Nelly Bassily | mars 16, 2015
Violet est une vendeuse de poisson qui vit avec le VIH depuis six ans. Elle raconte : « J’ai contracté le VIH à la plage. »
La plage dont elle parle borde l’Océan indien dans le département de Mombasa, au Kenya. L’océan est la principale source de revenus des communautés locales. Mais les pêcheurs et les vendeuses de poissons ont de fortes chances de contracter le VIH.
Selon une étude menée par le National HIV and AIDS Estimates Working Group, en 2013, le taux d’infection au VIH est en baisse parmi la population adulte kényane. Toutefois, une femme sur dix vit avec le VIH dans le département de Mombasa.
Les vendeuses sont plus nombreuses que les pêcheurs sur la plage. Par conséquent, les femmes se battent pour avoir le droit d’acheter le poisson qu’elles vendent par la suite au marché. Les pêcheurs profitent souvent de cette concurrence pour proposer aux femmes de leur accorder des faveurs sexuelles pour qu’ils leur vendent du poisson.
Violet explique : « Avant, on faisait affaire directement avec les pêcheurs, et lorsqu’on n’avait pas assez d’argent, ils nous donnaient du poisson en échange d’un ‘petit moment de plaisir’. Parfois, ils … demandaient à coucher avec nous plutôt que d’avoir de l’argent, et ce, même lorsque nous avions de l’argent pour payer le poisson. »
Violet doit pourvoir seule aux besoins de ses deux enfants, et elle n’a aucune qualification ou aucun espoir de trouver un autre emploi. Néanmoins, elle a décidé de mobiliser les autres vendeuses. Les femmes ont créé un groupement pour aider à réduire le taux de VIH parmi la communauté des pêcheurs et leur permettre de prendre le contrôle de leurs moyens de subsistance.
Dans la petite communauté de pêcheurs de Marina, le groupement féminin a maintenant une entente avec les pêcheuses pour que celles-ci vendent leurs poissons aux vendeuses. Ainsi, les vendeuses ne traitent plus directement avec les pêcheurs.
Violet raconte : « Nous étions tous affectés. Tout le monde couchait avec tout le monde … Grâce au soutien psychologique et aux conseils sur le VIH, j’ai compris que j’étais sur le mauvais chemin et j’ai pensé que je pouvais partager ce que j’apprenais au centre … Nous avons désormais des rencontres hebdomadaires durant lesquelles nous nous asseyons ensemble pour discuter de nos problèmes de santé, et c’est ce qui a permis la création du groupement social. »
Le groupement de Violet réussit à distribuer des préservatifs pour assurer des pratiques sexuelles sans risques. Le groupe sensibilise également les membres sur les risques que comportent les relations sexuelles non protégées avec de multiples partenaires. Mais le groupe est encore à ses débuts et a besoin de régler des questions telles que la sensibilisation sur le VIH et le renforcement des capacités.
Hamisi est un pêcheur local qui vit avec le VIH. Il a perdu sa femme décédée des suites de complications liées au SIDA. Hamisi raconte : « Nous espérons que les organismes de lutte contre le SIDA viendront nous parler du VIH et nous montrer comment prendre soin de nous-mêmes. »
Violet et ses collègues ont soif de connaissances. Elle déclare : « Nous espérons que le gouvernement ou les organismes vont nous aider à comprendre davantage le VIH … afin de réduire le taux de VIH sur nos plages dans l’ensemble. »
Pour lire l’article duquel provient cette histoire intitulée « Les pêcheuses kényanes habilitées pour lutter contre le VIH », cliquez sur http://www.trust.org/item/20150306104146-60oa5/