Niger : Une femme veuve combat la pauvreté en cultivant et en vendant des légumes (Souleymane Maâzou pour Agro Radio Hebdo)

| novembre 11, 2013

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Le soleil d’après midi brille sur les berges du fleuve Niger. Sous la chaleur exténuante,les producteurs s’activent dans leurs exploitations.

Habillée en tenue traditionnelle, arrosoir en main, Salamatou Abdou est très occupée dans son jardin. C’est d’ailleurs grâce à son champs qu’elle tire les produits de sa consommation quotidienne et de son commerce. Mère de huit enfants, Mme Abdou consacre depuis quatre années l’essentiel de son temps à travailler la terre.

Elle explique : « J’ai hérité ce jardin de mon père. Fatiguée de tendre la main chaque jour pour les besoins vitaux de ma famille après le décès de mon mari en 2008, j’ai décidé à jardiner grâce à un soutien de 150.000 FCFA [300 dollars américains] d’un ami de mon défunt mari».

Grâce à cet argent, elle a acheté du matériel aratoire, une motopompe, des engrais et des semences. Dans son jardin d’à peine un hectare, elle cultive des produits tel que la tomate, la laitue, le haricot vert, la carotte, le chou, le poivron, l’aubergine et l’oignon. La veuve de 49 ans vend la grande partie de ces légumes au petit marché de Niamey, la capitale du Niger.

Le sourire aux lèvres, elle dit : « Je déteste rester à ne rien faire. Et surtout que j’ai mes enfants à nourrir. Mon secret, c’est un travail que j’ai appris avec mon père depuis ma tendre enfance ».

Mme Abdou ne fait pas seulement le maraîchage. En période de saison hivernale, elle cultive aussi le mil et le sorgho sur les rives du fleuve Niger, au bord du champ familial.

Elle raconte : « Je parviens à nourrir mes enfants sans difficulté. J’ai des céréales et des légumes pour la consommation familiale».La vente des légumes lui procure l’argent dont elle a besoin pour face à ses dépenses quotidiennes. Elle explique : « Il m’arrive de vendre au marché jusqu’à 10000 FCFA [20 dollars américains] de légumes par jour ».

Abdoulaye Hassane est le voisin de Mme Abdou. Le producteur de riz de 49 ans témoigne qu’elle est vraiment une femme modèle. Il raconte : Elle est très combattante. Elle transporte au petit matin ses légumes au marché, puis elle revient au jardin pour l’arrosage. »Et dans tout ça elle n’a reçu aucun soutien ni de l’Etat ni des organisations féminine ou d’associations et ONG.»

Un soutien pour lequel l’agroéconomiste Ousmane Moussa plaide. Il dit : « Voilà une femme qui mérite un soutien dans un pays comme le Niger où la pauvreté touche beaucoup plus la gente féminine. Elle est le modèle de femmes qui luttent au quotidien par leur courage contre la pauvreté ».

Mme Abdou a un rêve. Un jour, elle aimerait avoir une ferme avicole à côté de son jardin. Cette ferme lui permettrait de créer des emplois et d’assurer une stabilité financière pour elle et sa famille.