Ghana : Des riziculteurs ne parviennent pas à contrôler les mauvaises herbes à cause de l’afflux d’herbicides de contrefaçon et de mauvaise qualité

| juillet 5, 2021

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Nouvelle en bref

Le riz peut procurer un bon revenu aux personnes qui en cultivent, mais la gestion des mauvaises herbes demeure un défi. Abdul-Razak Fatawu a un champ dans la vallée de Nandugu, au nord du Ghana. Il utilise des herbicides chimiques pour lutter contre les mauvaises herbes, mais il s’assure de suivre les instructions à la lettre, par crainte d’un mauvais résultat qui pourrait causer des dégâts à rizière. La manière la plus courante de lutter contre les mauvaises herbes consiste à utiliser des herbicides parce que le sarclage à la main est exigeant et coûteux. Cependant, une bonne préparation de la terre, notamment avec un tracteur, peut faciliter le sarclage manuel. L’inondation de la rizière peut également être la meilleure façon de gérer les mauvaises herbes, selon Maxwell Asante, chercheur à l’Institut de recherche sur les cultures du Ghana. Mais pour cela, les riziculteurs(trices) doivent ériger des billons dans leurs champs pour contrôler le niveau de l’eau.

Il vente et le ciel est partiellement nuageux, avec des signes d’une pluie matinale. Chaussé de ses bottes wellington, Abdul-Razak Fatawu et trois ouvriers se dirigent rapidement vers sa rizière de dix hectares sur deux motos toutes neuves, à environ quatre kilomètres de son domicile.

À leur arrivée, monsieur Fatawu détache trois boîtes d’herbicides du porte-bagage de la mobylette et donne des instructions aux ouvriers : « Habillez-vous correctement avant d’ouvrir les herbicides, et, s’il vous plaît, attendez-moi avant de mesurer. »

Monsieur Fatawu explique : « De nos jours, on ne peut pas vous fier à l’efficacité de ces produits chimiques, alors, je veux m’assurer de suivre les instructions figurant sur les contenants. »

Monsieur Fatawu cultive depuis son enfance. Il vit dans la vallée de Nandugu, dans le district de Gonja, au nord du Ghana. Il se rappelle : « Avant de me lancer dans la riziculture, les autres denrées que je cultivais ne me rapportaient pas de revenu suffisant, car elles ne sont pas aussi rentables. »

Toutefois, au nord du Ghana, les mauvaises herbes constituent un problème majeur pour beaucoup de riziculteurs(trices) et, lorsqu’elles ne sont pas bien gérées, elles réduisent le rendement du riz. Monsieur Fatawu affirme qu’il est plus facile de contrôler les mauvaises herbes dans les champs de riz labourés et irrigués, et lorsqu’on a accès à temps aux services de tracteurs pour la préparation de la terre.

SI les services de tracteurs tardent, les riziculteurs(trices) doivent se dépêcher de semer pour ne pas rater les premières pluies. Il explique : « Parfois, un riziculteur est obligé d’ordonner au conducteur du tracteur de se hâter de préparer la terre [et par conséquent le travail] est fait de façon désordonnée et cela entraîne la pousse rapide des mauvaises herbes après que le riz a été semé. »

Bien que le sarclage manuel soit la meilleure méthode, la technique la plus couramment utilisée pour gérer les mauvaises herbes consiste à utiliser des herbicides, car le sarclage manuel est exigeant et coûteux.

Cependant, déclare monsieur Fatawu, le contrôle des mauvaises herbes avec des produits chimiques a plusieurs inconvénients, y compris le risque d’un mauvais usage et la forte probabilité d’utiliser de mauvais herbicides ou d’herbicides de contrefaçon.

