Sénégal : Un agriculteur développe une nouvelle façon de planter des manguiers avec peu d’eau

| novembre 2, 2015

Téléchargez cette nouvelle

Il y a seulement quelques années, Cheikh Babou ne pensait pas qu’il pouvait faire pousser des manguiers dans son région. Son village de Keur Ndiogou Ndiaye, se situe dans la région de Thiès, à quelques 100 kilomètres de la capitale Dakar où la sècheresse sévit régulièrement.

M. Babou explique : «  Nous étions épuisé du manque d’eau dans notre zone. Nous voulions absolument avoir des arbres fruitiers. Certains même disaient que le manguier ne pouvait pas survivre dans notre terroir».

Mais, malgré le manque d’eau dans le village, M. Babou réussit à faire pousser des semis et des plants pour obtenir des manguiers matures. En effet, chaque année il vend environ 1000 manguiers pour un prix de 500 à 600 francs CFA l’unité [0,85 à 1 $ US].

Pour accroire les chances de survie de ses manguiers, M. Babou les plante au milieu d’un arbuste sauvage localement appelé « nguiguiss ». L’arbuste protège ainsi le manguier contre, entre autres, le soleil, les vents de l’harmattan, et les animaux en divagation.

Plantation de manguiers

Photo: Plantation de manguier. Crédit: Inoussa Maïga

Un autre avantage : le manguier peut ainsi profiter de l’humidité et des micronutriments présents au pied de l’arbuste. M. Babou explique : « La plantation du manguier dans  les touffes de Nguiguiss [profit de la matière organique] grâce aux  feuilles mortes de l’arbuste. Elles permettent la croissance du manguier sans arrosage. Les touffes de Nguiguiss remplacent l’eau qui était prévu pour l’arrosage ».  

Djibril Thiam est le coordinateur de Promouvoir l’Expérimentation et l’Innovation Paysannes au Sahel, qui est une plateforme qui regroupe des agriculteurs et agricultrices, des chercheurs, des ONG pour un apprentissage mutuel. M. Thiam dit : « C’est dans ce cadre qu’on a identifié depuis 2007 l’innovation qui porte sur l’association du manguier et du nguiguiss.  Des expérimentations conjointes ont été menées et actuellement [nous sommes certains que planter des semis de mangues avec le nguiguiss] est une réponse au changement climatique ».

En mai 2015, M. Babou a présenté son innovation à Ouagadougou dans le cadre de la foire de l’innovation paysanne en Afrique de l’Ouest. À cette conférence, il a invité les agricultrices et les agriculteurs a planté des arbres dans leurs champs. Il a surtout insisté sur les arbres fruitiers car ceux-ci offre un double bénéfice. Les arbres aident à restaurer et maintenir la fertilité du sol et prévenir l’érosion, et les agricultrices et les agriculteurs profitent en mangeant et en vendant les fruits de l’arbre.