Kenya : Des agriculteurs cultivent l’ananas dans des conditions difficiles

| août 5, 2019

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Il est 8 h du matin et Barare Nyang’au est occupé à tailler des plants d’ananas sur sa plantation. Ce père de quatre enfants fredonne sa chanson préférée tout en enlevant les drageons des tiges d’ananas chargées de fruits. En même temps, il contrôle et réarrange le paillis entre les rangées de plants.

La plantation d’ananas de deux acres de monsieur Nyang’au est sur une pente abrupte, et le sol sablonneux contient de petits cailloux. Pendant qu’il taille, il ramasse les cailloux et les jette loin du bord de la plantation.

Il déclare : « Personne n’aurait imaginé qu’une culture pouvait pousser sur cette terre. Mais je me suis arrangé pour la transformer en une terre agricole productive. »

Monsieur Nyang’au vit à Mong’oni, un village du comté de Nyamira, à environ 100 kilomètres du lac Victoria, à l’ouest du Kenya.

En 2014, il a tenté de planter des ananas sur cette terre, même si celle-ci était jugée improductive pour la majorité des cultures en raison des sols pauvres et de la sécheresse persistante. Les résultats le surprirent : l’ananas avait survécu et il obtint une bonne récolte.

Monsieur Nyang’au affirme que beaucoup d’autres agriculteurs et agricultrices avaient tenté de produire différentes cultures à Mong’oni et d’autres près de collines aux sols similaires, mais qu’aucune d’elles n’avait réussi.

Il avait essayé de cultiver des arachides au début, mais celles-ci n’avaient pas bien poussé. D’autres avaient testé le maïs, le thé, le sorgho, le mil rouge et le manioc sur des sols vallonnés, mais leurs récoltes furent mauvaises.

Charles Onderi avait essayé de cultiver du thé sur le même sol pauvre, mais n’y était pas parvenu. Outre les mauvais sols, la région est en proie à de graves sécheresses.

Monsieur Onderi raconte que les théiers avaient fané et que quelques-uns avaient complètement séché. Il explique : « J’avais décidé de ne plus m’occuper de ma terre pendant plus de 20 ans. Mais quand j’ai vu mes voisins qui réussissaient avec les ananas sur la même terre, j’ai commencé à labourer mon champ et à en cultiver aussi. »

Richard Omwoyo est un agriculteur dont le champ est juxtaposé à la plantation de monsieur Nyang’au. Monsieur Omwoyo a testé différentes cultures vivrières sur son champ, mais les récoltes ont été mauvaises. À ses dires, ses cultures n’avaient pas survécu parce que le sol ne retenait pas l’humidité pendant longtemps. Il ajoute que la sécheresse prolongée avait aggravé la situation et contribué à l’échec des cultures.

James Orori est l’agent des productions agricoles du comté de Nyamira. Selon lui, les ananas sont mieux adaptés aux sols bien drainés comme ceux du village de Mong’oni et des régions voisines.

Monsieur Oroni explique que la capacité de l’ananas à retenir l’eau permet à la plante de s’adapter et de bien pousser dans les régions où les sols retiennent mal l’eau. Il déclare : « Les ananas ont la capacité de conserver l’eau dans leurs cellules, et leurs feuilles emprisonnent l’eau que la plante utilise lorsque la sécheresse frappe. »

Malgré l’irrégularité des pluies liée aux sécheresses et le sol pauvre et inadapté pour la production de plusieurs autres cultures, monsieur Orori soutient que les paysans et les paysannes peuvent réussir à cultiver les ananas dans la région et gagner leur vie.

Monsieur Nyang’au fut un des premiers agriculteurs à planter des ananas dans régions. Plusieurs lui ont emprunté des drageons pour développer leurs plantations d’ananas. En fait, la demande était si forte pour les drageons qu’il commença à vendre l’unité à 10 shillings kényans (0.10 $ US). Depuis lors, l’ananas est devenu la principale culture de rente de plusieurs d’entre eux.

Monsieur Nyang’au possède environ 6 000 plants sur sa plantation et il récolte près de 100 ananas par semaine. Il vend l’unité à 40 shillings kényans (environ 0,38 $ US) et gagne approximativement 4 000 shillings (38 $ US) par semaine.

Il affirme que le manque de marchés fiables constitue un des problèmes majeurs des producteurs et des productrices locaux d’ananas. Il ajoute que, pour surmonter ce problème, ils doivent commencer à ajouter de la valeur aux fruits et former une coopérative pour faciliter la commercialisation de leurs produits agricoles de manière efficace et plus rentable.

Il explique : « Nous sommes plusieurs agriculteurs à produire plus de 100 tonnes d’ananas par semaine. Si nous sommes formés et appuyés pour démarrer la transformation de nos fruits [en des produits comme le jus] pour un plus grand marché, alors nous pourrons gagner plus d’argent. »