admin | octobre 27, 2025
Nouvelle en bref
Sur la plage de Chikombe, au lac Malawi, le transformateur de poissons Issah Amin combat la fumée et la chaleur pendant qu’il fume du poisson avec des fourneaux traditionnels, un procédé laborieux, peu économique et risqué pour la santé, que l’on observe couramment sur les rives du lac. Pour pallier cette situation, le ministère de l’Agriculture du Malawi, grâce à un financement de la Science Granting Councils Initiative, a lancé un projet en 2024, en vue d’introduire des fumoirs de poisson modernes et économes en combustibles. Ces systèmes propres réduisent l’utilisation du bois de chauffage, améliorent l’hygiène et augmentent la productivité. Cette initiative vise à toucher 500 transformateurs, notamment les femmes et les jeunes, d’ici 2026, pour une baisse des pertes après récolte et une amélioration des moyens de subsistance.
Fermant les yeux alors que la fumée des fumoirs de poissons remplit l’air, Issah Amin pousse du bois de chauffage dans l’un des sept fours sur la plage de Chikombe, un site de débarquement du poisson du lac Malawi.
Issah Amin, un transformateur de poissons local, déclare : « C’est l’un des aspects le plus difficile de ce travail. Mais si je ne le fais pas, je ne pourrai pas transporter le poisson à Lilongwe. Il va pourrir, et mon activité et ma subsistance disparaîtront. »
Sur le site du lac Malawi et d’autres sites de pêche, cette méthode de salaison laborieuse et enfumée est la norme. C’est éreintant, dangereux pour la santé et peu économique, car elle consomme beaucoup de bois de chauffage et entraîne d’importantes pertes après récolte.
Une étude d’évaluation des impacts économiques révèle des pertes de 43 % du poisson au niveau de la plage, 54 % durant la transformation et 69 % durant la commercialisation. Même si les pertes semblent parfois modestes sur le plan économique, l’étude prévient contre les risques pour la santé et une baisse de la valeur nutritive.
James Banda, chercheur principal au ministère de l’Agriculture du Malawi, soutient qu’une équipe de recherche a lancé en 2024 un projet financé par la Science Granting Councils Initiative (SGCI), afin de diminuer les pertes et d’améliorer les moyens de subsistance des transformateurs et des transformatrices.
Il explique que l’équipe développe des fumoirs de poisson modernes, des systèmes clos, propres, qui conservent la chaleur, consomment moins de bois de chauffe et sont plus faciles à faire fonctionner. Les fumoirs peuvent traiter 100 kilogrammes de poisons en deux heures et recueillent l’huile du poisson comme sous-produit supplémentaire, ce qui augmente la valeur ajoutée pour les transformateurs et les transformatrices.
Monsieur Banda ajoute : « Nous concevons de nouveaux fumoirs avec des normes d’hygiène plus élevées, moins de risques de contamination et une garantie de produits de poisson plus sains. Ces progrès font du fumoir de poisson moderne une amélioration importante pour la production, la qualité et la durabilité de la transformation du poisson au Malawi. »
Les fumoirs réduisent la charge de travail. Les transformateurs et les transformatrices peuvent désormais les remplir et vaquer à d’autres occupations, plutôt que d’avoir à s’occuper du feu constamment. Ellack Dyton, un agent de vulgarisation qui travaille sur le projet, forme les transformateurs et les transformatrices sur la construction, l’utilisation des fumoirs et la manutention du poisson. Il déclare : « Jusqu’ici, la réaction est impressionnante. Ce qui rend cette technologie attrayante pour les transformateurs et les transformatrices, c’est le fait qu’elle exige moins de bois de chauffage et moins de travail, et qu’ils peuvent maintenant mettre le poisson dans les fumoirs et mener d’autres activités. »
Monsieur Dyton ajoute : « Lorsque des innovations comme celle-ci surgissent, certains hésitent à les adopter. Cependant, celle-ci suscite beaucoup d’intérêt, et cela nous encourage. »
Selon le Rapport économique annuel 2021 du Malawi, le poisson représente plus 70 % des protéines animales alimentaires des Malawites et 40 % de l’apport total en protéines. En 2020, plus de 65 000 personnes avaient pour métier la pêche, et un autre demi-million sont employées dans la transformation, la commercialisation, ainsi que la construction de bateaux.
Monsieur Banda souligne que les fumoirs améliorés peuvent contribuer à la réduction de la pauvreté. Il déclare : « Une meilleure transformation du poisson aide les acteurs de la chaîne de valeur, notamment les femmes et les jeunes, à réduire la vulnérabilité, s’adapter aux chocs, accroître la productivité et améliorer les moyens de subsistance. »
Ce projet vise à toucher 500 bénéficiaires directs à Mangochi, une commune de pêche stratégique, ainsi qu’à diminuer les pertes après récolte et améliorer l’adoption des fumoirs de 15 % d’ici 2026.
Charles Mkoka, écologiste et directeur général de la Coordination Unit for Rehabilitation of the Environment (CURE), affirme que la technologie offre des débouchés commerciaux. Il déclare : « Le processus garantit le respect des normes de sécurité alimentaire pour les marchés locaux et régionaux. »
Il ajoute : « Ce type de technologie réduit la charge de travail et les problèmes de santé, en plus de créer des activités génératrices de revenus, en particulier pour les coopératives de femmes et les entreprises de jeunes. Ce qu’il reste à faire c’est de renforcer les capacités et de favoriser la formation des coopératives de femmes et de jeunes pour le partage de connaissances et les économies d’échelle. »
L’équipe de recherche travaille actuellement à étendre la technologie à d’autres sites de débarquement à travers le Malawi. Monsieur Banda déclare : « Notre objectif est de renforcer la qualité et l’innocuité des produits de poisson tout en réduisant les pertes sur les rives du lac. »
Le projet cible les femmes et les groupements de jeunes, leur offre des formations sur la construction, l’exploitation et les pratiques de manutention sécurisées des fumoirs. Les transformateurs et les transformatrices apprennent également à conserver le poisson et à respecter les règles d’hygiène, garantissant ainsi des produits plus sûrs pour les marchés locaux régionaux.
La présente nouvelle est inspirée d’un article écrit par Charles Mpaka pour SciDev.Net, intitulé « Eco-friendly kilns help Malawi’s fish curers cut losses. » Pour lire l’intégralité de l’article, cliquez sur : https://www.scidev.net/global/supported-content/eco-friendly-kilns-help-malawis-fish-curers-cut-losses/