Issiaka NGuessan | décembre 20, 2021
Nouvelle en bref
À 64 ans, Elise Goueu a défié le code traditionnel concernant les femmes et a réalisé ce que plusieurs femmes jugent impossible en Côte d’Ivoire. Madame Goueu est une propriétaire terrienne et une cheffe de terre reconnue dans sa communauté. Lorsqu’elle était jeune, madame Goueu a hérité d’une terre de 15 hectares de ses parents à Logapleu, un village de la région de Man, en Côte d’Ivoire, à plus de 650 kilomètres de la capitale Abidjan. Madame Goueu a volontairement fait don de cinq hectares des terres dont elle a hérité. Pour ce don, elle s’est conformée à une coutume locale du peuple Dan. Maintenant, en qualité de cheffe de terre, elle a le pouvoir et la responsabilité d’aider à résoudre les litiges fonciers locaux. Mais toutes les femmes de la région ne sont pas aussi chanceuses. Souvent, les femmes ne peuvent pas jouir de leurs droits de posséder ou d’hériter d’une terre, car leur statut est jugé inférieur à celui des hommes. Pour promouvoir l’égalité de genre à Logapleu, le personnel de l’ONG Likoleh a organisé une campagne pour sensibiliser la communauté.
À 64 ans, Elise Goueu a défié le code traditionnel concernant les femmes et a réalisé ce que plusieurs femmes jugent impossible en Côte d’Ivoire. Non seulement, madame Goueu est devenue propriétaire terrienne, mais elle également une cheffe de terre reconnue qui a la pouvoir de prendre des décisions au sein de sa communauté.
Toute petite, madame Goueu a hérité d’une terre de 15 hectares de ses parents à Logapleu, un village de la région de Man, en Côte d’Ivoire, à plus de 650 kilomètres de la capitale Abidjan. Grâce à la générosité de ses parents, les frères et les oncles de madame Goueu ont eu leur juste part de terre, et n’ont donc pas remis en cause son héritage comme beaucoup de parents de sexe masculin l’auraient fait. Depuis lors, le village s’est développé, en partie grâce aux dons de terre de madame Goueu qui ont permis à d’autres familles de s’installer dans la région et d’emménager leurs propres exploitations agricoles.
Madame Goueu a volontairement fait don de cinq hectares de la terre qu’elle a héritée de ses parents et utilise le reste pour cultiver. Pour faire ce don, madame Goueu s’est conformée à une coutume locale du peuple Dan en donnant du gin, versé par terre, aux esprits des ancêtres et de la terre. Dans cette localité de la Côte d’Ivoire, la terre appartient aux esprits invisibles selon les croyances, et les dons de terrains doivent les honorer.
Oulaï Gueu Barthélemy est un chef tradition de la localité. Il explique que dans la tradition Dan, une personne qui donne une terre de cette façon devient chef de terre. Normalement, ce sont les hommes qui accomplissent ce rituel, mais en tant que propriétaire terrienne, madame Goueu a pu le faire également. Maintenant, en tant que cheffe de terre, elle a le pouvoir et la responsabilité de résoudre les litiges fonciers locaux.
Mais ce ne sont pas toutes les femmes de la région qui ont cette chance. Bih Tiémoko est le coordonnateur de l’ONG Likoleh. Il affirme qu’il n’y a pas de loi en Côte d’Ivoire qui empêche les femmes de posséder une terre. Mais il ajoute que les femmes ne jouissent pas souvent de leur droit à posséder ou hériter d’une terre parce qu’on leur accorde un statut inférieur à celui des hommes.
Il soutient que cette croyance est parfois liée à la croyance selon laquelle Dieu a créé les femmes pour soutenir les hommes. Il ajoute que les familles des femmes craignent de perdre leurs terres au profit de la famille des maris lorsque leurs filles se marieront.
D’autres obstacles qui empêchent les femmes de posséder une terre proviennent des mythes selon lesquels les femmes n’ont pas de force physique, ou des croyances qui veulent que les hommes soient responsables de la famille, et qu’une partie de cette responsabilité implique la possession et l’exploitation d’un champ familial. D’autres croyances soutiennent que la femme ne peut pas ou ne devrait pas effectuer de cérémonies spirituelles pour accéder, posséder ou céder une terre comme madame Goueu l’a fait.
Quelle que soit la cause, monsieur Tiémoko affirme que ces mentalités doivent changer. Il explique : « Une femme qui a droit à la terre peut jouir d’une autonomie pleine et une activité génératrice de revenus. De cette façon, elle renforce ses capacités et celles de sa famille. »
En vue de promouvoir l’égalité de genre à Logapleu, le personnel de l’ONG Likoleh a organisé une campagne de sensibilisation, et a mis des affiches sur les maisons dans tout le village. Ces affiches montrent une femme qui porte un bébé au dos pendant qu’elle pile du maïs dans un mortier. À côté d’elle, son mari porte un autre bébé. Cette image vise à montrer que les hommes et les femmes sont égaux.
Selon monsieur Tiémoko, l’ONG a organisé des rencontres communautaires pour expliquer le message de l’affiche et faciliter les discussions sur l’égalité de genre. Il affirme que les discussions communautaires et le plaidoyer auprès de leaders traditionnels permettent de dissiper certaines idées fausses concernant les femmes.
Il ajoute : « Ce n’est pas facile, mais dans des villages on a eu des terres de façon exclusive pour des groupements de femmes. »
Ailleurs, cependant, les croyances qui limitent les droits des femmes continuent. C’est le cas chez les Sénoufo dans la région de Korhogo, à 500 kilomètres de la région de Man.
La femme peut toujours avoir accès à la terre, mais ne peut être propriétaire, que ce soit par achat ou par héritage.
Soro Ziéfigué vit dans la région de Korhogo. Il explique : « Chez nous Sénoufo, une femme ne peut être propriétaire de terre, car elle n’est pas autorisée à effectuer les rituels spirituels impliquant la propriété foncière. Elle doit plutôt offrir au propriétaire terrien des noix de cola, un morceau de bois de chauffe et 200 FCFA (0,34 $ US). En retour, elle lui est permis d’aménager un jardin potager sur la terre ou d’y cultiver des cultures vivrières. »
Récemment, monsieur Ziéfigué a libéré une portion de terre pour des femmes par l’entremise d’une ONG dénommée Agence nationale d’appui au développement rural, à titre personnel. Il explique que permettre aux femmes de posséder une terre profite à toute la communauté et encourage d’autres villages à faire de même.
Il déclare : « Avec les femmes, les bailleurs de fonds apportent des projets qui font avancer le village. »
Cette nouvelle a été produite grâce à une subvention de la Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit GmhH (GIZ) qui met en œuvre le projet des centres d’innovations vertes.
Photo : Une habitation à Debre Markos, en Éthiopie.