Nelly Bassily | novembre 26, 2012
Au Malawi, les femmes accomplissent plus de la moitié du travail de ferme. Letina Gondwe ne fait pas exception à la règle. En tant que veuve, elle doit assumer seule la responsabilité de prendre soin de sa famille. L’agriculture était le seul moyen pour elle de générer de la nourriture et des revenus. Mais quand on lui annoncé que son test pour le VIH était positif, on lui a conseillé de faire moins de travaux champêtres.
Tandis que Mme Gondwe prenait soin de sa santé, ses rendements de maïs diminuaient. Elle semblait prise dans une situation impossible jusqu’à ce qu’elle découvre l’agriculture de conservation du sol (une méthode agricole qui exige moins de labour). En mettant en pratique l’agriculture sans labour, Mme Gondwe a commencé à favoriser l’application de ses connaissances tout en dépensant moins d’énergie à travailler dans son champ.
Mme Gondwe vient de Mwakabanga, un village situé le long de la frontière nord du Malawi. Elle a appris qu’elle était porteuse du VIH il y a cinq ans, peu après la mort de son mari. À l’époque, son système immunitaire s’était considérablement affaibli. Elle a commencé à prendre des antirétroviraux -des médicaments qui renforcent l’immunité-, qui étaient fournis par le centre de santé proche de chez elle.
Mme Gondwe a repris des forces quelques mois après avoir commencé le traitement. Mais les travaux champêtres intensifs restaient un problème. Quelques années plus tard, Mme Gondwe a commencé à se sentir désespérée. Elle se souvient: « La vie devenait insupportable parce que j’avais de plus en plus de mal à assurer ma sécurité alimentaire d’une année à l’autre. Je considérais l’idée de démarrer [une] petite entreprise mais je n’avais aucun capital. » Elle avait le sentiment que sa seule option était d’aller contre les recommandations de l’hôpital et de passer plus d’heures dans son champ.
Il y a un an, sa vie a pris un nouveau tournant. Un agent de vulgarisation lui a présenté la notion d’agriculture de conservation du sol. L’ agent a expliqué les principes de cette pratique à Mme Gondwe et à d’autres petits agriculteurs de la région qui vivent avec le VIH. Beaucoup d’entre eux ont rapidement adopté ces nouvelles méthodes agricoles.
L’agriculture de conservation du sol nécessite moins de labour -une activité exigeante en efforts physiques et en temps. Deux alternatives au labour sont proposées. Une des options est appelée labour de bassin. Les agriculteurs creusent des petits bassins ou des petits puits pour collecter de l’eau et des nutriments du sol. L’autre option est appelée « fracturation ». Les agriculteurs utilisent un outil qui transperce le sol compacté, permettant ainsi à l’eau et aux racines d’y pénétrer profondément.
Ces alternatives au labourage réduisent la perte et l’érosion du sol. Ils constituent un complément aux autres principes d’agriculture de conservation du sol, qui consistent à laisser les résidus de récoltes dans les champs pour qu’ils servent de paillis, et à faire une rotation de cultures.
Kossam Munthali est le directeur exécutif de la Fondation pour les Services de Soutien Communautaire. Cette organisation non-gouvernementale supporte les personnes vivant avec le VIH et le Sida, dans la région. M. Munthali félicite les agriculteurs d’avoir adopté cette nouvelle approche agricole qui nécessite moins d’efforts.
Les pratiques d’agriculture de conservation du sol ont apporté joie et espoir à bien des agriculteurs vivant avec le VIH, au Malawi. Mme Gondwe cultive essentiellement du maïs, mais maintenant elle cultive aussi du manioc et des pommes de terre. Elle produit désormais assez de nourriture pour sa famille, et même des surplus qu’elle peut vendre. Avec ses nouveaux revenus, elle achète d’autres aliments nutritifs pour agrémenter son régime alimentaire. Revigorée par l’espoir qui renaît, elle dit: « Je souhaite que tous les petits agriculteurs qui vivent avec le VIH puissent adopter ce genre de techniques agricoles ».