Guinée Conakry: Le Moungal permet aux maraîchers de produire de la tomate en toute saison (Ibrahima Sory Cissé, pour Agro Radio Hebdo en Guinée Conakry)

| janvier 9, 2012

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Aboubacar Sylla  est un producteur de tomates vivant à  Koliadi, dans le sud-ouest de la Guinée. Mais il ne produit pas n’importe quelle variété. Depuis deux ans, M. Sylla consacre deux hectares de terrain à la production du Moungal, une variété de tomates nouvellement introduite dans la région.  Le rendement du Moungal est énorme. En deux ans seulement, M. Sylla a gagné suffisamment d’argent pour construire une maison moderne en parpaing.

M. Sylla n’est pas le seul à avoir été conquis par la nouvelle variété de tomates. De nombreux producteurs sont ravis. Les revenus des ventes permettent de régler les problèmes de la vie quotidienne tels que la scolarisation des enfants.

Selon M. Sylla, cette variété est plus productive et plus facile à cultiver. Le Moungal se cultive en toute saison.  Dans les bas-fonds en saison sèche, sur les coteaux en saison des pluies.  Toutes sortes de sols lui sont favorables. Le Moungal est une nouveauté dans cette région de la Guinée.

Le Moungal est une variété de tomates améliorée, testée par le centre de recherche agronomique de Foulayah.  Elle a été introduite à Koliadi en 2000, par l’intermédiaire d’associations d’agriculteurs.

Thierno Hamidou Camara est chercheur au centre de recherche agronomique de Foulaya. M. Camara ne tarit pas d’éloges sur la tomate Moungal. Il affirme: « Nous avons commencé des essais pour obtenir la variété sollicitée par les agriculteurs en passant au crible 25 variétés de tomates. » Cinq variétés se sont distinguées. Le croisement de celles-ci a donné le Moungal qui présente une grande résistante et un excellent rendement.

Selon M. Camara,  un hectare de Moungal entretenu selon les règles agro-techniques donne jusqu’à 25 tonnes de produits commercialisables.

Avant le Moungal, « la merveille du marché » et le « Garaconi » étaient les variétés cultivées en saison sèche sur les coteaux. Cela réduisait les maraîchers au chômage en saison pluvieuse.  La zone de Koliadi bénéficie de l’expertise locale nécessaire pour maintenir son leadership en matière de production de tomates.

Cependant, le Moungal risque de devenir une victime de son propre succès. La surproduction semble s’annoncer puisque le seul grand marché d’écoulement est celui de Madina, à Conakry, la capitale. Le pays n’a aucune conserverie pour la fabrication de pâte de tomate.

Pour mettre les agriculteurs à l’abri des soubresauts de la surproduction, le centre de Foulaya préconise que les producteurs s’organisent en fonction des commandes des clients de Fria, Kamsar et Sangaredi, les principales villes de la région.

Quant à M. Sylla, il contourne le problème autrement, en produisant des céréales. Il affirme: « En plus de la tomate Moungal que je chéris, je cultive le maïs au mois d’avril, dans mes bas-fonds.

Il vend la totalité de son maïs sur le marché local. Il utilise l’argent ainsi gagné pour acheter du riz afin de permettre à sa famille de passer la période de soudure.  Il dit: « Je ne suis jamais surpris par la mévente, j’ai toujours quelque chose en terre ».