Mozambique : Des agriculteurs demandent des prix plus élevés pour le pois d’Angole afin de compenser le coût élevé des intrants

| janvier 24, 2022

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Nouvelle en bref

Il est presque trois heures du matin, mais Laurinda Fabiao est déjà arrivée à l’arrêt de bus d’Estadio da machava pour préparer des beignets de pois d'Angole, localement appelés bhadgia, qu’elle vend aux usagers matinaux. Il faut environ deux heures à madame Fabiao pour préparer les beignets composés de pois d'Angole écrasé dans une calebasse, une sorte de gourde. Zefenias Bernardo est un petit agriculteur du district de Macate, dans la province de Manica. Il cultive le pois d'Angole comme une culture commerciale depuis 2009. Monsieur Bernardo soutient que le coût d’intrants tels que l’engrais et les semences est élevé, ce qui réduit le profit qu’il peut réaliser en vendant la denrée à des personnes comme madame Fabiao.

Il est presque trois heures du matin, mais Laurinda Fabiao est déjà à l’arrêt de bus d’Estadio da machava pour y préparer des beignets de pois d’Angole, localement appelés bhadgia, qu’elle vendra aux usagers matinaux. Elle dépose une casserole sur le feu et commence à préparer rapidement, car elle ne veut pas décevoir ses client.e.s.

Madame Fabiao vit dans le quartier d’Infulene, dans la ville de Matola, à 15 kilomètres environ de Maputo, la capitale du Mozambique. Les beignets de pois d’Angole font partie intégrante de sa vie. Elle explique : « Cela fait 19 ans que j’exerce ce métier. J’ai commencé à préparer les beignets de pois d’Angole pour ma survie, car mes parents s’étaient rendus en Afrique du Sud à la recherche de pâturages verts et m’avaient laissée seule alors que j’étais jeune. »

Tony Santos fait partie de la clientèle de madame Fabio et travaille au salon d’à côté. Il déclare : « Elle vend des beignets de pois d’Angole délicieux et je les aime parce que cela me fait gagner du temps le matin au lieu que je sois obligé de préparer le petit déjeuner moi-même ou d’aller acheter quelque chose très loin. J’ai ainsi plus de temps pour m’occuper de ma clientèle au salon. »

Cela prend environ deux heures à madame Fabiao pour cuire les beignets faits à base de pois d’Angole écrasés dans une calebasse, une sorte de gourde. Mais madame Fabiao ignore où et comment on cultive le pois d’Angole.

Zefenias Bernardo est un petit agriculteur du district de Macate, dans la province de Manica. Il cultive le pois d’Angole comme une culture de rente depuis 2009. Il déclare : « Le pois d’Angole est une bonne source de revenus pour ma famille. Je produis 35 à 40 sacs de pois d’Angole, qui pèse chacun 50 kilogrammes, en une saison. »

Il ajoute : « C’est une bonne culture de rente, car les pertes sont limitées étant donné que je peux vendre ça frais ou séché. Je ne me plains pas de ne pas être un employé parce que la culture du pois d’Angole est ma principale source de revenus. »

Selon monsieur Bernardo, le principal défi avec la culture du pois d’Angole est la difficulté d’accès aux marchés et les prix bas. Il explique : « Les prix proposés pour le pois d’Angole ne nous encouragent ni moi ni plusieurs autres producteurs. J’investis beaucoup d’énergie, mais en tant que producteur, je n’ai pas mon mot à dire par rapport aux prix. C’est l’acheteur qui décide quoi payer. »

Aux dires de monsieur Bernardo, le coût des intrants tels que l’engrais et les semences est très élevé, ce qui réduit les profits qu’il peut réaliser sur la vente de cette denrée à des gens comme madame Fabiao. Il ajoute : « Ces acheteurs n’ont aucune idée du travail que cela nécessite, notamment pour la préparation de la terre, les semis, la récolte et le transport du pois d’Angole au marché. »

Alzira Antonio est un commerçant qui vend le pois d’Angole au marché de Zimpeto, à Maputo. Les beignets de pois d’Angole avec le pain sont une bouffe de rue très populaire à Maputo, et on l’appelle communément Pao com bhadjias. Monsieur Antonio déclare : « Presque tout le monde à Maputo consomme les beignets de pois d’Angole. C’est bon pour la santé et cela fait plus de cinq ans maintenant que j’en vends. »

Le jour que les affaires marchent, madame Fabiao gagne environ 150 meticais mozambicains (2,33 $ US) après avoir vendu près de 150 beignets de pois d’Angole. Elle explique : « J’achète un gallon de pois d’Angole à 638 meticais mozambicains (9,90 $ US) qui dure environ 3 semaines. J’achète également de l’ail, de l’huile, du bois, du piment, de la salsa et d’autres ingrédients pour faire des beignets succulents pour ma clientèle. »

Arlindo Tauzene cultive du pois d’Angole dans le district de Macate. Il soutient qu’il continuera d’en cultiver, car c’est la seule source de revenu de sa famille.

Monsieur Tauzene explique : « J’aime cultiver le pois d’Angole parce que je le fais depuis mon enfance. Cette denrée nous permet de vivre, de nous nourrir et d’envoyer nos enfants à l’école. J’aurais aimé produire plus de pois d’Angole, mais les prix [bas] ne me motivent pas. »

Ernesto Lopes est le directeur des services agricoles de la province de Manica. Il déclare : « Bien que les prix ne soient pas très bons pour les agriculteurs, le pois d’Angole ne disparaîtra certainement pas des régions rurales du Mozambique. »

Il ajoute : « Les agriculteurs continueront de cultiver cette denrée, car elle résiste à la sécheresse et n’a pas besoin de beaucoup d’intrants. Elle fixe également l’azote dans le sol, ce qui est une bonne chose pour sa culture en association avec d’autres denrées comme le maïs. C’est bon aussi pour la rotation des cultures. »

Cette nouvelle a été produite grâce à une subvention de la Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit GmhH (GIZ) qui met en œuvre le projet des centres d’innovations vertes.

Photo : Pois d’Angole. Crédit : Danyell Odhiambo pour l’ICRAF.