Agriculture. Il a annoncé ce programme en fin septembre.
Il encourage les autorités du district à collaborer étroitement avec les multiplicateurs de semences pour s’assurer que le plus grand nombre possible d’agriculteurs aient accès aux nouvelles semences. Il soutient que son ministère fournira gratuitement des semen ces aux agriculteurs pauvres.
Le ministre d’État ajoute : « L’autre processus de [distribution] consiste à fournir les variétés aux agriculteurs à crédit, et à leur faire rembourser après qu’ils ont vendu leurs récoltes. »
Le coût constitue un grand obstacle pour beaucoup de cultivateurs qui veulent tester les nouvelles variétés de manioc.
Jean Claude Ntezimana cultive également à Kinazi. Il explique : « Le sac de tiges de manioc peut coûter jusqu’à 10 000 francs rwandais [12 $US] et suffit pour un demi-acre seulement. Certains choisissent de cultiver d’autres denrées en raison de contraintes financières, alors que cette région se prête surtout à la culture du manioc. »
Des centaines de ménages de la localité subvenaient à leurs besoins en vendant leurs récoltes à l’usine de transformation du manioc de Kinazi. Mais, les variétés de manioc locales ont été frappées par une maladie ces dernières années, privant ainsi plusieurs de ces familles de revenus.
Dans le cadre de ce nouveau programme, les agriculteurs cultiveront la nouvelle variété sur 1 800 hectares dans la zone de Kinazi où se trouve l’usine de transformation. Le directeur de l’usine, Emile Nsanzabaganwa, affirme que les agriculteurs fournissent actuellement à l’usine 21 tonnes de manioc par jour, mais que l’usine peut gérer six fois cette quantité.
Le ministre d’État espère que cette variété à plus haut rendement permettra d’alimenter l’usine de transformation, ainsi que les familles locales. Il soutient qu’en fonction de la variété et des méthodes agricoles utilisées, les rendements de manioc sont de 8 à 30 tonnes par hectare.
François Xavier Mbabazi est le maire du district de Ruhango. À ses dires, les paysans cultiveront la nouvelle variété de manioc sur 7 700 hectares dans son district. Ces derniers ont déjà cultivé près d’un cinquième de cette superficie.
Plus de 700 000 familles cultivent le manioc dans presque 4 000 villages dans les provinces de l’Est, de l’Ouest et du Sud du Rwanda. Somme toute, le pays espère accroître la production du manioc à plus de six millions de tonnes par an, ce qui représente quasiment le double de ce qu’était cette production il y a trois ans.
Le ministre Nsengiyumva affirme qu’outre cette nouvelle variété, les chercheurs développent d’autres variétés qu’ils remettront aux multiplicateurs.
Il espère que les agriculteurs pourront se procurer ces nouvelles variétés dans trois ou quatre ans, juste au cas où la variété actuelle succomberait également à une maladie.
Le présent article est adapté d’un article intitulé « Farmers to get disease-resistant cassava » publié par The News Times. Pour lire l’article original, cliquez sur : http://www.newtimes.co.rw/section/read/220457/.
Photo crédit: David Monniaux