Kenya : Des femmes indigènes s’organisent pour protéger leurs forêts (IPS News)

| novembre 25, 2024

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Nouvelle en bref

Un groupe de femmes de la localité mènent des efforts pour protéger l’immense forêt de Mau, dans la vallée du Grand Rift, au Kenya. Ces 25 dernières années, la forêt a été dépouillée de 19 % de son couvert végétal, mais le groupement des femmes Paran travaille à restaurer 200 acres en plantant près de 100 000 semis d’arbres. Les femmes possèdent un titre foncier pour ce grand lopin de terre, un fait marquant dans une communauté où les femmes ont peu d’autonomie et les hommes sont généralement ceux qui possèdent et contrôlent la terre. En outre, le groupement a créé sept centres de ressources satellitaires à travers la région afin de permettre aux femmes d’avoir aux ressources productives.

Au Ghana, la vallée du Grand Rift est une région dont la diversité est à couper le souffle. On y trouve des paysages spectaculaires et la réserve nationale du Masai Mara. Là se trouve également le complexe forestier de Mau mesurant 400 000 hectares, la forêt montagnarde naturelle la plus grande d’Afrique de l’Est, ainsi qu’un bassin hydraulique important pour de nombreux rivières et lacs.

Cependant, la forêt de Mau a subi une destruction importante à cause d’activités illégales. Elle a perdu 25 % de sa superficie entre 1984 et 2020 et 19 % de son couvert végétal a disparu entre 2001 et 2022. Malgré ces problèmes, des groupements de femmes mènent des efforts pour la restaurer.

Naiyan Kiplagat, la directrice générale du groupement des femmes de Paran, explique : « Nous sommes engagées à restaurer la forêt de Mau. Pour lutter contre la détérioration de la forêt, nous avons approché les services forestiers kényans qui ont accordé l’accès à 200 acres du bloc de la forêt du Maasai Mau. » En janvier 2024, le groupement a lancé les activités de restauration, qui couvrent 100 acres, et compte planter 100 000 semis d’arbres en collaboration avec des groupements de femmes locaux.

Le terme Paran signifie « se rassembler pour s’entraider » en maa, la langue des Masai. Fondé en 2005, le groupement compte 64 associations de femmes et 3718 membres des communautés masai et okiek, deux groupes de populations indigènes. Ils travaillent ensemble contre la marginalisation et le patriarcat, et utilisent le savoir-faire indigène pour la conservation et la restauration des terres. Les femmes détiennent un titre foncier pour leur terre, un acquis important dans une communauté dominée par les hommes.

En plus de la conservation, leurs activités consistent à assurer leurs moyens d’existence, grâce à l’agriculture durable, l’apiculture, le perlage et les moyens de cuisson écologiques comme les briquettes et les fourneaux qui réduisent la pression sur la forêt de Mau. Plus de 617 ménages possèdent déjà des fourneaux écoénergétiques.

Patrick Lemanyan, un habitant de la localité, note que la communauté appuie les efforts des femmes, et reconnaît que la sauvegarde de la forêt est cruciale pour leur survie. Il ajoute : « Nous souffrons du manque de pluies, et la sauvegarde de la forêt signifie notre sauvegarde. »

Madame Kiplagat souligne que les femmes, qui ne possèdent aucune ressource, sont particulièrement vulnérables face aux crises climatiques et de la biodiversité actuelles. Dans la communauté masai, les hommes gèrent le bétail, ce qui fait que les femmes n’ont aucune ressource durant les longues périodes de sécheresse. Les Okieks, qui sont des chasseurs-cueilleurs par tradition, connaissent également des difficultés, car leur écosystème est détruit. Ils s’adaptent en adoptant d’autres moyens de subsistance, tels que l’aviculture, que les hommes considèrent comme un métier inférieur.

Les efforts du groupement des femmes de Paran ont acquis une reconnaissance internationale, ce qui lui a valu de remporter des prix, tels que le Rural Survival Award 2018 de la Fondation Sommet Mondial des Femmes et le Prix du leadership international 2020 du Forum international des femmes autochtones. Elles se préparent à recevoir un autre prix en octobre 2024.

La présente nouvelle est inspirée d’un article écrit par Joyce Chimbi pour Interpress News Service intitulé « Rural Survival : Guardians of Mother Earth Saving Mau, Revitalizing Native Lands. » Pour lire l’intégralité de l’article, cliquez sur : https://www.ipsnews.net/2024/09/rural-survival-guardians-of-mother-earth-saving-mau-revitalizing-native-lands/.