Libéria : Les parents jouent un rôle important en aidant les filles à faire face aux stéréotypes de genre

| mars 14, 2024

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Nouvelle en bref

À Gbarnga, au Libéria, l'enseignante Kemah Kollie brise les stéréotypes de genre avec le soutien de son père, devenant ainsi un symbole d'espoir. Elle souligne comment les normes sociétales limitent les opportunités des filles dès leur plus jeune âge. Des militants locaux et des organisations appellent à une réévaluation de ces rôles pour autonomiser les filles par l'éducation et l'égalité des chances. Soutenue par son père et la communauté, le parcours de Mme Kollie démontre le rôle crucial de l'éducation dans la remise en question des préjugés de genre et la construction d'une société plus inclusive.

Cette nouvelle a été originellement publiée en mars 2021

À 8 heures du matin, en semaine, les élèves de maternelle sont assis sur leurs petites chaises dans la salle de classe, attendant patiemment. Dans son enveloppe africaine colorée, Kemah Kollie se tient devant eux et écrit au tableau noir. Elle se retourne avec un sourire et annonce à haute voix aux élèves ce qu’ils vont apprendre aujourd’hui.

Mme Kollie dit que, sans le soutien de son père, elle ne serait pas devant la classe à enseigner aux élèves aujourd’hui. Elle explique : « Ça n’a pas été facile pour moi en tant que fille de surmonter les stéréotypes de genre auxquels j’étais confrontée dans ma société et à l’école. Mon père m’a encouragée en me disant que je pouvais faire mieux en classe que les garçons. Cela m’a beaucoup inspirée. »

En 2021, Mme Kollie était enseignante à l’Institut Victory Outreach à Gbarnga, la capitale du comté de Bong dans le nord du Libéria. Elle dit que son père l’a inspirée et soutenue pour devenir enseignante.

Au Libéria, comme dans de nombreux pays africains, les filles sont confrontées à des stéréotypes de genre qui rendent difficile pour elles de se comporter aussi bien que les garçons à l’école.

Nyanpu Yakpawolo vit dans la ville de Gbarnga et a deux enfants, un garçon et une fille. Elle dit que les rôles de genre créés par les sociétés déterminent l’apparence et le comportement des individus masculins et féminins.

Elle ajoute que l’apprentissage de ces rôles commence dès la naissance. Mme Yakpawolo dit : « Au fur et à mesure que nous grandissons, nous apprenons comment nous comporter auprès de ceux qui nous entourent. Les enfants sont introduits à certains rôles qu’ils finissent par associer à leur sexe biologique. Par exemple, les rôles masculins sont généralement associés à la force, l’agressivité et la dominance, tandis que les rôles féminins sont généralement associés à l’obéissance, au soin et à la subordination. »

Amos Togbah est père de quatre enfants et vit également dans la ville de Gbarnga. Il dit que, pour surmonter les stéréotypes de genre et briser les barrières traditionnelles liées aux carrières des filles et aux attentes professionnelles, les parents doivent faire attention lorsqu’ils donnent des objets à leurs enfants car les garçons et les filles apprennent également les rôles de genre par le jeu.

Il explique : « Les parents fournissent aux garçons des objets différents de ceux donnés aux filles et cela affecte l’éducation des filles. Par exemple, les parents donnent aux garçons des camions jouets, des pistolets jouets et des affaires de super-héros tandis que les filles reçoivent souvent des poupées et des vêtements pour se déguiser qui aident à différencier leurs rôles sociétaux de ceux des garçons. »

Anita Rennie est une militante pour l’égalité des genres au Libéria. Elle dit qu’il est triste que les rôles que les filles assument dans leurs familles lorsqu’elles se marient soient souvent le résultat de stéréotypes de genre.

Mme Rennie dit : « La femme sacrifie son plaisir personnel et ses ambitions dans la famille par rapport aux hommes. Elle est censée être la source d’inspiration pour son homme afin qu’il puisse atteindre la richesse dans sa vie. »

Zenabia Tiangeh Taylor est la directrice générale d’Impact Girls Liberia Incorporated, une organisation qui sensibilise à plusieurs questions de genre dans le pays. Elle dit qu’il est très important de surmonter les stéréotypes de genre qui affectent les filles en veillant à ce que la répartition des tâches domestiques et communautaires entre les garçons et les filles soit plus équitable.

Elle explique : « Les femmes et les filles doivent s’efforcer d’agir en tant que leaders dans la société. Elles doivent élever leur voix contre la violence, l’exploitation dans les foyers et sur les lieux de travail, et d’autres atrocités sociales contre elles. Elles sont censées créer une sensibilisation sur les droits de la fille. »

Josiah Kollie est le directeur de l’école semi-élevée John Flomo Bakalu dans la ville de Gbarnga. Il est le père de Mme Kemah Kollie, qui a suivi ses traces pour devenir enseignante en maternelle. Il dit qu’il est très important d’encourager et de promouvoir les filles dans tous les aspects de la vie afin de lutter contre les stéréotypes de genre.

M. Kollie explique : « Promouvoir les jeunes filles leur donnera non seulement de l’estime de soi, de la confiance en soi et de la valeur personnelle, mais cela apportera également des bénéfices économiques à leur communauté. À de nombreuses occasions, lorsqu’une fille obtient son éducation, elle est très susceptible de retourner dans sa communauté pour faire la différence. »

Il ajoute que les parents, en particulier les hommes, doivent toujours enseigner et encourager les filles de la même manière qu’ils le font pour les garçons. Il dit : « J’ai encouragé ma fille à travailler dur à l’école et elle est maintenant enseignante. Au début, elle était très hésitante à aller à l’école à cause des stéréotypes de genre. Mais grâce à l’encouragement, je suis fier d’elle car elle enseigne maintenant tout en acquérant son éducation tertiaire au Bong County Technical College. »

Mme Kollie est toujours reconnaissante envers son père pour le rôle qu’il a joué dans sa vie. Elle dit : « J’encourage les jeunes filles à privilégier l’éducation. Il est également très important que les parents soutiennent l’éducation de leurs filles. Le soutien que mon père m’a apporté en tant que fille ne peut être trop souligné. »

La présente nouvelle a été produite grâce au soutien financier du gouvernement du Canada par l’entremise d’Affaires mondiales Canada. Le projet « L’apprentissage à distance en période de crise » est réalisé en partenariat avec CODE, TALLE et WE-CARE.