Linda Dede Nyanya Godji | mars 28, 2024
Nouvelle en bref
Un couple d’Accra, au Ghana, bouscule les rôles traditionnels des hommes et des femmes en partageant équitablement les tâches ménagères. Charlotte Djweteye Osanyongmor Attah, sage-femme de 35 ans, et son mari, Francis Attah, vérificateur, commencent leurs journées bien remplies à 5 h du matin, conciliant travail et soins aux enfants. Madame Attah explique qu’ils étaient tous deux ravis qu’elle trouve un emploi immédiatement après avoir obtenu son diplôme, et que l’implication de monsieur Attah, en particulier dans la garde des enfants, allège la charge de travail
Un lundi matin ordinaire pour Charlotte Djweteye Osanyongmor Attah, 35 ans, commence à 5 h, lorsque son fils d’un an est prêt à être allaité et qu’elle doit préparer le petit-déjeuner pour le reste de sa famille. Heureusement pour madame Attah, son mari, Francis, est tout aussi occupé le matin, aidant à préparer leur fille de trois ans pour l’école.
Ce couple très occupé commence sa journée très tôt, car les deux travaillent à l’extérieur. Madame Attah est sage-femme au Service de santé du Ghana et son mari est vérificateur dans un cabinet comptable à Accra. Elle travaille au centre de santé d’Otrokper, dans le district du Haut Manya Krobo, dans la région de l’Est du Ghana, à deux ou trois heures de route d’Accra.
Son mari l’aide avec les tâches ménagères depuis qu’ils sont ensemble. Cependant, madame Attah explique que depuis qu’elle a commencé son stage de sage-femme il y a deux ans, son mari s’occupe volontiers de leur aînée, âgée de trois ans, en veillant à ce qu’elle prenne son bain, soit habillée et prête pour l’école. Il la dépose et la récupère à l’école et, lorsqu’il en a le temps, lui prépare son petit-déjeuner.
Madame Attah explique que son mari a pris l’initiative de s’occuper de leur fille lorsqu’elle était enceinte. Il ne voulait pas qu’elle soit surchargée de travail et qu’elle doive s’occuper seule de leur fille et de l’enfant à naître.
Madame Attah raconte qu’ils ont été très enthousiastes lorsqu’elle a reçu l’offre d’emploi, d’autant plus qu’elle l’a obtenue immédiatement après l’obtention de son diplôme. Elle ajoute : « Ma seule préoccupation était de savoir comment concilier mes premiers jours de travail avec ma fille et mon futur enfant. Mais mon mari s’est montré à la hauteur. Ma famille craignait qu’il ne soit pas capable de s’occuper correctement de ma fille, mais il a prouvé que nous avions tous tort. »
Elle ajoute : « J’ai l’esprit tranquille au travail sachant que je suis en sécurité à la maison avec un mari qui me soutient. »
Bien que le couple ne partage pas d’autres travaux domestiques, monsieur Attah se rend disponible chaque fois que cela est possible. Il va chercher parfois de l’eau pour la cuisine et la lessive de la famille.
Madame Attah affirme que l’implication proactive de son mari a réduit son stress et amélioré son efficacité au travail. Les deux parents ont suffisamment de temps pour se reposer et pour s’occuper d’eux-mêmes et de leurs enfants parce que les tâches ménagères sont effectuées à temps.
Elle déclare : « Lorsque votre mari vous aide à la maison, vous devez lui faire savoir que vous appréciez ce qu’il fait. Je ne considère pas du tout son soutien à la famille comme un acquis. C’est pourquoi je lui témoigne toujours ma reconnaissance. Il a un travail très prenant et exigeant, mais il m’a prouvé qu’un homme très occupé peut toujours apporter son soutien à la maison, si seulement il le veut. »
Le soutien de monsieur Attah à la maison a suscité des commentaires négatifs. Madame Attah explique : « Nous vivons dans une cour commune et les gens font généralement des commérages à notre sujet. Parfois, les commentaires viennent de ma propre famille. Ils me disent que certaines des choses qu’il fait sont réservées aux femmes, et que même s’il veut les faire, je ne devrais pas le laisser faire. »
Mais ces commentaires ne dérangent pas monsieur Attah. Il pense qu’en travaillant ensemble et en s’entraidant de manière harmonieuse, lui et sa femme créent un environnement favorable qui facilite la course du matin, permet un démarrage équilibré de leur journée bien remplie et atténue la pression liée au fait que seule la femme s’occupe de toutes les tâches ménagères après le travail.
Aba Oppong est la directrice générale de Rights and Responsibility Initiatives Ghana et elle milite en faveur des droits des femmes et des enfants. Elle explique que la plupart des hommes sont prêts à apporter leur soutien, mais qu’ils ne le font pas en raison de la stigmatisation associée à l’exercice de rôles traditionnellement considérés comme réservés aux femmes.
Madame Oppong estime que les hommes devraient être éduqués dès leur plus jeune âge à savoir faire beaucoup de choses à la maison et à comprendre qu’il n’y a pas de corvées pour les hommes ou pour les femmes. Lorsque c’est le cas, dit-elle, l’aide apportée à leurs épouses se fait naturellement et n’est pas forcée.
Elle affirme que la société doit s’éloigner des attentes patriarcales selon lesquelles le travail d’une femme consiste à s’occuper de tout ce qui est domestique dans la maison, qu’elle travaille ou pas. Elle ajoute : « Certaines femmes, après une journée de travail bien remplie, doivent faire la lessive tard dans la nuit juste pour avoir le temps d’accomplir d’autres tâches tout aussi importantes le lendemain. »
Selon madame Oppong, lorsque les femmes expriment leur gratitude à leur mari pour son soutien, cela les encourage à aider davantage et à inciter leurs collègues à faire de même.
Lorsqu’on lui demande si elle a des conseils à donner aux femmes sur la manière de concilier le travail à la maison et à l’extérieur, madame Attah répond : « Chaque femme a besoin d’aide. Vous ne pouvez pas tout faire toute seule et la première personne à vous aider est votre conjoint si vous êtes mariée. N’hésitez donc pas à demander à vos maris de vous aider, car la fatigue n’est pas récompensée. Si votre conjoint vous aide, vous serez toujours heureuse de travailler. »
La présente nouvelle a été produite dans le cadre du projet « UCARE – Soins non rémunérés en Afrique subsaharienne » qui vise à renforcer l’égalité des genres et le pouvoir des femmes par un engagement pour un partage plus juste et équitable des soins non rémunérés et des travaux domestiques au sein des ménages et des familles en Afrique subsaharienne. Ce projet est réalisé en partenariat avec Radios Rurales Internationales (RRI), ONU Femmes et le Réseau de développement et de communication des femmes africaines (FEMNET) grâce au financement d’Affaires mondiales Canada.
Photo : Charlotte Djweteye Osanyongmor Attah au Ghana, prise par Linda Godji