Malawi : Un champion de la reforestation fait la promotion du reboisement et de la régénération naturelle

| juin 10, 2024

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Nouvelle en bref

Un vendredi ensoleillé, Kenneth Wiyo, professeur à l’Université d’agriculture et de ressources naturelles de Lilongwe, visite un nouveau secteur boisé en dehors de Lilongwe. Depuis 2006, il collabore avec les communautés, en vue de reboiser 12 hectares de terre, et intégrer des cultures et des arbres dans les zones avoisinantes. Leurs actions consistent à planter différentes espèces d’arbres et promouvoir la régénération naturelle. Cette initiative vise à lutter contre la déforestation au Malawi, et à offrir aux membres de la communauté des avantages comme le bois pour le feu, les revenus de vente de miel et les sols en bonne santé. La biodiversité locale s’est également beaucoup améliorée, grâce aux forêts qui attirent différentes espèces d’oiseaux.

C’est un vendredi matin frais et ensoleillé et Kenneth Wiyo, un professeur de 62 ans de l’Université d’agriculture et des ressources naturelles de Lilongwe, n’enseigne pas aujourd’hui. Alors il peut librement dans un nouveau secteur boisé à 30 kilomètres en dehors de Lilongwe, la capitale du Malawi.

Depuis 2006, monsieur Wiyo travaille avec les communautés, en vue de planter différentes espèces d’arbres et permettre la régénération naturelle d’autres arbres sur terre déboisée de 12 hectares appelée la forêt de Likhuwe. Il a participé à la planification et la réalisation de ces activités dans la zone de Diampwi, en zone rurale de Lilongwe, ainsi que sur une superficie de 50 hectares dans le district de Ntcheu, à 200 kilomètres de la ville de Lilongwe. Il apprend également aux villageois et aux villageoises des communautés voisines de ces deux régions les avantages de la reforestation. 

Monsieur Wiyo explique : « La raison était que nous devions restaurer les bassins, afin qu’il s’y trouve beaucoup d’arbres, mais nous voulions également démontrer que nous pouvons intégrer les cultures et les arbres dans la zone agricole. »

Au Malawi, la déforestation, la perte d’habitat et la dégradation des forêts figurent parmi les problèmes les plus épineux du pays, et les initiatives de reboisement antérieures n’ont pas été très fructueuses. Monsieur Wiyo affirme que les gens coupent plus d’arbres qu’ils n’en plantent. Selon la direction des forêts du Malawi, plus de 50 000 hectares de forêts ont été détruits, mais seulement un tiers de cette superficie a été reboisé, ce qui signifie que le pays perd ses forêts.

Monsieur Wiyo ajoute : « La majeure partie des gens ont l’impression que cela ne vaut pas la peine qu’ils plantent des arbres et en prennent soin lorsque cela leur coûte moins cher de s’approvisionner en bois de chauffe au niveau des forêts communales ou illégalement dans des réserves forestières. »

Il plante et supervise les membres de la communauté qui plantent diverses espèces d’arbres dans les deux régions, y compris le gommier bleu (Eucalyptus globulus), le pin et l’acacia. Les espèces telles que l’acajou blanc (Khaya anthotheca), le teck africain (Pterocarpus angloensis) et le zingana (Brachystegia spiciformis) poussent dans les zones réservées à la régénération naturelle. 

Certains villages manquent de terres, donc ce n’est pas facile d’en réserver pour la reforestation. Par conséquent, les villageois plantent des arbres, surtout des acacias, à la lisière des champs.

Selon monsieur Wiyo, la reforestation par la plantation d’arbres coûte cher à cause du coût des semis. Cependant, la régénération naturelle est à portée de main et peut faire renaître une forêt, car elle favorise la repousse naturelle des arbres et de la végétation sur les terres dégradées.

Il note que le gouvernement a instauré un système de transfert de fonds à des fins sociales pour la population. Il déclare : « Actuellement, des gens reçoivent gratuitement de l’argent, et nous pensons que cet argent pourrait servir à reboiser le Malawi, soit par la régénération, soit par la plantation de nouveaux arbres. »

Actuellement, les communautés voisines des zones reboisées en tirent profit, car elles ont accès au bois pour le feu et aux perches que leur procurent les gommiers bleus. Les pins et les gommiers bleus poussent très rapidement. Les gommiers bleus peuvent procurer de l’ombre trois après leur plantation. La communauté coupe les arbres chaque année ou tous les trois ans, sous la supervision stricte des responsables villageois. La collecte et la vente du bois de chauffage rapportent parfois aux habitants des villages un revenu substantiel.

Esmie Senzani, 45 ans, est une habitante du village de Jeremani, dans l’Autorité traditionnelle de Chiseka qui entoure la forêt. À ses dires, les arbres abritent le sol du soleil et réduisent l’évaporation du sol, conservant ainsi l’humidité dans le sol, ce qui permet aux exploitations agricoles de résister plus aux chaleurs extrêmes.

Madame Senzanie vit près de la zone boisée et affirme que la forêt les protège contre les tempêtes de vents violentes, et empêche même les habitations d’être détruites.

Elle ajoute : « Les forêts nous sont utiles à plusieurs titres. Avant cela, nous avions même des problèmes de bois de chauffage, mais maintenant que la forêt est proche, nous n’avons plus ce problème, car nous aurons beaucoup de chance d’en trouver à l’entrée de ce boisé. »

Patrick Kwaitha est un homme de 26 ans qui raconte que la forêt permet aux habitants du village d’avoir du compost qu’ils appliquent dans les jardins et les exploitations agricoles. Il explique qu’ils ramassent les feuilles du gommier bleu, puis les stockent et les arrosent une fois par semaine jusqu’à ce qu’elles deviennent du compost. Cela réduit le besoin d’engrais commercialisés.

La forêt augmente également la biodiversité locale. Elle abrite des abeilles, et, comme la zone a été reboisée, on trouve un certain nombre de ruches à travers la forêt. Les ruches appartiennent à des habitants du village, et monsieur Wiyo en a installé quelques-unes. Les villageois et les villageoises gagnent un montant raisonnable d’argent grâce à la vente du miel qu’ils dépensent pour leurs nécessités de base telles que la nourriture et les frais de scolarité.

Avant la reforestation, les corbeaux étaient les seuls oiseaux qu’on voyait dans la région. Mais la forêt de Likhuwe abrite désormais les grives des bois, dont le chant charme les personnes qui visitent la forêt. D’autres espèces d’oiseaux qui y vivent incluent les Travailleurs à bec rouge, les canaris aux yeux rouges et les tourterelles des bois.

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Photo : Kenneth Wiyo dans les forêts du Malawi, 2024, capturé par Lovemore Khomo.