Madagascar : Les paysans cultivent des pommes de terre pour combler le manque du riz (par Andrisoa Patrick Andriamihaja, pour Agro Radio Hebdo au Madagascar)

| janvier 21, 2013

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Il est 19 h à Antsirabe, une localité située au centre de Madagascar. Josette Raharimiamina s’apprête à servir le repas du soir pour sa famille. Au menu : de la soupe de pommes de terre accompagnée d’un peu de riz et d’autres légumes. Au sein de cette famille, le riz cède petit à petit sa place à la pomme de terre comme aliment de base. La même chose se  produit à pour plusieurs repas malgaches consommés dans la région de Vakinakaratra.

Il y a encore deux ans de cela, cette même famille mangeait du riz accompagné de viande et de légumes matin, midi et soir. Mais, le fait de se fier autant sur le riz était problématique. Les sols volcaniques de la région ne sont pas très propices à la culture du riz. Du coup, la production locale de riz ne permet pas aux familles de couvrir leurs besoins alimentaires à l’année longue.

Depuis près de 5 ans, les habitants de Vakinakaratra ont augmenté leur production de pommes de terre. Ils l’ont adopté comme alimentation de base, surtout durant la période de soudure. C’est aussi une culture plus adaptée aux sols volcaniques de la zone.

Ce changement est le résultat de multiples campagnes de sensibilisation réalisées par l’ONG local Saha.  Joseph Rasamimanana est l’un des animateurs de l’ONG. Il confie : «Convaincre les paysans de Vakinakaratra à produire plus de pommes de terre pendant la période de l’année où le riz se fait rare n’a pas été très difficile. » La plupart des paysans de cette région cultivaient déjà ce tubercule, mais sur de petites portions de terre. Afin d’inciter tous les paysans à augmenter leur rendement pour cette culture, les animateurs ont expliqué que ces dernières peuvent se substituer sans problèmes au riz. Des démonstrations de recettes à base de pommes de terre suivies de séances de dégustation ont également eu lieu dans plusieurs villages.

Depuis lors, la production de pommes de terre a connu un véritable essor. La production locale de pommes de terre dépasse aujourd’hui 25 000 tonnes, alors qu’elle était estimée à 15 000 tonnes en 2005. Selon les chiffres du Ministère de l’Agriculture, près de 90 % des paysans de Vakinakaratra, ont actuellement adopté la pomme de terre comme alimentation de base au même titre que le riz. Une bonne partie de la production est dédiée à l’exportation dans les îles voisines notamment l’Île Maurice et les Seychelles.

Ce changement est pratique et agréable pour les familles d’agriculteurs. Plusieurs familles ont appris a cuisiné de nouvelles recettes avec les pommes de terre.

La famille de Gaby Rabenatoandro apprécie la pomme de terre qu’elle soit préparée en soupe, en purée ou mélangée avec d’autres légumes. Gaby Rabenatoandro confirme : « Entre le mois de juillet et de novembre de chaque année, nous mangeons de la pomme de terre au lieu du riz tous les jours et tout le monde se régale.»

Actuellement, la famille Raharimiamina mange à sa faim grâce à la pomme de terre. Cette famille cultive du riz, des pommes de terre ainsi que des légumes comme le chou-fleur, la carotte et la betterave. Mme. Raharimiamina dit que son mari et ses enfants se sont vite habitués à manger des pommes de terre. Ils préfèrent même la pomme de terre au riz étant donné qu’elle est plus rassasiante et a bon goût.

Mme Raharimiamina a son petit secret pour faire en sorte que sa famille apprécie cet aliment. Elle est très inventive lorsqu’il s’agit de préparer le repas. Avec la pomme de terre, elle parvient à varier les recettes pendant toute une semaine. Parmi les plats de pomme de terre appréciés par sa famille se trouve la purée à la malgache.

Pour réaliser cette recette, Mme Raharimiamina  mélange dans une marmite : une dizaine de pommes de terre, un peu de viande hachée, deux tomates, cinq pincées de sel, un peu d’huile et d’eau. Elle fait bouillir le tout jusqu’à ce que les pommes de terre soient bien cuites, pour ensuite les pétrir avec une louche. Elle rajoute alors de l’eau et remet la marmite sur le feu. Elle recommence à remuer jusqu’à l’obtention d’une pâte homogène prête à être servie.

Mme Raharimiamina et son mari continuent à augmenter leur production en pommes de terre. Ils projettent même de vendre une partie de leur production en ville afin de gagner de l’argent tout en mangeant à leur faim.