Cameroun : L’énergie solaire stimule la production d’électricité au nord alors que le potentiel hydroélectrique diminue (Mongabay)

| octobre 27, 2025

Téléchargez cette nouvelle

Nouvelle en bref

Au nord du Cameroun, de nouvelles centrales solaires transforment les conditions d’accès à l’électricité dans des villes, comme Guider et Maroua, qui ont longtemps dépendu du barrage hydroélectrique vieillissant de Lagdo. Les sécheresses récurrentes ont réduit le débit de Lagdo, mais, depuis 2023, l’ajout de centrales solaires de 18 mégawatts stabilise l’offre et réduit les pannes d’électricité. Selon les habitants, l’électricité est maintenant plus fiable, ce qui stimule les activités commerciales et la vie quotidienne locales. Les spécialistes notent que la combinaison du solaire et des systèmes hydroélectriques existants peut renforcer la résilience énergétique et aider les communautés confrontées aux défis énergétiques liés au climat.

Au nord du Cameroun, le barrage hydroélectrique de Lagdo a été pendant longtemps la principale source d’énergie. Cependant, les sécheresses récurrentes et l’ensablement du fleuve Benue réduisent sa capacité, notamment en saison sèche. Aujourd’hui, l’énergie solaire permet de stabiliser l’approvisionnement en électricité de la région, apportant ainsi de l’espoir aux habitants. 

Monsieur Alioum est ferronnier à Guider, une ville de 500 000 habitants au nord du Cameroun. À ses dires, il n’a plus autant recours à sa génératrice alimentée au carburant qu’avant. »

Il déclare : « Depuis qu’il a recommencé à pleuvoir, les coupures ont diminué. En saison sèche, nous avons toujours des coupures, mais cela ne dure plus aussi longtemps qu’avant. »

Monsieur Alioum attribue cette amélioration aux nouvelles centrales photovoltaïques dans la région, ainsi qu’à la meilleure pluviométrie qui permet d’augmenter le débit du barrage de Lagdo. Guider abrite l’une de ces centrales solaires devenues opérationnelles en septembre 2023. Une autre centrale a été ouverte à Maroua, à 100 kilomètres au nord de Guider. Chaque centrale a une capacité de 18 mégawatts et alimente le réseau interconnecté du nord qui éclaire les trois régions les plus au nord du Cameroun. Abdouraman Saïdou est le maire adjoint de Guider. Il soutient que les nouvelles centrales solaires font une véritable différence. 

Il déclare : « Dès que ces centrales ont commencé à produire, nous avons constaté une amélioration de la distribution électrique. Avant, nous n’avions de l’électricité que cinq heures par jour. Cela a réellement changé la vie des gens, même sur le plan économique. »

En septembre 2025, le Cameroun a lancé un projet d’extension des centrales solaires de Guider et de Maroua, afin d’accroître la capacité de 28,6 mégawatts d’ici 2026. Monsieur Saïdou croit que cette extension pourrait résoudre les problèmes d’électricité de la région.

Il déclare : « Le gouvernement affirme que ces centrales amélioreront les services de distribution d’électricité au nord, et nous constatons déjà les avantages. »

Selon la société nationale d’électricité du Cameroun, Energie du Cameroun (Eneo), les centrales solaires réduiront les émissions de carbone de 37 000 tonnes par an et contribueront à la lutte contre le changement climatique dans la région aride du nord. 

Monsieur Enok Louayakba est un technicien en énergies renouvelables basé à Garoua. Il affirme que l’énergie solaire est adaptée pour le nord.

Il déclare : « Il y a beaucoup de soleil au nord. On n’a pas besoin de plusieurs panneaux pour construire un système avec un bon rendement. C’est différent du sud, où le soleil brille moins et où vous avez besoin d’un plus grand nombre de panneaux. »

Sa société fournit des installations solaires depuis près d’une décennie. Ils collaborent avec les conseils municipaux et les ménages locaux, en vue de leur fournir de l’énergie solaire comme source d’énergie de secours lorsque le réseau électrique régulier tombe en panne.

Monsieur Louayakba déclare : « Le solaire est bon pour les petits besoins. Cependant, il ne peut pas à lui seul satisfaire la forte demande pour l’énergie. Toutefois, en ce qui concerne Guider et Maroua, l’approvisionnement en électricité s’est amélioré. »

Il explique qu’en saison sèche, le barrage de Lagdo ne fonctionne qu’avec un générateur et ne peut pas satisfaire la demande de la région. Mais durant la journée, les centrales solaires injectent jusqu’à 30 mégawatts dans le réseau, ce qui permet de réduire les coupures.

Construit dans les années 80, le barrage de Lagdo produisait jadis 72 mégawatts. Aujourd’hui, il fonctionne à la moitié de sa capacité à cause des problèmes climatiques, tels que l’ensablement du fleuve et les longues saisons sèches, qui dure parfois huit mois.

Outre Lagdo, Guider et Maroua, le nord a également des centrales thermiques à Djamboutou et à Ngaoundéré, et des centrales plus petites à Poli et à Tcholliré. Cependant, la fourniture totale au nord est juste au-dessus de 100 mégawatts, ce qui est bien en deçà de la demande, qui varie entre 200 et 250 mégawatts. Les grandes industries, telles que celles qui produisent du coton et du ciment, nécessitent plus d’électricité. 

La société nationale Electricity Development Corporation (EDC) qui conseille le gouvernement sur les questions d’énergie, compte construire des centrales hydroélectriques et solaires dans la région d’Adamawa. Celles-ci seront situées sur le fleuve Djerem, près de Mbakaou, où le débit de l’eau est plus stable. 

Ibrahim Haman Tizi est responsable des relations publiques à l’EDC. Selon lui, le projet comprend une mini centrale hydroélectrique de 54 mégawatts, une centrale hydroélectrique principale de 234 mégawatts et une centrale solaire de 111 mégawatts. Il prévoit également la construction d’un poste de transformation à Tibati pour relier les réseaux électriques du nord et du sud. 

Monsieur Haman déclare : « Nous avons besoin de sites où il y a constamment de l’eau, comme à Tibati, et qui allient l’énergie hydraulique et l’énergie scolaire. C’est plus fiable que l’énergie hydraulique et l’énergie thermique. »

Selon l’EDC, les nouveaux projets débuteront en 2026 et n’entraîneront pas de problèmes environnementaux ou sociaux majeurs, car les installations seront aménagées sur des terres appartenant déjà à l’État.

Monsieur Haman déclare : « Nous avons déjà un réservoir et aucune population n’aura besoin d’être déplacée. Il y aura un plan de gestion environnemental et social, et nous appuierons aussi la communauté avec des infrastructures. »

En attendant, les habitants de Guider, Garoua, Maroua et Ngaoundéré observent déjà une diminution des coupures d’électricité depuis le retour des pluies en juin. Avec l’augmentation de la capacité du solaire et les nouveaux projets hydrauliques à l’horizon, le Cameroun espère offrir une stabilité énergétique durable aux régions du nord.

Photo : Un pylône construit par la National Electric Power Transmission Company (SONATREL) près de la centrale solaire de Guider. Image prise par Yannick Kenné pour Mongabay.La présente nouvelle est inspirée d’un article écrit par Yannicl Kenné pour Mongabay, intitulé « L’énergie solaire renforce l’hydroélectricité en déclin au nord du Cameroun. » Pour lire l’intégralité de l’article, cliquez sur : https://fr.mongabay.com/2025/10/lenergie-solaire-renforce-lhydroelectricite-en-declin-au-nord-du-cameroun/.