admin | octobre 28, 2024
Nouvelle en bref
Chaque année, des milliers de femmes éprouvent la souffrance et la honte causées par les fistules, mais le docteur libérien John Mulbah brise le silence pour encourager son gouvernement à investir plus dans les soins de santé maternelle afin d’aider les femmes à éviter les fistules ou demander des soins lorsqu’elles reçoivent le diagnostic. En 2019, Naomi George, enceinte de plusieurs mois, vécut une pénible épreuve lorsque les douleurs de l’accouchement commencèrent à se faire sentir. Malgré les contractions intenses, sa sage-femme ignora ses symptômes, insistant sur le fait que le bébé n’était pas prêt. Une fois à l’hôpital, d’autres retards survinrent, et elle perdit son bébé à la fin. Pour aggraver la situation, madame George reçut le diagnostic d’une fistule obstétricale, une blessure invalidante provoquée durant l’accouchement qui résulte principalement d’un arrêt de progression du travail prolongé, surtout dans les cas où il n’y a pas d’assistance médicale. C’est une pathologie qui entraîne une incontinence permanente et pour plusieurs, le déshonneur et l’exclusion.
Naomi George, 22 ans, est visiblement ébranlée, essayant de retenir ses larmes, alors qu’elle se rappelle la nuit où sa vie connut un changement radical. En 2019, cette Libérienne enceinte de plusieurs mois vécut une douloureuse épreuve lorsque le travail commença. Malgré les contractions intenses, sa sage-femme ignora ses symptômes, insistant sur le fait que le bébé n’était pas prêt.
Elle a donc souffert toute la nuit avant d’être finalement transportée vers un hôpital. Même là-bas, son accouchement fut retardé jusqu’à l’après-midi du jour suivant. À ce moment, ce fut trop tard, elle eut un enfant mort-né intrapartum, ce qui signifie que l’enfant n’avait pas survécu.
Quelques semaines plus tard, madame George reçut un diagnostic de fistule obstétricale, une blessure invalidante subie à l’accouchement, qui résulte principalement d’un arrêt de progression du travail prolongé, surtout dans les situations où il n’y a pas d’assistance médicale. C’est une pathologie qui entraîne une incontinence permanente, et pour plusieurs, le déshonneur et l’exclusion.
Elle déclare : « Perdre un enfant est dévastateur, mais recevoir le diagnostic d’une fistule est une différente sorte de douleur. … La stigmatisation et l’exclusion sociales vous poussent à vous isoler, à vous haïr et à questionner votre existence, car les gens tolèrent difficilement votre présence. »
Anna Sumo a vécu la même histoire. Elle fut dévastée lorsqu’on lui découvrit une fistule obstétricale en 2012. En trois mois, madame Sumo subit deux interventions chirurgicales, sans succès.
Elle déclare : « C’est tellement difficile de vivre chaque jour avec des fuites urinaires. … Chaque fois que j’y pense, cela m’attriste. »
Selon des statistiques des Nations Unies, près d’un demi-million de femmes et de filles vivent avec une fistule obstétricale dans le monde, et des milliers de nouveaux cas surviennent chaque année. La majeure partie des cas se trouvent en Asie et en Afrique subsaharienne.
Les conséquences sont souvent dévastatrices, car les patientes sont ostracisées et doivent vivre avec des troubles physiques, dont l’incontinence, les infections et une douleur chronique à cause de l’incontinence urinaire, fécale ou des deux. L’odeur désagréable de la fistule fait qu’il est pratiquement impossible pour les personnes qui en souffrent de travailler ou de participer aux activités sociales, ce qui aggrave leurs conditions de pauvreté et leur exclusion sociale.
Madame George raconte : « À la maternité, les femmes ont demandé que je sois isolée, car je mouillais le lit. En plus de la douleur de la perte de mon bébé, je ne comprenais pas ce qui m’arrivait. Je dégageais des odeurs insupportables. Personne ne mérite de vivre ça. »
Au Liberia, les principaux facteurs de risques englobent couramment les grossesses précoces, l’absence de soins obstétricaux appropriés, le manque de personnel de santé qualifié pour les accouchements, le viol et d’autres abus.
John Mulbah est un gynécologue et professeur à l’École de médecine de l’Université du Liberia qui est connu comme le « docteur des fistules » au Liberia, car il est l’un des nouveaux chirurgiens spécialisés en fistules au Liberia. Selon ses dires à SciDev.Net, les fistules, notamment les fistules obstétricales, illustrent l’échec tragique du gouvernement à protéger les droits liés à la procréation des femmes.
Selon le Dr Mulbah, le gouvernement libérien pourrait éradiquer le problème de fistules obstétricales en investissant dans les services de soins de santé maternelle, y compris la formation d’un plus grand nombre de chirurgiens et le recrutement de personnel de santé plus qualifié pour les accouchements afin d’assurer les soins obstétricaux d’urgence rapidement. Mais il y a un manque cruel de volonté politique, dit-il.
Le Dr Mulbah ajoute : « Cette inaction accroît le risque d’inégalités accrues en santé, ce qui expose la majorité des femmes et des filles en âge de procréer aux fistules obstétricales dans le pays. »
Il cite en exemple le gouvernement du pays voisin la Côte d’Ivoire qui fait la promotion de la santé reproductive des femmes. En 2022, l’État ivoirien a invité le Dr Mulbah pour opérer des fistules pendant six mois, et il affirme avoir été étonné de voir les investissements consentis pour lutter contre les fistules, y compris la formation de plus de médecins comme chirurgiens.
Le Liberia dispose d’un seul centre de santé équipé pour les cas de fistules, l’Hôpital Phebe, à Suakoko, dans le comté de Bong. Cet hôpital confessionnel a traité environ 2000 patientes souffrant de fistule entre 2008 et 2022, selon des données du bureau des Fonds des Nations Unies pour la population, ou FNUAP, au Liberia.
Il abrite un centre consacré aux fistules, qui a été créé grâce au financement du FNUAP. Toutefois, des changements opérés au niveau du financement ont entraîné des coupes drastiques dans l’admission des patientes, selon le personnel de l’hôpital.
Les fistules peuvent être soignées par une intervention chirurgicale et, parfois, une patiente peut avoir besoin de plusieurs interventions durant une longue période. Madame George a eu six reconstructions chirurgicales depuis son admission en 2019, mais elle a toujours des fuites urinaires régulièrement.
Son état ne lui a pas laissé le choix que de résider au centre, où elle est désormais l’une des deux dernières patientes.
La présente nouvelle est inspirée d’un article écrit par Tina S. Mehnpaine pour SciDev.Net, intitulé « Fistula scars : Liberia’s forgotten women. » Pour lire l’intégralité de l’article, cliquez sur https://www.scidev.net/global/scidev-net-investigates/fistula-scars-liberias-forgotten-women/.