Éthiopie : Des initiatives communautaires de conservation redonnent vie à la forêt de Wof Washa

| octobre 11, 2024

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Nouvelle en bref

La forêt de Wof Washa, dans la région d’Amhara, en Éthiopie, abrite plusieurs espèces de végétaux, d’oiseaux et d’animaux peu communes, mais près de 2 000 hectares ont disparu à cause du déboisement et du surpâturage des 20 dernières années. La communauté locale, y compris Nigus Fekade, 32 ans, s’est engagée à protéger la forêt, et ils gagnent leur vie de manière durable grâce à elle. Monsieur Fekade dirige l’une des 12 associations de gestion participative des forêts créées pour générer des revenus tout en protégeant la forêt. Ils plantent différentes espèces d’arbres, veillent à une utilisation responsable des ressources forestières et apportent des soins complets à la forêt. En outre, ils imposent des amendes aux personnes qui laissent leurs animaux paître dans la forêt, coupent des arbres ou utilisent mal ses ressources. Monsieur Fekade déclare : « Je ne savais pas qu’on pouvait gagner de l’argent en vendant des semis d’arbres. »

Aux premières heures de la journée, un brouillard épais enveloppe la forêt de Wof Washa alors que les membres de communauté se préparent pour leurs rotations journalières visant à la protéger. À quelques pas de la forêt, l’ambiance de la nature crée une sensation d’apaisement alors que les chants mélodieux des oiseaux, le léger bruissement des feuilles et les jacasseries espiègles des singes résonnent dans les arbres. Le brouillard commence à se dissiper à mesure que les rayons de lumière du matin brillent plus fort au-dessus de la voûte d’arbres touffue, dévoilant un paysage verdoyant rempli d’essences d’arbres endémiques et non-indigènes. S’étendant sur trois districts de la Zone de Showa Nord, dans la région d’Amhara, Wof Wasah, qui signifie « cage à oiseaux », constitue l’une des dernières forêts naturelles de l’Éthiopie.

Cette forêt abrite plusieurs espèces uniques, y compris des plantes comme l’origan (Thymus serrulatus) et le guassa (Festuca abyssinica), des oiseaux tels que le serin d’Ankober (Serinus ankoberensis) et le gélada endémique (Theropithecus gelada).

Malgré son importance, Wof Washa a perdu près de 2000 hectares de sa superficie à cause du déboisement et du surpâturage des 20 dernières années. Wof Washa joue un rôle crucial dans la prévention de l’érosion des sols, la régulation du cycle de l’eau et l’atténuation du changement climatique grâce à la séquestration du carbone. Cependant, la demande constante pour ses ressources compromet constamment la nature et la superficie de la forêt.

Conscient de cette situation catastrophique, WeForest, en collaboration avec la Sustainable Natural Resource Management Association, ou SUNARMA, a lancé un projet communautaire de restauration des forêts et des paysages, en vue de préserver Wof Washa. Une approche clé de cette initiative est la gestion participative des forêts qui mobilisent la communauté dans des activités génératrices de revenus tout en protégeant la forêt.

Nigus Fekade, 32 ans, a grandi dans le kebele de Genet de Wof Washa, une localité voisine de la forêt. Il subvient désormais aux besoins de sa famille grâce au projet de restauration des paysages de Wof Washa qui lui rapporte un autre revenu en plus de l’agriculture de subsistance qu’il pratique.

Sur une petite parcelle qu’il a héritée de ses parents, monsieur Fekade cultive du tef, de l’orge, du blé, du maïs, des pois, du haricot et des lentilles. Malgré ses efforts, sa récolte suffit à peine pour les besoins de sa famille de quatre personnes. Vivant dans la maison de ses parents, monsieur Fekade peinait à être autosuffisant jusqu’à ce qu’il apprenne à ramasser des graines d’arbres de Wof Washa et à gagner un revenu supplémentaire.

Il déclare : « Je n’ai jamais su qu’on pouvait gagner de l’argent en vendant des graines d’arbres. Nous vendons des graines d’espèces comme l’acacia abyssinica, le pinus et le Genévrier d’Afrique à l’Amhara Forest Enterprise, ainsi qu’à la petite clientèle au prix de 500 birrs (4,10 $ US) le kilogramme. »

Monsieur Fekade dirige maintenant l’une des associations de gestion participative des forêts mises en place pour générer des revenus tout en protégeant la forêt. Les associations de gestion participative des forêts s’efforcent principalement de protéger la forêt de nouvelles destructions. Elles plantent diverses espèces d’arbres, veillent à une utilisation responsable des ressources forestières et apportent des soins complets à la forêt. En outre, elles imposent des amendes aux personnes qui font paître leur bétail dans la forêt, coupent des arbres ou utilisent mal ses ressources.

Les produits dérivés d’espèces comme le Genévrier d’Afrique et l’Afrocarpus gracilior sont très prisés pour la construction de maisons, et sont un signe de prestige dans la communauté. Monsieur Fekade se rappelle que sa famille coupait des arbres de la forêt pour construire des maisons et fabriquer des outils traditionnels.

Un autre défenseur farouche de la forêt est Melise Mekonen, un agriculteur de subsistance de 37 ans, père de cinq enfants. Monsieur Mekonen est également garde forestier, et a fait des rondes dans Wof Washa durant cette dernière décennie malgré le froid et les bucherons illégaux. Cependant, ses efforts n’ont pas suffi jusqu’à ce qu’il rejoigne le projet de restauration des paysages. Wof Washa est protégée par 40 gardes forestiers de l’État, mais cette protection était insuffisante sans l’engagement de la communauté.

Monsieur Mekonen se réjouit également du revenu supplémentaire qu’il gagne. Il déclare : « Grâce au revenu de la vente des graines, j’ai acheté un panneau solaire et une télé. Ma famille peut maintenant profiter des émissions télévisées. J’ai acheté aussi une vache qui a déjà deux veaux. » L’énergie solaire éclaire désormais sa maison, et le lait est une source de nourriture pour sa famille. Ces avantages renforcent l’engagement de la communauté à protéger Wof Washa.

Monsieur Fekade et monsieur Mekonen ont suivi une formation de SUNARMA sur l’exploitation durable des forêts, ils partagent ces connaissances lors de rassemblements communautaires et encouragent la préservation des forêts.

Asnake Atakure est le chargé du projet de restauration des paysages de Wof Washa. Selon lui, le projet considère la communauté locale comme un partenaire crucial pour la gestion et de préservation des forêts. Il explique : « Notre projet complète les initiatives gouvernementales. Les associations de gestion participative des forêts travaillent avec les gardes pour protéger la forêt et sensibiliser la communauté. Elles ont un plan de gestion des forêts et se chargent de protéger les zones avoisinantes. »

L’objectif du projet c’est de mobiliser plus de 8 400 ménages par le biais de la collecte des graines, l’apiculture et l’offre de semis pour la plantation. Depuis 2023, plus de 185 000 semis d’arbres, surtout d’espèces indigènes, ont été distribués et plantés pour restaurer Wof Washa et réhabiliter les terres communautaires dégradées.

Photo: Nigus Fekade, 32 ans, conditionne ses graines d’Acacia abyssinica alors qu’il s’apprête à aller au marché.