RDC : Comment des producteurs de bananes combattent la bactériose du bananier

| juin 19, 2017

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Ce matin, comme plusieurs autres personnes, Joséphine Ndamubuya n’a d’yeux que pour ses bananiers. Mme Ndamubuya a une bananeraie d’un hectare située au pied des montagnes de Bweremana, un village de la province du Nord-Kivu, à l’est de la République démocratique du Congo.

Même si cette mère de six enfants, âgée de 50 ans, cultive également du maïs, ce sont les bananes qui retiennent plus son attention.

Elle déclare :  Je gère dix champs au total. Six m’appartiennent et je loue les quatre autres. Mais celui-ci est le plus grand … et j’en suis fière … Si notre village est célèbre dans la région, c’est à cause des grandes quantités de bananes que nous produisons.

Il y a cinq ans, Mme Ndamubuya a eu toute une frousse. Elle a voulu tout abandonner à cause de la bactériose du bananier. Cette maladie complexe avait infecté les pieds de bananiers, à Bweremana et dans ses environs.

Il est difficile de se débarrasser de cette maladie une fois que l’agent infectieux de la maladie, qui est une bactérie, se retrouve dans la sève de la plante.

Il y a cinq ans, Mme Ndamubuya ignorait tout de cette maladie qui avait infecté ses bananiers, et jaunissait les feuilles. Elle se rappelle : « Quand j’ai vu les feuilles des bananiers faner, je ne comprenais pas. Je pensais que seuls certains plants étaient touchés. Mais je me suis rendu compte petit à petit que tous mes bananiers et les champs de mes voisin(e)s avaient le même problème.

En quelques mois, elle a perdu plus de 90 % de sa production. Mme Ndamubuya était bouleversée, et ne savait pas à qui demander de l’aide. Il n’y avait aucun(e) expert(e) agricole dans le village pour lui fournir des réponses. Elle se rappelle :  Je pensais que j’étais ruinée avec les bananes.

Par conséquent, elle décida de laisser tomber les bananes, et de cultiver des denrées telles que le maïs, les tomates et les haricots. Toutefois, ces denrées ne se vendaient pas bien comme elle l’avait espéré. En une année, ses revenus diminuèrent de 600 000 francs CFA (environ 415 $US).

Elle ne pouvait plus subvenir aux besoins de ses enfants, et deux parmi les six ont arrêté les études.

Malgré ces difficultés, Mme Ndamubuya a décidé de chercher une solution à la bactériose du bananier afin de pouvoir continuer à cultiver la banane. Avec d’autres producteurs et productrices de la région, elle a fait appel à l’Association des ingénieurs agricoles, une organisation basée à Goma, la principale ville du Nord-Kivu.

Marc Bwira est arrivé dans le village et a enseigné à Mme Ndamubuya des stratégies de lutte contre cette maladie. Il a conseillé aux agriculteurs et aux agricultrices d’abattre les plants infectés, de les faire sécher et de les brûler ou les enfouir sous terre. Il a affirmé qu’il fallait par la suite stériliser les outils utilisés pour couper les plants, soit à flamme, soit avec de l’eau de Javel, pour éviter de contaminer les plants sains.

Monsieur Bwira a également dit à Mme Ndamubuya d’enlever les bourgeons de bananier, car ils aident les insectes à propager la maladie. Il a également conseillé aux agriculteurs et aux agricultrices de contrôler les mouvements d’animaux dans les bananeraies.

Grâce à ces conseils, Mme Ndamubuya a pu relancer les activités de sa plantation qui lui rapportent environ 450 000 francs CFA (près de 310 $US) tous les trois mois. Elle retrouve progressivement son rythme, et elle a planté à nouveau sur cinq des six champs qu’elle possède.

Philippe Katoto cultive également la banane à Bweremana. Cet homme de 40 ans avait abandonné ses deux champs, mais a recommencé à cultiver la banane. Il déclare :  Je fais partie des quelques agriculteurs et agricultrices qui ont accepté de ressusciter leurs bananeraies. Cela m’a aussi permis d’accroître mes récoltes et de multiplier par deux mes recettes durant deux récoltes successives.

Maintenant qu’il reçoit des conseils éclairés sur la façon de prévenir les infections causées par la bactériose du bananier, monsieur Katoto espère agrandir son exploitation, et a acheté deux nouveaux champs.