Netsanet Hailu | mars 19, 2018
Tout comme de nombreux agriculteurs et agricultrices avisés, Bontu Haji aimerait cultiver différentes denrées et variétés chaque saison, pour qu’au cas où une d’elles ne produit pas bien, elle puisse se rabattre sur les autres pour avoir de la nourriture et un revenu pour subvenir aux besoins de ces enfants. Les agriculteurs et les agricultrices d’exploitations familiales comme madame Bontu dépendent également de la diversité des plantes cultivées pour faire face aux problèmes environnementaux tels que le changement climatique.
Toutefois, il arrive que madame Bontu ne trouve pas de semences adaptées aux nouvelles conditions météorologiques, et pouvant pousser et produire bien sans apport d’intrants chimiques.
Madame Bontu vit avec ses quatre enfants à Adere, un village de la région d’Oromia, en Éthiopie. Elle affirme que depuis plusieurs années, les cultivateurs et les cultivatrices de sa région ne conservent pas les semences indigènes qu’avaient utilisées les générations précédentes. Elle ajoute : « C’est vraiment dommage. Nous aurions dû les garder. »
Cela fait plus d’une décennie que l’organisation non gouvernementale Ethio-Organic Seed Action, ou EOSA, travaille avec madame Bontu et d’autres paysans et paysannes de la région pour rétablir la diversité des cultures indigènes.
Madame Bontu affirme que, grâce au soutien d’EOSA, les agriculteurs et les agricultrices créent des banques de semences locales pour contribuer à la régénération des plantes locales. Ils utilisent actuellement un certain nombre de variétés végétales indigènes.
Selon elle, les agriculteurs et les agricultrices de sa région ont multiplié des échantillons de semences cette année et ont l’intention de cultiver celles-ci durant les prochaines années.
Sisay Beyene est un autre agriculteur du village d’Adere qui travaille à régénérer les semences locales disparues il y a quelques années.
Il déclare : « Nous assistons à la disparition lente de biens locaux tels que les semences locales de diverses plantes. Cela me contrarie, car ces semences existaient grâce aux générations qui se les transmettaient. »
Monsieur Beyene affirme qu’il est indispensable de conserver ces semences indigènes pour les transmettre à la génération suivante. Il ajoute : « Avoir des semences locales … est très important pour ma famille et moi. Nos pères et nos ancêtres cultivaient ces semences. Elles font partie de notre identité en tant que communauté. »
Bedilu Tafesse est expert en cultures agricoles à EOSA. À ses dires, l’ONG encourage les agriculteurs et les agricultrices d’exploitations familiales à produire et distribuer les semences locales, et à diversifier leurs denrées et les variétés qu’ils cultivent. Il affirme que cela les aidera à subvenir aux besoins de leurs familles.
Monsieur Bedilu explique : « Nous aidons les agriculteurs à ramener à la vie et à préserver les semences locales qui existaient il y a plusieurs années. Cela contribue à la préservation des valeurs sociales, culturelles, économiques, environnementales etc. des ressources ».
Selon lui, quand ils en ont la possibilité, les agriculteurs et les agricultrices sont les meilleurs multiplicateurs de semences. Il ajoute : « Nous permettons aux agriculteurs d’avoir accès aussi bien aux [variétés] paysannes qu’aux variétés officielles selon les quantités dont ils ont besoin, et ce, à temps pour la plantation, et à un prix abordable pour eux. »
Grâce à EOSA, les paysans et les paysannes multiplient différentes variétés locales et choisissent ensuite celles qui sont le plus adaptées pour leurs besoins. Ils apprennent également à polliniser des cultures comme le maïs. Monsieur Bedilu affirme que ces activités permettent de préserver et d’améliorer les variétés paysannes adaptées aux conditions agricoles locales.
Les variétés de semences locales offrent beaucoup d’avantages. Madame Bontu soutient qu’elle préfère utiliser les variétés indigènes pour préparer les plats traditionnels, car elles sont savoureuses, nutritives et bonnes pour la santé. Elle explique : « Comme elles poussent sans produits chimiques ni engrais chimiques, nous les utilisons pour la consommation familiale. »
À ses dires, elle peut désormais préparer une plus grande variété de mets pour sa famille. Elle ajoute que le projet de multiplication de semences crée un esprit d’équipe chez les femmes du village.
Monsieur Beyene affirme que plusieurs semences indigènes résistent également mieux aux maladies et s’adaptent aux diverses conditions météorologiques. Il ajoute : « Nos récoltes augmentent et nos conditions de vie s’améliorent. »
La présente nouvelle a été produite grâce au financement de The McLean Foundation.
RRI aimerait également remercier USC Canada et son partenaire local, EOSA, pour l’appui qu’ils ont apporté à la production de cette nouvelle.