RDC : Comprendre le pouvoir des arbres après des inondations et des glissements de terrain désastreux (Global Press Journal)

| juillet 22, 2024

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Nouvelle en bref

Jérémie Lushambo se rend au bord de la rivière Kabushungu chaque jour pour prier pour des proches qui ont disparu lors des inondations de mai 2023. Plus de 400 personnes sont décédées et des milliers ont été portées disparues à la suite du débordement de quatre rivières, inondant les villages de Bushushu, Nyamukubi, Luzira et Chabondo le long des rives du lac Kivu, qui chevauchent la frontière entre la République démocratique du Congo et le Rwanda. Selon les spécialistes de l’environnement, la déforestation est l’un des facteurs de cette catastrophe. Maintenant, les communautés locales plantent des arbres pour éviter de futures catastrophes. Au moins 150 volontaires, notamment des jeunes de 18 à 30 ans plantent 1000 arbres, y compris des Grevillea, des filaos et des podocarpes, et ils comptent en planter plus.

Chaque jour, Jérémie Lushambo se rend à la rivière Kabushungu pour prier pour plus de 50 membres de sa famille disparus dans ses eaux il y a un an. Il déclare : « Je viens ici chaque fois pour demander à Dieu d’accueillir les âmes de mes enfants et petits-enfants morts ici. »

En mai 2023, de fortes pluies ont frappé Bushushu, Nyamukubi, Luzira et Chabondo, quatre villages isolés sur les rives du lac Kivu, en République démocratique du Congo, à la frontière avec le Rwanda. Plus de 440 personnes sont mortes et des milliers ont disparu après que quatre rivières de la région ont débordé, provoquant des inondations et des glissements de terrain. La Croix-Rouge estime que 1 200 maisons ont été détruites et plus de 4 600 ménages touchés.

Les fortes pluies et les inondations ne sont pas rares dans le territoire de Kalehe, mais l’impact des pluies torrentielles de mai 2023 était sans précédent. Le secrétaire général des Nations Unies, António Guterres a qualifié les inondations de « nouvelle illustration de l’accélération du changement climatique. »

Les spécialistes de l’environnement affirment que la déforestation a contribué à cette catastrophe. Boris Hamuli est un agronome basé à Bushushu, au Sud-Kivu. À ses dires, les hauts plateaux de Kalehe ont été déboisés pendant des décennies sans que personne ne songe à les reboiser. Il déclare : « Le sol est donc exposé et vulnérable à l’érosion pendant la saison des pluies, ce qui provoque des inondations sans précédent dans nos localités. »

En juin dernier, après les inondations et pour prévenir une autre catastrophe, le gouvernement local a lancé une campagne de plantation de 1 000 arbres sur les collines dénudées entourant les quatre villages touchés par les inondations.

Au moins 150 volontaires des communautés locales ont aidé à planter des arbres, principalement des jeunes âgés de 18 à 30 ans, accompagnés d’agronomes. Ils plantent des arbres tels que des Grevillea, des filaos et des podocarpes.

Thomas Bakenga est l’administrateur de la région de Kalehe et le responsable de la campagne. Il déclare : « C’est un pas vers un avenir où l’environnement est protégé. »

Simeon Rulinda a décidé de participer aux efforts de reforestation après avoir réalisé comment les arbres pouvaient contribuer à prévenir une autre catastrophe. Pour cet homme de 47 ans, planter des arbres est devenu un moyen pour lui de gérer son deuil. Monsieur Rulinda a perdu ses deux enfants et leur cousin lorsque des inondations ont frappé Bushushu et que la maison où ils se trouvaient s’est effondrée, tuant toutes les personnes à l’intérieur.

Il déclare : « Lorsque j’ai perdu deux de mes cinq enfants, j’ai été submergé par le chagrin, et le reboisement est devenu pour moi une sorte de thérapie », dit Rulinda. « Cela m’occupe et je ne pense pas trop à la tragédie qui nous a frappés. Je pense plutôt à un avenir meilleur pour la prochaine génération grâce aux arbres que nous plantons. »

Entre 2015 et 2022 seulement, le territoire de Kalehe a perdu plus de 420 kilomètres carrés de couverture arborée, selon les données de Global Forest Watch, une plateforme en ligne qui fournit des données et des outils pour surveiller les forêts, mais la déforestation a commencé il y a des décennies. Monsieur Bakenga soutient que les montagnes et collines autour du lac Kivu étaient autrefois boisées. Il ajoute : « Mais la croissance démographique a entraîné la déforestation pour la construction de maisons, l’agriculture, la collecte de bois de chauffage et la production de charbon de bois à des fins commerciales. »

Sans autres opportunités d’emploi, les habitants ont considéré les forêts comme leur principale source de survie.

Jackson Shamamba est un agronome et ingénieur de Kalehe qui a participé à la campagne de reforestation. Il affirme que la préservation des forêts tropicales primaires, comme celles de Kalehe, est essentielle, car elles représentent l’une des plus grandes réserves de carbone de la planète.

La République démocratique du Congo, abritant de vastes forêts tropicales, est souvent appelée le deuxième poumon du monde (le premier étant l’Amazonie), mais elle fait aussi partie des pays en proie à la déforestation.

Monsieur Bakenga et monsieur Shamamba pensent que le dynamisme de la communauté locale contribuera également à sensibiliser aux conséquences de la déforestation. Bien que la campagne soit toujours en cours et qu’il faille entre deux et dix ans pour que les nouveaux arbres poussent pleinement, certains volontaires changent déjà leur façon de penser les forêts locales.

Immaculée Maisha, une jeune femme de 28 ans originaire de Nyamukubi, l’un des villages les plus durement touchés par les glissements de terrain, a participé activement aux efforts de reforestation. Elle déclare : « J’ai grandi en voyant mes aînés couper des arbres pour diverses raisons, notamment pour construire des maisons et cuisiner, et je considérais cela comme normal », dit-elle. « Mais aujourd’hui, je comprends mieux que quiconque à quel point il est important d’avoir des arbres. »

Cette nouvelle est inspirée d’un article écrit par Noella Nyirabihogo pour Global Press Journal, intitulé « Tragiques inondations, preuve du pouvoir des arbres de sauver des vies. » Pour lire l’intégralité de l’article, cliquez sur : https://globalpressjournal.com/africa/democratic-republic-of-congo/drc-tragic-floods-demonstrate-lifesaving-power-trees/fr/.