Madagascar : Des agricultrices et agriculteurs cuisinent pour garder leurs enfants à l’école

| mai 11, 2015

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« Ventre affamé n’a point d’oreille », nous dit l’adage.

Quand les écolières et les écoliers ont faim, ils ne peuvent pas se concentrer et perdent tout intérêt à l’école. À Fizinana, à Madagascar, le manque de nourrir dans les familles de petits exploitants agricoles se fait sentir pendant la période de soudure entre novembre et mars. Beaucoup d’enfants refusent d’aller à l’école, faute de nourriture – l’une des causes principales de l’abandon scolaire.

En 2010, une cinquantaine de parents d’élèves du village s’est organisée en mettant en place une cantine à l’école primaire publique de Fizinana, un village à 300 kilomètres au sud d’Antananarivo, la capitale. Pendant la période de soudure, plus d’une centaine d’élèves prennent le déjeuner à l’école, quatre jours par semaine.

Photo: Noro Raoeliharison

Photo: Noro Raoeliharison

Marie Claire Raharovelo es tmère de quatre enfants. Elle est parmi les agricultrices et agriculteurs qui ont initié la cantine scolaire. Coiffée d’un chapeau en paille de raphia qui recouvre ses cheveux tissés et vêtue d’un pagne de couleur orange imprimé de fleurs blanches, elle raconte avec enthousiasme comment les parents d’élèves se sont organisés pour faire fonctionner la cantine de scolaire.

Elle raconte : « La cantine commence au mois de novembre et se termine en fin février. Tous les jours, sauf le vendredi, jour du marché, trois femmes membres parmi les parents d’élèves s’occupent de la préparation, de tous les services et assurent toutes les fournitures pour les repas. Quant aux élèves, ils apportent chaque jour une tige de bois de chauffe ».

L’école met à leur disposition un ancien bâtiment non utilisé qui sert à la préparation de nourriture et de salle à dîner. Durant cette année scolaire 2015, 162 enfants ont pris le déjeuner à l’école pendant la  période de soudure. La cantine scolaire a préparé près de 14 kilos de riz par jour.

Les agricultrices et agriculteurs s’organisent pour collecter des céréales destinées à la cantine. Mme Raharovelo explique : « Notre première réunion a eu lieu dans la période de récolte, entre mars jusque fin juin. Chaque parent apporte  15 kg de riz paddy. Juste avant la rentrée, au mois d’octobre, on se réunit à nouveau pour décortiquer le riz paddy ».

Christian Razafitsirahonana est le directeur de l’école. Débout dans  la cour de l’école, il porte un tablier blanc. Il est fatigué après les cours qu’il vient de donner et ses mains sont encore recouvertes de poudre de craie blanche. Pour lui, la cantine est une réussite pour tous. M. Razafitsirahonana ajoute: « Nous n’avons noté aucun abandon durant l’année scolaire ». Tout fier, il dit : « Je suis content d’être là, les élèves ne sont plus comme avant, ils sont enthousiastes et participatifs à l’école ».

À cause du succès de la cantine scolaire, des parents de villages voisins envoient également leurs petits à l’école de Fizinana. Le directeur témoigne : « Cette année, l’école compte 162 élèves, contre 89 en 2009. Tous les enfants ont fini à terme l’année scolaire, c’est essentiel pour nous en tant qu’enseignant ». Il est content de rajouter que « les enseignants ont aussi droit à la cantine ».

Pour les parents d’élèves comme Mme Raharovelo, la cantine offre beaucoup d’avantage. Elle explique : « On a plus de temps à consacrer aux travaux des champs car les enfants restent à l’école à midi ».

La cantine scolaire attire de l’aide de l’extérieur. Mme Raharovelo  confie : « Une association nous a fourni des ignames pour accompagner le riz et une ONG a réhabilité notre réfectoire ».  Elle rajoute : « Avec ou sans aide, nous continuons et continuerons de prendre en charge nos enfants. La cantine sera toujours là ».