Kenya: La détermination d’une veuve incite d’autres à améliorer leurs moyens de subsistance (par Pius Sawa, pour Agro Radio Hebdo au Kenya)

| octobre 10, 2011

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Phyllis Hakola Jimmy a perdu son mari dans un accident de la route, il y a dix ans. Avec six enfants à charge, la vie n’a pas été facile pour cette veuve de 57 ans. Mme Hakola avait du mal à nourrir ses enfants et à payer leurs frais scolaires.

Puis en 2006, elle a décidé d’agir. Elle a rencontré trois autres veuves. Elle dit: « Je … leur ai dit que nous ne pouvions pas simplement rester avec les enfants sans chercher des moyens de joindre les deux bouts. » Elle leur a demandé de l’aider à former un groupe de femmes veuves. Elle voulait trouver un moyen pour que les femmes veuves puissent s’entraider et améliorer leurs moyens de subsistance.

Dans la plupart des régions du Kenya, les femmes ne possèdent pas de terres. Une fois que leurs maris décèdent, ses proches privent habituellement la femme veuve de tout bien. La plupart des femmes veuves vivant en zone rurale ne sont pas instruites; c’est le cas de Mme Hakola.

Malgré ces défis, Mme Hakola a approché d’autres femmes veuves et le groupe s’est agrandi. Maintenant, le groupe a 34 membres et est enregistré sous le nom de Wajane Women’s Group (le groupe de femmes de Wajane). Wajane signifie « veuves », en swahili. Le groupe opère à Khwisero, dans la Province Occidentale, au Kenya. Les femmes veuves ont perdu leurs maris de différentes manières. Certaines de ces femmes sont jeunes et ont de jeunes enfants à élever.

Pendant trois ans, ce groupe de femmes veuves a été en mesure d’accéder à des prêts bancaires. L’organisation qui a aidé le groupe à s’enregistrer leur apporte de l’aide. Lors de visites officielles, cette organisation évalue les activités du groupe. Ensuite, la banque leur fournit des fonds, sur la base de cette évaluation. Le premier prêt du groupe a été un montant de 100 000 shillings kenyans (environ 1000 dollars) octroyé par la Kenya Commercial Bank.

Chaque femme veuve gère ses propres activités génératrices de revenus. Mais les femmes ont aussi une ferme collective. Chaque membre rembourse un montant spécifié à des dates prédéterminées. Ainsi, chacune d’entre elles contribue à rembourser le prêt. Le principal défi est de gagner suffisamment d’argent pour rembourser le prêt. Parce que le groupe a remboursé son prêt à temps, les femmes ont pu obtenir des prêts bancaires supplémentaires. Les montants donnés sont petits (environ 500 dollars), mais sont facilement remboursables.

Mme Hakola a aidé à la conception de deux grands projets du groupe qui ont permis à ces femmes veuves de gagner une bonne somme d’argent. L’un était un projet de production de lait et l’autre un projet de moulin à maïs. Elle explique: « Nous avons acquis des vaches laitières et nous allons vendres le lait produit à la population locale. » L’argent aidera à payer les frais scolaires et à couvrir les besoins des ménages.

Mme Hakola explique pourquoi elle a suggéré ces projets au groupe. « J’ai dit au groupe de ne pas opter pour un magasin, parce que les membres voudraient obtenir des marchandises à crédit, en supposant que la boutique leur appartient. Cela aurait pu mener à des mésententes entre les membres du groupe. » Elle croit que le projet de moulin à maïs apportera des revenus quotidiens au groupe. Dans les zones rurales, les grains doivent être broyés pour produire de la farine afin que les femmes puissent préparer du pain de mil ou de la farine de maïs.

Les six enfants de Mme Hakola ont terminé leurs études. Ils sont maintenant mariés et ont des enfants. Son succès a inspiré d’autres femmes. Elle conseille aux jeunes veuves d’être patientes et de s’attacher à de bons hommes qui ne sont pas malades. Elle les exhorte à encourager les hommes à passer un test de dépistage du VIH et du sida, afin de s’assurer qu’elles épousent un homme qui sera en mesure de les aider à élever les enfants.

Son principal message aux femmes est de rester actives. « Je leur dis que le monde d’aujourd’hui est assez difficile. Quand on est une femme veuve avec des enfants à sa charge, on doit se trouver un véritable moyen de subsistance. »