Côte d’Ivoire : Un maraîcher fait de bons bénéfices en adhérant au Bureau de Vente des Producteurs

| février 23, 2015

Téléchargez cette nouvelle

Le vent d’harmattan avec sa chaleur torride fouette les vêtements de Daniel Konan Yao alors que le maraîcher scrute le ciel en balisant du regard sa parcelle d’un hectare et demi.

Bureau de vente des producteurs_Cote d'Ivoire 2

Crédit: Issiaka N’Guessan

M. Yao cultive dans le village de N’Guessanpokoukro, au centre-Nord de la Côte d’Ivoire. Il est content qu’il a déjà préparé la terre pour les prochaines plantations de tomate. Il explique : « Cette année j’ai acquis une motopompe grâce à la vente de ma production de tomate de l’année dernière. Cette motopompe me permet d’agrandir mon champ […]Je vais utiliser du compost [comme fertilisant] car les consommateurs hypertendus et diabétiques n’aiment pas les produits chimiques ».

Si aujourd’hui Monsieur Yao a pu s’équiper d’une motopompe et agrandir son champ, c’est grâce à son adhésion au Bureau de Vente des Producteurs en 2007. Le Bureau de Vente des Producteurs est une sorte de coopérative qui centralise les productions maraichères afin de procéder à leur vente groupée. Les producteurs y adhèrent parce que la coopérative négocie les prix directement avec les acheteurs en leur nom.

La coopérative a été établi en réponse à la mévente des productions vivrières qui minaient les agricultrices et les agriculteurs de la Côte d’Ivoire. M. Yao témoigne: « On avait tendance à brader nos produits et cela me décourageait. Il y a eu des acheteurs qui ont fui avec nos productions sans payer un rond ».

Avec le succès du Bureau de Vente des Producteurs, cela n’est plus qu’un mauvais souvenir. M. Yao dit : « Maintenant on a acquis de l’expérience en commercialisation […] Je me fatigue moins et je gagne plus car aujourd’hui, je vends de 350 jusqu’à 900 Francs CFA /kg de tomate (entre $0,60 à $1,50 U.S.) ».

M. Yao a entendu parler de la coopérative pour la première fois en 2007. Il se souvient : « Alexis N’Guessan, le responsable du Bureau de Vente des Producteurs, était venu avec un de nos frères d’un village voisin pour une sensibilisation sur l’importance du regroupement de nos productions [pour] la maitrise des prix sur le marché national. J’ai vite perçu par les explications le caractère novateur de cette initiative. Le BVP était ce qu’il me fallait pour résoudre les difficultés de commercialisation. » C’est ainsi que M. Yao a adhéré, mais beaucoup d’autres villageois étaient réticents.

CYMERA_20150206_105247

Crédit: Issiaka N’Guessan

Alexis N’Guessan dit que depuis les huits dernières années, 7000 productrices et producteurs ont créés 132 groupements qui ont améliorés leur quotidien. Il continue : « De façon générale, les choses ont sérieusement évolué. On a ouvert alors que le pays était encore en pleine crise. Aujourd’hui, un de nos villages appelé Ken’dekan vient de bénéficier d’une école primaire de trois classes pour un coût de 16.5 millions de Francs CFA ($28 700 U.S.) grâce au Bureau de Vente des Producteurs. L’Etat réhabilite les voies de desserte des parcelles de tomate pour que la production sorte vers les marchés ».

M. Yao affirme qu’il gagne plus d’argent, ce qui lui permet aujourd’hui de scolariser ses quatre enfants et de mieux les soigner en cas de maladie. Il planifie d’augmenter ses superficies et d’acheter du matériel plus performant. Il songe également à déménager dans la région de Marabadiassa. On y trouve les anciennes parcelles de l’ex-société d’Etat, Sodefel, qui produisait la tomate. M. Yao explique : « Je pourrai solliciter de grandes superficies et ainsi produire suffisamment. Chez nous c’est impossible ».

Voyant les changements positifs dans le quotidien de M. Yao, de plus en plus de producteurs du village de N’Guessanpokoukro commencent à adhérer à la coopérative. M.Yao est fier d’être un précurseur reconnu. Il s’en félicite en disant : « nos autres frères non membres du Bureau de Vente des Producteurs nous confient leurs produits pour la commercialisation […] l’adhésion ne coûte que 500 Francs CFA (87 cents U.S.). Je suis à mon niveau assuré de bien vendre c’est pourquoi j’ai augmenté mes superficies ».