Guinée: Les jeunes apprennent comment éviter la transmission du VIH grâce au théâtre (par Ibrahima Sory Cissé, pour Agro Radio Hebdo, en Guinée)

| décembre 12, 2011

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La place publique est inhabituellement animée, à Mambia. Les gens sont rassemblés pour une soirée de théâtre en plein air. Ce soir, des éducateurs du centre de counselling sur le VIH et le sida vont jouer une pièce. Le spectacle présentera des informations et fera de la sensibilisation sur le VIH et le sida.

Les personnages utilisent un language expressif pour décrire comment le VIH se transmet. Ils abordent tous les aspects, y compris les rapports sexuels non protégés et l’utilisation d’objets contaminés. Les éducateurs sont des pairs et expliquent les dangers occasionnés par une personne ayant des partenaires sexuels multiples. Dans la langue locale, le Soussou, ils expliquent l’importance de faire le test de façon volontaire.

Mambia est une ville minière de l’ouest de la Guinée. Le centre de counselling qui a joué la pièce est connu sous le nom de CECOJE. Les agents du centre ont choisi Mambia parce que l’activité sexuelle augmente considérablement dans cette région. C’est à cause de la présence de la mine de bauxite de Débélé, une communauté voisine. Les hommes qui travaillent ici sont séparés de leur famille durant de longues périodes de temps. Beaucoup d’entre eux ont plusieurs partenaires, et la prostitution est chose courante. La prévalence du VIH est de 1.5%. Mais les choses changent, grâce à des activités de sensibilisation telles que le théâtre.

Les acteurs surprennent le public quand ils disent que la personne la plus maigre du village n’est pas forcément celle qui porte le virus. La personne la mieux habillée ou la plus respectée du village pourrait avoir le VIH. Cette personne pourrait même ne pas le savoir. La pièce exhorte les jeunes femmes et les jeunes hommes à utiliser des préservatifs, ou à pratiquer la fidélité ou l’abstinence. Les messages provoquent des réponses émotionnelles chez les spectateurs. Ils se sentent menacés par le VIH et le sida. Après la représentation, beaucoup déclarent qu’ils vont commencer à utiliser des préservatifs alors qu’avant, ils s’y refusaient.

Yanrie Bangoura était dans l’auditoire. Elle dit: « La pièce m’a vraiment marqué, surtout quand elle a présenté un jeune patient sidéen qui était maltraité. » Elle déclare que dorénavant, elle utilisera le préservatif féminin pour éviter l’infection.

Tafsir Diallo était aussi dans l’auditoire. La pièce l’a vraiment bousculé. Il dit: « Je ne savais pas comment utiliser les préservatifs. Je ne savais pas que les ongles pouvaient percer le préservatif et me rendre vulnérable. » Il a promis d’utiliser des préservatifs durant ses rapports extra-conjugaux, afin de se protéger et de protéger son épouse.

Mamadouba Yansané est le directeur de CECOJE. Il dit que leurs activités ont permis d’atteindre plus de 500 jeunes femmes et 1200 jeunes hommes. Durant les trois derniers mois, CECOJE a distribué plus de 3000 préservatifs.

Le sida fait maintenant l’objet de sermons à la mosquée de Mambia. El Hadj Mahamoud Camara en est l’imam. Un membre de sa famille est mort du sida, et il est maintenant engagé à faire de la sensibilisation en matière de VIH et de sida. Il croit qu’en tant que citoyen, il doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour protéger sa communauté. Il explique: « Notre religion recommande que les Musulmans sauvent des vies. Alors, si le sida est une menace, nous devons en parler pour aider à l’éradiquer. »

Il prend aussi des mesures pratiques. Il dit que bien que sa religion permette à tout homme de prendre quatre épouses, ils doivent tous connaître le statut de santé les uns des autres. Il a fait de cela une obligation. Le dernier couple de personnes qu’il a mariées lui ont envoyé le résultat de leurs tests avant la cérémonie.