Côte d’Ivoire : Des personnes handicapées renforcent leurs connaissances sur la santé sexuelle et reproductive grâce à l’accès à l’information

| juillet 7, 2025

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Nouvelle en bref

À Abobo, en Côte d’Ivoire, Sophie Konan N’Dri brise les barrières à l’éducation sur la santé sexuelle et reproductive chez les personnes handicapées. En qualité de directrice de CAPH-CI, elle anime des ateliers inclusifs au moyen d’outils accessibles, notamment des tableaux à feuilles mobiles, des vidéos en langue des signes et des enregistrements audio, en vue de toucher les personnes souffrant de troubles auditifs ou visuels. Ses efforts permettent aux femmes comme Adjo Kouamé et Marie Djedje de gérer leur santé et de défendre leurs droits. Pour madame N’Dri, l’inclusion est essentielle : « Cette communauté doit jouir du respect et du bien-être qui lui sont dus comme toute autre. »

C’est un samedi matin ordinaire à Abobo, une commune animée d’Abidjan, en Côte d’Ivoire. Tandis que les habitants vaquent à leurs occupations habituelles, Sophie Konan N’Dri une résidente du quartier de Sogefia, se tient debout avec un tableau à feuilles mobiles qui illustre le cycle menstruel.

Madame N’Dri est la directrice de la Coordination des associations des personnes handicapées de Côte d’Ivoire (CAPH-CI), l’organe de coordination nationale des associations des personnes handicapées. Elle déclare : « Ce tableau est un trésor pour les personnes qui ont des troubles auditifs. »

Depuis plus d’une décennie, madame N’Dri mène des activités de sensibilisation au profit de personnes handicapées sur des sujets, tels que l’hygiène menstruelle, la prévention des infections sexuellement transmissibles, et plus. Elle explique qu’à cause de leurs handicaps, plusieurs dans cette communauté manquent d’informations adéquates et accessibles qu’il leur faut pour une meilleure santé sexuelle et reproductive.

Pour combler cette lacune, madame N’Dri conçoit ses messages dans des formats accessibles et organise des ateliers de sensibilisation participatifs. Elle crée des vidéos et des résumés graphiques en langue des signes pour les personnes ayant des troubles auditifs, et produit des enregistrements audio et des podcasts pour les personnes souffrant de troubles visuels. Chaque message, dit-elle, est conçu de façon à être clair, simple et accessible à toutes les personnes impliquées.

Aby Kamamaté, une spécialiste en santé sexuelle et reproductive à la Fondation Rainbow of Happiness, affirme que l’initiative de madame N’Dri est louable, et souligne que l’accès aux informations sur la santé sexuelle et reproductive constitue un droit fondamental, notamment pour les personnes handicapées. Cependant, elle souligne que de nombreux obstacles entravent encore le chemin, y compris le manque d’informations adaptées, la persistance des préjugés, la discrimination et l’inaccessibilité physique des services de santé. En Côte d’Ivoire, note-t-elle, près de 30 % des jeunes filles handicapées n’ont pas accès à de bonnes informations concernant la santé menstruelle.

En plus d’animer des ateliers, madame N’Dri partage régulièrement son matériel éducatif sur la page Facebook de la CAPH-CI pour toucher un large public. Aya Henriette Bouassa, une fonctionnaire de 35 ans et présidente d’une association de femmes handicapées, raconte avoir découvert pour la première fois les vidéos de sensibilisation de madame N’Dri sur les médias sociaux. Les contenus l’ont aidée à mieux gérer son cycle menstruel, ce qui l’a poussée à mobiliser les membres de son association. Désormais, chaque samedi matin, elles se réunissent pour regarder les dernières vidéos de sensibilisation sur la page.

Madame N’Dri soutient que depuis le lancement des ateliers, elle observe un changement de mentalité chez les jeunes, car ils sont maintenant plus ouverts et disposés à parler de santé sexuelle et reproductive.

Adjo Rosine Kouamé, une femme malvoyante de 26 ans, participait à son troisième atelier ce samedi. Elle raconte qu’avant d’assister aux sessions de madame N’Dri, elle ne s’était jamais sentie à l’aise de discuter de santé sexuelle ou d’hygiène menstruelle avec les autres. Elle déclare : « Ces ateliers m’ont permis de retrouver ma dignité en tant que femme. » Elle ajoute que son handicap l’avait empêchée dans le temps d’obtenir les informations nécessaires pour améliorer son bien-être. « Aujourd’hui, je gère mes menstruations toute seule, je suis si heureuse ! » dit-elle en terminant.

Marie Djedje, un membre sourd de 19 ans de la CAPH-CI, témoigne qu’avant de se joindre au groupe, elle manquait d’informations sur l’hygiène menstruelle. Cependant, les vidéos en langue des signes et les sous-titres lui fournissent des connaissances cruciales. Elle déclare : « Maintenant, j’ai plus d’assurance, j’arrive à poser des questions et à défendre mes droits. »

Grâce aux efforts de madame N’Dri, les informations sur la santé sexuelle et reproductive deviennent un puissant moyen pour outiller les jeunes femmes handicapées d’Abobo. Pour elle, l’inclusion n’est pas une option, elle est indispensable pour bâtir une société juste et compatissante. Elle conclut : « Cette communauté « Cette communauté doit jouir du respect et du bien-être qui lui sont dus comme toute autre. Elle est la raison d’être de mon combat. »

La présente nouvelle a été produite avec des fonds du projet PASSERELLE, mis en œuvre en partenariat avec l’EUMC grâce au financement d’Affaires mondiales Canada.