Il explique : « Un collègue riziculteur a mal utilisé les herbicides et tout le champ de riz a brûlé parce qu’il avait utilisé un mauvais produit chimique et avait fait un mauvais dosage. Mais, malgré ce problème, la majeure partie des agriculteurs prennent le risque et utilisent des produits chimiques pour lutter contre les mauvaises herbes, non seulement pour la culture du riz, mais également pour d’autres cultures. »

Selon monsieur Fatawu, il est très difficile de gérer les mauvaises herbes par temps sec, même lorsqu’un(e) agriculteur(trice) utilise des herbicides. À ses dires, il a bien plu en 2011, il y avait moins de mauvaises herbes et plusieurs agriculteurs(trices) ont obtenu de meilleures récoltes.

Joseph Tong-Kurubilis est un autre riziculteur du district de Kunbumgu. Il a 25 acres de riz, dont cinq qui sont irriguées dans le cadre du projet d’irrigation de riz de Bontanga.

Monsieur Tong-Kurubilis soutient que l’irrigation l’aide à contrôler les mauvaises herbes et à accroître ses rendements. Il explique : « L’irrigation me permet de cultiver du riz deux fois par an, et, grâce à cela, j’arrive à obtenir assez d’argent pour prendre soin de ma famille. »

Selon ses dires, l’irrigation est le meilleur moyen pour gérer les mauvaises herbes, car l’augmentation du niveau des eaux peut servir à contrôler les mauvaises herbes. Il augmente le niveau de l’eau pendant quelques semaines après la germination. L’eau submerge toutes les mauvaises herbes et permet au riz de pousser plus vite. Au moment où il commence à faire baisser le niveau de l’eau, les plants de riz sont suffisamment grands pour concurrencer les mauvaises herbes lorsqu’elles repoussent.

Pour ses 20 acres non irriguées, monsieur Tong-Kurubilis utilise des herbicides malgré leurs inconvénients. Il affirme que le défi consiste à trouver le bon type d’herbicide à un prix abordable. Il ajoute : « Il y a beaucoup de produits chimiques agricoles de qualité inférieure et de contrefaçon sur le marché. Très souvent, vous appliquez les herbicides et ils ne fonctionnent pas. »

Maxwell Asante est chercheur à l’Institut de recherche sur les cultures du Ghana. À ses dires, l’utilisation de la technique d’élévation du niveau d’eau pour contrôler les mauvaises herbes dans les rizières est la méthode la plus efficace, mais elle coûte cher.

Monsieur Asante explique : « Cela nécessite beaucoup d’investissements, car il faut ériger des diguettes autour de la rizière pour contrôler les niveaux d’eau, ce dont les petits riziculteurs n’ont pas les moyens. »

Les diguettes sont de petites barrières ou billons qui canalisent et stockent l’eau sur le champ. Ils sont souvent érigés par des machines.

Selon monsieur Asante, si les riziculteurs(trices) parvenaient à obtenir les bons et véritables herbicides, cela pourrait être le moyen le plus efficace pour contrôler les mauvaises herbes, car il est rentable et il permet de gagner du temps, permettant ainsi aux riziculteurs(trices) de cultiver des champs plus grands.

Monsieur Fatawu soutient que grâce au bon contrôle des mauvaises herbes, le riz génère de revenu dont il a besoin pour sa famille. Il déclare : « L’an dernier, lorsque j’ai suivi des bonnes pratiques agricoles telles que le sarclage, j’ai récolté 35 sacs de riz pesant chacun 50 kilogrammes sur un hectare. J’ai vendu le sac à 250 cedis ghanéens (43 $ US) et tous les 35 sacs m’ont rapporté 8 750 cedis ghanéens (1 493 $ US). »

La présente nouvelle a été produite grâce au financement de l’Alliance pour une agriculture verte en Afrique (AGRA) dans le cadre du Partenariat pour la transformation agricole inclusive en Afrique (PIATA).

Photo : Tapsoba Honorine (debout) et un groupe de femmes de l’Association des Femmes Laïques de Saponé désherbent une ferme de riz à Saponé, au Burkina Faso, en 2014.