Ghana : Les regroupements de femmes pour l’épargne collective ont de très grandes répercussions (IPS)

| mars 31, 2014

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Dunwaa Soayare est une agricultrice d’exploitation familiale et mère de cinq enfants vivant à Denugu, au nord du Ghana. La veuve de 45 ans ne pouvait pas accéder au crédit auprès des institutions bancaires au Ghana, car elle n’avait pas de compte en garantie ni de compte bancaire. Il lui était impossible de fournir trois repas par jour à ses enfants ou de payer leurs études.

Mais depuis qu’elle s’est jointe au Asong-taaba Women’s Group (groupe de femmes Asong-Taaba), sa vie a radicalement changé. Mme Soayare a réussi à construire une nouvelle maison de briques pour sa famille. Elle a également été en mesure de payer les études de ses enfants pour qu’ils terminent leur éducation scolaire. Deux d’entre eux sont maintenant des enseignants.

« J’ai ajouté un demi-hectare à ma terre qui est désormais de deux hectares. Je cultive maintenant un hectare de maïs, un demi-hectare de millet [et] un demi-hectare d’arachides », dit-elle. Un hectare peut lui rapporter 380 $ US, une somme d’argent énorme à l’échelle locale.

La coopérative Asong-taaba a fait ses débuts en 2008. En 2013, le groupe a collecté  5 000 $ US par le biais des contributions hebdomadaires de ses 25 membres, la quasi-totalité étant des agricultrices et des agriculteurs d’exploitations familiales. Les femmes se réunissent sous un arbre de karité chaque lundi et à cet endroit, elles allouent de petites sommes d’argent au fonds du groupe. Les membres peuvent demander des prêts et beaucoup s’en servent pour financer des entreprises de rechange si leurs récoltes sont mauvaises.

Asong-taaba est l’un des 500 groupes dans le district de Garu Tempane. Près de 12 000 personnes, principalement des femmes, ont amélioré leur vie grâce aux coopératives d’épargne établies par l’intermédiaire d’un projet de Care International.

Un récent sondage mené par les Ghana Statistical Services (services statistiques du Ghana) montre que 31 pour cent des ménages au Ghana sont dirigés par des femmes.

Musah Abubakari est le directeur adjoint de la coordination du district de Garu Tempane. Il dit que les coopératives ont aidé à réduire la pauvreté au sein de nombreuses familles de la région.

« La plupart d’entre elles prennent part à diverses formes d’activités économiques. Comme beaucoup sont préoccupées par l’éducation de leurs enfants, le taux de scolarisation a également augmenté au cours des trois dernières années », poursuit-il.

Collins Kyei Boafoh est un spécialiste de la sensibilisation du public œuvrant pour l’ONG états-unienne ACDI/VOCA. Selon lui, les regroupements d’épargne et de crédit villageois jouent un rôle essentiel dans les moyens de subsistance des femmes et aident aussi les membres à s’adapter aux changements climatiques.

Au nord du Ghana, la saison des pluies commence généralement en mai et se termine en octobre. Toutefois, les récents changements météorologiques font en sorte que les pluies tombent beaucoup plus tard. « Depuis les cinq dernières années, la zone de la savane du Ghana … est aux prises avec de faibles pluies et de longues périodes de sécheresse, ce qui ne favorise pas l’agriculture, le moyen de subsistance d’environ 80 pour cent des habitants de la région », explique M. Boafoh.

Les coopératives de femmes utilisent leurs fonds pour se lancer dans des activités telles que la transformation et le commerce des aliments afin de suppléer aux revenus des membres. « Cela leur permet d’avoir un revenu durable et une sécurité d’emploi », de dire M. Boafoh.

M. Boafoh suggère que le gouvernement adopte, modernise et développe le concept de regroupement aux fins de l’épargne pour réduire la pauvreté dans les régions les plus pauvres du pays.

Mme Soayare et sa famille ne sont plus vulnérables pendant la saison sèche. Au lieu de simplement souffrir si ses récoltes sont mauvaises, Mme Soayare peut obtenir un prêt de son groupe et s’en servir pour fabriquer et vendre du savon et pour acheter des légumes qu’elle revendra au marché.    « Je ne sais pas ce que j’aurais fait sans ce projet d’épargne », affirme-t-elle.

Pour lire l’article sur lequel est fondée cette histoire, visitez le http://www.ipsnews.net/2014/02/ghanas-small-womens-savings-groups-big-impact/ (en anglais seulement).