Bénin : Des associations féminines luttent pour l’implication des femmes dans les prises de décision

| novembre 9, 2020

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Nouvelle en bref

Au Bénin, des femmes lancent un appel à l’unisson pour être impliquées dans les décisions qui concernent leur vie. Les femmes sont sous-représentées dans les prises de décision au Bénin. Seules 78 femmes figurent parmi les 1 815 députés du pays. Mariette Montcho est la présidente du Réseau Ouest Africain des Jeunes Femmes Leaders, un réseau de jeunes femmes leaders d’Afrique de l’Ouest. Selon elle, les jeunes et les femmes sont les véritables victimes des conflits et des crises comme le COVID-19, et doivent, par conséquent, participer à la prise des décisions importantes. Selon les spécialistes, cette sous-représentation est liée à plusieurs facteurs, y compris « les contraintes socioéconomiques, le taux élevé d’analphabétisme chez les femmes, la féminisation de la pauvreté [et] l’absence d’autonomisation des femmes. »

Il est 7 h ce samedi 12 septembre 2020. Une grisaille matinale s’installe dans le ciel de Cotonou, la capitale économique du Bénin. Mais ce temps timide n’a pas empêché quelques jeunes femmes membres de plusieurs ONG, activistes et acteurs politiques, âgées de 20 à 30 ans, de rallier le siège du Réseau Ouest Africain des Jeunes Femmes Leaders, un réseau de jeunes femmes leaders d’Afrique de l’Ouest.

Ces femmes sont ici pour la présentation d’un rapport sur l’analyse des conflits électoraux au Bénin. Le réseau de jeunes femmes leaders a organisé une initiative dénommée « Peacebuilding month » pour la commémoration de la Journée internationale de la paix, le 21 septembre.

Mariette Montcho, présidente du réseau, déclare : « Les jeunes et les femmes sont les véritables victimes des situations conflictuelles. Il est donc primordial de les impliquer et de les éduquer. »

Au Bénin, les femmes sont marginalisées dans les processus et les instances de prise de décision, surtout en période de crise. Les femmes représentent 50,7 % de la population béninoise estimée à 12 millions d’habitants. Pourtant, il n’y a que 78 femmes parmi les 1 815 représentants élus du pays. Parmi ces 78 femmes, 31 sont dans les assemblées communales. Sur les 24 ministres du gouvernement, il n’y a que cinq femmes et huit femmes sur 83 députés au parlement.

Françoise Agbaholou est la coordonnatrice nationale de l’ONG Women In Law and Development in Africa. Elle explique : « La faible représentativité de la femme et la question de sa participation aux instances de prise de décision sont la résultante des pesanteurs socioculturelles, du taux élevé d’analphabétisme de la femme, de la féminisation de la pauvreté, du défaut d’autonomisation de la femme, de son peu d’intérêt à la chose politique et du problème de positionnement pour celles qui osent s’y intéresser. »

Dans le cadre de leurs efforts pour impliquer plus de femmes dans les instances de prise de décision, le Bénin a adopté en 2019 une loi sur l’égalité des droits, mais peine à la mettre en œuvre.

Madame Montcho avoue que son réseau n’a été associé à aucun niveau du processus de prise de décision et n’a pas été consulté concernant les mesures telles que la distanciation physique ou la fermeture des marchés. D’autres associations et réseaux se plaignent également de n’avoir pas été consultés dans le processus de prise de décision.

En Afrique de l’Ouest, les femmes sont en première ligne face à la crise sanitaire parce qu’elles occupent souvent des emplois précaires dans le secteur informel. La pandémie a augmenté la vulnérabilité des femmes, car elles perdent leurs revenus. L’insécurité alimentaire a augmenté chez les femmes tout comme l’incidence des violences basées sur le genre. La plupart ont un accès limité à l’information sur la crise sanitaire, de même qu’aux services sociaux de base, tels que la santé et l’éducation. Ces facteurs ont davantage renforcé les inégalités entre les hommes et les femmes.

Pour lutter contre la COVID-19 au Bénin, le gouvernement a pris une série de mesures de riposte, dont le port systématique du masque dans les lieux publics et la fermeture des plages, des lieux de culte et des bars. Il a également instauré des « cordons sanitaires » autour de 10 communes à risque au sud du Bénin et interdit la circulation des véhicules de transport en commun.

Plusieurs associations et réseaux de femmes auraient pu être consultés pour apporter leur aide à l’élaboration et la mise en œuvre de ces mesures. Madame Montcho affirme qu’une des difficultés, c’est que : « Les organisations de la société civile ne travaillent pas en synergie … Il y a des associations qui ont les mêmes mandats, les mêmes objectifs, les mêmes cibles et qui travaillent de façon isolée. Il revient aux OSC de jouer leurs rôles et de prendre leurs responsabilités. »

L’ONG Care internationale au Bénin essaie également d’intégrer les femmes dans les processus de prise de décision. Aqueline Behanzin Dosseh est coordonnatrice de programme chez Care. Elle déclare : « Il faut veiller à ce que les femmes soient représentées dans les cadres de concertation au niveau local. »

Madame Dosseh soutient que les gouvernants ont connaissance des groupements qui existent dans les localités. Elle ajoute que les responsables de ces groupements de femmes doivent être intégrées dans les cadres de concertation au niveau local, communal, départemental et national. Elle déclare qu’il faut aussi mettre en place un processus de mobilisation et de communication par les médias et les influenceurs.

Les associations et réseaux de femmes pensent continuer à faire le lobbying pour rendre effective l’intégration des femmes dans les instances de prise de décision au Bénin.

La présente nouvelle a été produite avec le soutien financier du gouvernement du Canada par l’entremise d’Affaires mondiales Canada.

Photos: Une groupe des femmes discutent.