Ghana : Une jeune femme défit les femmes et les filles d’embrasser des métiers dominés par les hommes

| janvier 24, 2022

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Nouvelle en bref

Il est environ six heures du matin et Celestine Anafu est occupée à donner un coup de balai et à ranger du matériel de cordonnerie. La jeune femme de 22 ans vit à Akrofuom, dans la deuxième plus grande ville du Ghana, Kumasi. C’est son professeur du lycée qui l’a d’abord initiée au métier de fabrication des chaussures. En ce moment, elle apprend à utiliser le cuir dans son stage. Bien que plusieurs de ses amies aient choisi de se tourner vers des formations techniques et professionnelles, madame Anafu affirme qu’elle a décidé d’emprunter un parcours exceptionnel pour sa carrière. À ses dires, elle veut être un modèle pour d’autres filles, car on se sent bien lorsqu’on voit d’autres personnes admirer et apprécier ce qu’on fait. Madame Anafu croit qu’il est important que les gens ne briment pas, n’intimident pas ou ne découragent pas les filles et les femmes quand elles choisissent une profession dominée par les hommes.

La présente nouvelle fait partie d’une série intitulée Stars in the Field, produite dans le cadre du projet « Young Women in TVET ». À travers cette série, nous brosserons le portrait de femmes qui travaillent dans le secteur de la formation technique et professionnelle au Ghana. Bien que ce ne soit pas une « nouvelle agricole » normale, nous pensons que ces portraits peuvent inspirer vos auditeur.trice.s et susciter une conversation sur les métiers traditionnels et non traditionnels des hommes et des femmes dans votre communauté.

Il est environ six heures du matin et Celestine Anafu est occupée à donner un coup de balai et de ranger du matériel de cordonnerie. Elle affiche un sourire rayonnant dans son T-shirt mauve pendant qu’elle dépose un cuir à chaussure sur une table installée devant un kiosque en bois. Elle déclare : « J’ai terminé mes études secondaires en 2019 et j’ai décidé de me lancer dans la cordonnerie. »

La jeune femme de 22 ans vit à Akrofuom, dans la deuxième plus grande ville du Ghana, Kumasi. Elle s’apprête à réparer des chaussures dans le cadre de son stage.

Madame Anafu explique : « J’ai décidé de me lancer dans la cordonnerie même si beaucoup de gens dans la communauté pensent que cette profession est réservée aux hommes seulement. J’avais juste besoin d’être différente et de faire quelque chose de spécial. »

Elle a d’abord appris la cordonnerie avec son professeur.e de lycée qui avait l’habitude de confectionner de belles sandales avec des perles. Mais, maintenant, elle apprend à utiliser le cuir dans son stage.

Elle explique : « J’ai décidé d’apprendre plus sur l’utilisation du cuir dans la cordonnerie. Je me suis rendu à Kumasi, dans la région Ashanti, pour savoir comment fabriquer des sandales avec le cuir, et c’est pourquoi aujourd’hui je sais maintenant comment fabriquer des sandales en cuir. »

Elle ajoute : « J’ai toujours voulu apprendre un métier, mais quand j’ai regardé autour de moi, il y avait beaucoup d’ateliers de couture et de salons de coiffure. Par conséquent, je me suis demandé : “Pourquoi ne pas faire quelque chose de différent?”, car j’ai toujours voulu faire quelque chose de différent des métiers qu’exerçaient mes amies et d’autres. »

Malgré le choix de plusieurs de ses amies d’entreprendre des formations techniques et professionnelles, Celestine explique qu’elle a choisi de suivre un parcours spécial pour sa carrière à la fin de ses études secondaires.

Selon elle, les métiers comme la cordonnerie qui ne sont pas des professions traditionnelles exercés par les femmes comportent beaucoup d’avantages, notamment pour les femmes. Elle explique : « Comparativement aux métiers traditionnels, ces derniers fournissent aux femmes des compétences qui leur permettent d’être plus compétitives. La bonne chose c’est que, une fois que vous les apprenez, personne ne peut vous enlever les compétences relatives aux métiers traditionnels. »

Elle ajoute que les compétences liées aux métiers traditionnels profitent aux femmes en ce qu’elles leur permettent de devenir indépendantes financièrement et moins dépendantes de leur époux dans leurs familles.

Cependant, madame Anafu affirme qu’il y a une perception négative démoralisante dans certaines sociétés ghanéennes concernant les femmes qui exercent des métiers non traditionnels tels que la cordonnerie.

Elle explique : « Les gens se sont déjà fait une idée sur les emplois destinés aux femmes et aux hommes. À cause de cela, même lorsqu’il y a des possibilités dans les domaines dominés par les hommes, cela n’encourage pas les femmes. »

Elle ajoute : « Imaginez-vous, les femmes sont peu nombreuses dans le secteur de la cordonnerie. Actuellement, je suis la seule cordonnière avec mon patron. Lorsque je discute avec mes copines, elles me disent toujours qu’elles ne peuvent pas travailler dans la cordonnerie parce qu’elles pensent que c’est pour les hommes. »

Pour madame Anafu, l’exercice de sa profession comporte des difficultés. À ses dires, les hommes apprentis la taquinent en lui disant qu’elle a choisi le mauvais métier. Elle ajoute : « Ils me disent qu’une femme ne peut jamais être une bonne cordonnière. Certains clients sont également surpris de me voir. »

Madame Anafu croit qu’il est important que les gens ne briment pas, n’intimident pas ou ne découragent pas les filles ou les femmes quand elles choisissent une profession dominée par les hommes.

Elle explique : « Les gens vous décourageront et vous donneront toutes sortes de noms comme “femme garçon.” Parfois, vos collègues et même vos enseignants cherchent parfois à vous harceler sexuellement. Si vous refusez, ils commencent à vous haïr et à vous écarter. D’autres fois, ils refusent de vous enseigner des choses que vous devriez apprendre dans votre carrière. »

Elle ajoute : « Certains professeurs exigent également d’avoir des relations sexuelles avant de recruter des femmes dans des domaines dominés par les hommes. Cela n’est pas bon pour les filles et les femmes. »

Madame Anafu affirme s’être débrouillée pour surmonter les défis que les jeunes filles rencontrent lorsqu’elles choisissent des professions dominées par des hommes. Elle explique : « Je viens de terminer mon stage, mais je suis toujours avec mon professeur et je suis la seule femme apprentie. Bientôt, j’irai à l’atelier de mon enseignant pour utiliser les compétences que j’ai acquises. »

Selon elle, elle veut être un modèle pour les autres filles, car on se sent bien quand d’autres personnes admirent et apprécient ce qu’on fait. Elle compte ouvrir son propre atelier où elle confectionnera de belles chaussures et de belles sandales.

Elle explique : « Il me faudra environ 6 175 cedis (984 $ US) pour démarrer parfaitement ma propre cordonnerie. »

La présente nouvelle a été produite dans le cadre du projet « Innovation in Non-traditional Vocational Education and Skills Training », INVEST, réalisé par l’EUMC grâce au financement d’Affaires mondiales Canada.

Photo : Mme Anafu au travail, assise près d’une pile de semelles de chaussures. Crédit : Gideon Kwame Sarkodie Osei.