Tanzanie: Plus de fruits dans la lutte pour une meilleure nutrition en Tanzanie (Al Jazeera)

| novembre 11, 2013

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Selemani Hussaini ne pensait pas souvent à manger des fruits. Pour cet agriculteur tanzanien de 46 ans, un repas typique comprenait de l’ugali, une bouillie épaisse à base de maïs, avec des haricots cuits et une tasse de thé africain ou de café instantané.

M. Hussaini dit: « C’est comme ça qu’on nous appris à manger. Personne ne parlait vraiment de fruits. » En Tanzanie, les coutumes alimentaires traditionnelles négligent souvent la valeur des fruits frais et démontrent un manque de sensibilisation par rapport à la nutrition de base.

M. Hussaini vit dans la région centre-est de Morogoro, à environ 150 kilomètres de l’Océan Indien. Comme près de 75 pour cent de Tanzaniens, il vit dans une zone rurale.

Les régimes alimentaires traditionnels ont contribué à des niveaux élevés de malnutrition. Quarante-deux pour cent d’enfants tanzaniens de moins de cinq ans d’âge ont des troubles de croissance à cause de régimes alimentaires pauvres en calories et en vitamines.

Alex Nalitolela est un spécialiste de la nutrition qui œuvre à changer les perceptions locales vis-à-vis des aliments, par le biais d’un projet régional sur la nutrition appelé Mwanzo Bora [« Bon départ », en swahili]. Sous la direction d’Africare et avec le financement de l’USAID, ce projet aborde le problème de la malnutrition en intégrant des stratégies nutritionnelles et agricoles.

Le projet a conçu des Farmers Field Schools et vingt parcelles de démonstration, dans quatre régions de la Tanzanie. Des formations ont été conduites pour montrer comment cultiver des fruits et des légumes et comment diversifier un régime alimentaire.

La stratégie de Mwanzo Bora est conçue pour changer les idées et les comportements des locaux vis-à-vis de la nourriture. Le projet encourage les fermiers locaux à consommer certains des fruits et des légumes des nouveaux jardins à domicile, plutôt que de tous les vendre. Il organise des groupes communautaires au sein desquels les voisins peuvent s’entraider en apprenant à changer les régimes alimentaires traditionnels. Plus de 6000 personnes sont impliquées dans ces groupes.

Daria Amre est une participante au projet qui cultive des laitues, des choux, des épinards, des poireaux et des pommes de terres, et qui mange des fruits tels que les jacquiers qui poussent sur des arbres voisins. Elle dit que ses trois enfants ne tombent plus aussi souvent malades depuis qu’elle a commencé à utiliser les connaissances nutritionnelles pratiques qu’elle a apprises.

La Tanzanie est en train de mettre en œuvre une campagne nationale pour intégrer la nutrition et le développement économique par le biais de l’agriculture. En ce moment, l’agriculture représente plus de 25 pour cent de l’économie tanzanienne et le secteur agricole emploie près de 75 pour cent de la population active.

Obey Assery est directeur du bureau du Premier Ministre, et porte-parole en ce qui a trait au programme national du gouvernement pour lutter contre la malnutrition. Il dit: « On peut trouver une grande contradiction. Nous avons une forte production alimentaire [mais aussi] un haut niveau de malnutrition. »

Les nutritionnistes comme M. Nalitolela disent qu’au-delà des politiques et des initiatives du gouvernement, tout dépend en fait de la base. Les agriculteurs, les mères, les pères et les enfants ont besoin de savoir comment bien manger, et il faut changer les perceptions concernant la nourriture, particulièrement les fruits.

M. Nalitolela dit: « Jusque là, les habitants des villes semblent être plus ouverts en matière d’acceptation du rôle des fruits dans la santé humaine, par rapport aux habitants des campagnes. » Il recommande de manger une orange par jour, une mangue par jour, ou même seulement une tranche de papaye régulièrement.

M. Hussaini a pris ces recommandations à cœur, et ses habitudes alimentaires ont changé depuis qu’il est impliqué dans les activités de Mwanzo Bora. Il dit: « Je n’avais pas l’habitude de manger des fruits et des légumes mais maintenant (…) j'[en] mange chaque jour. »