Toheeb Kunle Jaiyeola | mars 29, 2020
Nouvelle en bref
Jibril Sule Dakasoye cultive sur un hectare et demi dans le village de Kawma, près de la ville de Kano, au centre du Nigeria. Il cultive des tomates et d’autres légumes, mais décale ses semis de tomates. Il a divisé son champ de tomates en quatre parties et ensemence chaque partie à trois semaines d’intervalle. Cela lui évite de récolter et de vendre ses tomates au même moment. Ainsi, il les vend à un meilleur prix, car il évite la période d’engorgement des marchés où la majorité des producteurs et productrices de tomates vendent en même temps.
On est dimanche matin, mais Jibril Sule Dakasoye se rend au champ. Il pédale son vieux vélo dont la chaîne et les pneus grincent. Il salue les gens qu’il rencontre sur le chemin du champ où il retrouvera ses enfants.
Monsieur Dakasoye affirme qu’il n’arrivait pas à bien subvenir aux besoins de ses enfants avant, car la surabondance de tomates sur le marché entraînait une baisse des prix. Pour régler ce problème, il plante ses tomates de façon décalée afin d’éviter de récolter et vendre tout en même temps. Il déclare : « Je ne me dépêche pas de transporter toutes mes tomates au marché. »
Monsieur Dakasoye a 40 ans et plus et réside dans le village de Gawma, à 75 kilomètres de la ville antique de Kano, au centre du Nigeria. Il a commencé à cultiver il y a 28 ans et possède une exploitation d’un hectare et demi. Outre les tomates, il cultive du maïs, des concombres, du chou et d’autres légumes.
Cela lui procure de multiples sources de revenus. Lorsque le prix des tomates ne lui convient pas, il vend des concombres ou des aubergines. En faisant une comparaison à la période où il uniquement des tomates, il affirme que ces dispositions lui permettent d’avoir un revenu stable face à l’instabilité des prix du marché.
Le décalage des semis permet à monsieur Dakasoye d’obtenir le meilleur prix, et les tomates lui rapportent un bon revenu. Pour faciliter le décalage de ses semis, il a divisé son exploitation de tomates en quatre parties et il plante des tomates sur chaque parcelle à trois semaines d’intervalle. Cela lui évite de cueillir et vendre toutes ses tomates au même moment.
Il y a 14 ans, monsieur Dakasoye et plusieurs autres producteurs et productrices de sa région ont appris l’étalement des semis avec des agent(e)s du gouvernement fédéral dans le cadre d’un projet axé sur l’agriculture dans les plaines fluviales fertiles. Il soutient qu’avant qu’ils commencent à décaler les semis, les commerçants profitaient de la saturation du marché pour proposer aux producteurs et aux productrices des prix très bas et n’utilisaient pas de balances pour peser les tomates.
Il explique : « Comme tous les agriculteurs plantaient et récoltaient en même temps, les acheteurs venaient ici et utilisaient comme échelle de mesure des paniers en raphia spéciaux plus gros que les paniers que les agriculteurs utilisaient. Cela nous faisait vendre plus à perte. »
Allahasan Shugaba cultive et vend des tomates dans la région administrative de Kura, dans l’État de Kano. Monsieur Shubaga affirme que les marchés sont engorgés parce que les producteurs et les productrices se précipitent pour semer la tomate à un moment de l’année où il y a de l’eau presque partout.
Adamu Usman est un producteur de tomates de Garum Mallam qui subvient aux besoins de ses 19 enfants et de ses épouses grâce aux bénéfices des tomates. Il déclare : « J’ai acquis des connaissances sur la méthode du décalage. Cela m’aide à semer efficacement et à récolter toutes les deux semaines. »
Il ajoute : « J’évite également la saturation du marché en faisant des appels téléphoniques pour m’informer sur la situation et les prix avant de récolter mes tomates. »
Dahiru Mukhtar est le spécialiste en agroentreprise et le conseiller commercial de Technoserve dans l’État de Kano. Cette organisation non gouvernementale travaille avec les agriculteurs et les agricultrices pour bâtir des exploitations agricoles performantes.
Monsieur Mukhtar déclare : « Quand les tomates se raréfient sur le marché, les producteurs gagnent plus d’argent. Et quand il y en a trop, le prix baisse. Les producteurs obtiendront un meilleur revenu s’ils appliquent les méthodes de décalage efficaces. »
Monsieur Dakasoye se réjouit de ce que la technique de décalage augmente le revenu que lui procure la culture de la tomate. Il arrive désormais à subvenir aux besoins de sa femme et ses 14 enfants. Il déclare : « Depuis que j’applique le système de décalage et que je m’informe sur le marché, mon revenu de tomates a augmenté. Je donne même de l’argent de poche à mes enfants chaque mois. »
Cette nouvelle a été produite grâce au financement de la Fondation Rockefeller dans le cadre de son initiative YieldWise.