Mali : Des femmes préservent les semences locales

| mars 21, 2016

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Il y a cinq ans, des femmes au Mali se réunissaient au sein de la Convergence des Femmes pour la Souveraineté Alimentaire ou COFERSA. Les femmes de l’organisation collectent, conservent, emmagasinent et multiplient des semences paysannes. Par ces actions, les femmes disent qu’elles assurent la souveraineté alimentaire par le contrôle intégral des semences locales.

Alimata Traoré est la présidente de la COFERSA. Elle dit : « De tout temps en Afrique, ce sont les femmes qui étaient chargées de la conservation des semences familiales. Nous ne faisons rien d’autre que de perpétuer cette pratique ancestrale pour demeurer maître de ce que nous mangeons».

La COFERSA est une union qui rassemble 33 coopératives de femmes, comptant 3900 membres dans tout le Mali. Le siège est à Sikasso. Pourtant, la convergence des femmes n’a pas toujours été une union semencière. Avant, les femmes de la COFERSA transformaient des céréales et les produits agricoles qu’elles vendaient.

Mais la conservation des céréales cultivées avec les engrais chimiques était problématique. Fatoumata Coulibaly est membre de la COFERSA et une transformatrice. Elle se rappelle : « Nous avions constaté que nos produits … se conservaient mal dû aux produits chimiques utilisés lors de la production.»

Pour répondre à ce problème, les femmes se tournent vers l’agro-écologie. Juste avant se changement, les femmes de la convergence ont acquis 20 hectares de terres. L’organisation a alors formé ses membres sur les pratiques agro-écologiques, comme produire de l’engrais organique et des répulsifs à base de plante.

Après la formation, les femmes procèdent au recensement et à la collecte des espèces céréalières locales. Mme Traoré explique : « Nous sommes présentes quasiment dans tout le Mali grâce à nos coopératives. Cela nous facilite grandement la collecte des semences. Chaque coopérative est chargée de collecter les semences de sa région ».

Les femmes de l’union échange des semences contre d’autres variétés qu’elle ne possède pas. Cette démarche a permis à la COFERSA de recenser à ce jour près d’une quarantaine de variétés de semences paysannes, dont 19 variétés de sorgho.

Après avoir identifier et collecter les semences, la dernière étape consiste à multiplier les semences sur le champ de 20-hectares à Sikasso. Une fois récoltées, les femmes utilisent des techniques ancestrales pour conserver les semences dans des canaris, des gourdes et des greniers.

Pour l’heure, la COFERSA ne vend pas ses semences. Mme Traoré explique : « Nous sommes encore au stade de la multiplication. Quand nous aurons des semences en quantité suffisante, nous pourrons alors les mettre à la disposition des producteurs Maliens pour qu’ils s’affranchissent de l’achat des semences importées ».

Les femmes de la COFERSA disent qu’elles ne parviendront pas à gagner le combat de la souveraineté alimentaire sans la maîtrise de l’approvisionnement en semences. Elles craignent qu’une fois les variétés locales disparues, les paysannes et les paysans ne soient à la merci des firmes qui les obligeront à acheter chaque année des semences brevetées.

Mme Traoré prévient : « Nos grands-parents nous ont transmis un patrimoine génétique que nous devons transmettre à nos enfants, au risque de les transformer en esclaves soumis à la volonté de firmes productrices de semences ».