Malawi : Une mère adolescente encourage les jeunes à s’informer sur les contraceptifs et à utiliser les services de santé sexuelle

| janvier 4, 2024

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Nouvelle en bref

Jessica Mandanda est une militante des droits des jeunes originaire de Lilongwe, la capitale du Malawi. Mais elle n'est pas devenue activiste par choix, les circonstances l'ont forcée. À l'âge de 17 ans, Mme Mandanda est tombée enceinte et a donné naissance à son premier enfant. Elle affirme que c'est très isolant d'être enceinte en tant qu'adolescente. Cependant, elle a réussi à combattre la stigmatisation et à retourner à l'école pour terminer sa scolarité. Au Malawi, le manque d'information sur les méthodes contraceptives, ainsi que la stigmatisation liée aux croyances religieuses, sociales et culturelles, empêche les adolescents d'accéder aux services de santé sexuelle et reproductive pour prévenir les grossesses non désirées et les infections sexuellement transmissibles. Mme Mandanda est maintenant employée et s'efforce de s'assurer qu'un nombre moindre de jeunes filles tombent enceintes pendant leur scolarité. Elle déclare : "Je conseille aux jeunes de se rendre dans les hôpitaux et les cliniques pour accéder aux services de santé sexuelle et reproductive".

Cette histoire a été publiée en octobre 2022. 

Originaire de Lilongwe, la capitale du Malawi, Jessica Mandanda milite pour les droits des jeunes. Cependant, elle n’a pas fait le choix de militer, certaines circonstances l’y ont plutôt contrainte. À 17 ans, madame Mandanda tomba enceinte et donna naissance à son premier enfant.

Elle déclare : « J’étais au collège quand je suis tombée enceinte et j’ai dû suspendre mes études pendant deux semestres. J’ai subi de la discrimination de la part de mes camarades et du personnel enseignant qui me regardait comme une fille de mœurs légères. »

Selon madame Mandanda, le fait de tomber enceinte à l’adolescence peut être une expérience très isolante. Elle se rappelle : « J’ai subi beaucoup de discrimination et les gens m’ont beaucoup jugée. Parfois, je n’allais pas en classe parce que les gens étaient très critiques en mon endroit. À la fin, j’ai fini par m’isoler. »

Elle déclare : « Mais je suis contente d’avoir pu surmonter la stigmatisation et reprendre mes études. Ma famille m’a beaucoup soutenue et cela m’a aidée à retourner à l’école et à terminer mes études après l’accouchement… c’est pourquoi aujourd’hui je défends vigoureusement les droits pour la santé sexuelle et reproductive dans mon pays. »

Madame Mandanda connaissait peu les moyens de contraception lorsqu’elle tomba enceinte, et elle ignorait qu’elle avait droit à des services de santé sexuelle et reproductive.

Elle déclare : « À cause de l’expérience que j’ai vécue dans ma jeunesse, j’adore sensibiliser les adolescents concernant les droits aux [services] de santé sexuelle et reproductive pour les aider à ne pas tomber dans le même piège. »

Modetsa Kasawala travaille comme infirmière et sage-femme à l’Association pour la planification familiale du Malawi. Selon elle, outre le manque d’informations sur les contraceptifs, la stigmatisation liée aux croyances religieuses, sociales et culturelles empêche également les adolescents et les adolescentes de recourir aux services de santé sexuelle et reproductive.

Elle déclare : « Beaucoup d’adolescents ont peur d’utiliser les contraceptifs, car lorsqu’ils utilisent cela, les gens pensent qu’ils sont de mœurs légères, ou qu’ils s’adonnent à des relations sexuelles tous les jours. Mais ce n’est pas le cas. »

Simeon Thodi est chargé de communications à Banja la Mtsogolo, une organisation locale qui offrent des services de planification familiale. Selon lui, de nombreux mythes et idées fausses sur la contraception empêchent les adolescents et les adolescentes de recourir aux services de santé sexuelle et reproductive.

Monsieur Thodi explique : « Certains pensent que la [contraception] est une ruse de l’Occident pour éliminer la race africaine, ce qui n’est pas vrai. D’autres affirment que si on utilise des moyens de contraception, on ne pourra pas avoir d’enfant plus tard. [Une fois de plus], c’est faux. »

Il ajoute que la pensée selon laquelle la contraception rend les gens malades est également fausse, et explique : « La contraception vise à empêcher les grossesses [indésirées]… ou les maladies comme les infections sexuellement transmissibles. »

Mary Mlombe Phiri est la directrice de la planification familiale responsable des jeunes au ministère de la Santé du Malawi. À ses dires, malgré la disponibilité des contraceptifs au Malawi, beaucoup, notamment les adolescents et les adolescentes n’en utilisent pas.

Madame Phiri ajoute : « Les conséquences de l’inutilisation des contraceptifs sont très nombreuses, y compris la mortalité maternelle et le décrochage scolaire. L’autre facteur qui empêche les femmes d’accéder aux méthodes de planification familiale c’est le comportement des hommes qui dissuadent leurs épouses et, dans certains cas, usent de violence conjugale, par exemple en retirant l’implant contraceptif de la femme ou en l’empêchant de prendre ses pilules. »

Madame Mandanda a un emploi maintenant, et elle se bat pour qu’il y ait moins de grossesses dans les écoles ou avant que les filles aient l’âge d’avoir des enfants.

Elle déclare : « Certaines filles se retrouvent mariées à un très jeune âge, et certaines sont chassées de chez elles, ce qui est très grave, car cela les empêche d’étudier, d’être protégées et en sécurité. Je conseille aux jeunes d’aller à l’hôpital et dans les dispensaires pour obtenir des services relatifs à la santé sexuelle et reproductive. »

La présente nouvelle a été produite grâce au soutien financier du gouvernement du Canada fourni par le biais d’Affaires mondiales Canada dans le cadre du projet « The Innovations in Health, Rights and Development », ou iHEARD. Le projet est piloté par un consortium composé de : CODE, Radios Rurales Internationales et MSI Reproductive Choices, et mis en œuvre au Malawi par FAWEMA, Farm Radio Trust, Women and Children First UK et Maikhanda Trust, Girl Effect/ZATHU, Viamo and Banja La Mtsogolo.