Revisiter Voice of Kigezi : Lauréate de la première édition du Prix Liz Hughes pour Radios Rurales au féminin

| octobre 2, 2022

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Cette histoire a été initialement publiée en mars 2019. Aujourd’hui, c’est le lancement de la période de candidature pour les Prix de Radios Rurales Internationales 2022-23. Pour marquer cette occasion, nous republions cette histoire sur Voice of Kigezi dans le sud-ouest de l’Ouganda, les lauréats du prix inaugural Liz Hughes pour Radios Rurales au féminin.

Nous espérons que cette histoire vous incitera à créer des émissions au service des femmes et à poser votre candidature pour le prix Liz Hughes!

Pour plus d’informations et pour postuler au prix, rendez-vous sur le site : https://farmradio.fm/prix-de-radios-rurales/

Au sud-ouest de l’Ouganda, lorsque les radiodiffuseurs(euses) de la station Voice of Kigezi préparent leurs émissions radiophoniques, ils visent un d’auditoire particulier. Le chef de station Andrew Agaba affirme qu’ils imaginent une jeune femme peu alphabétisée qui doit s’occuper d’une famille. Elle est agricultrice, cultive des denrées pour nourrir sa famille et rêve d’augmenter sa production ou apporter une valeur ajoutée à sa récolte pour gagner plus d’argent.

Il explique : « Très souvent, quand nous produisons des émissions, notamment pour les agriculteurs, nous ciblons les femmes. Et c’est délibéré, car, dans notre localité, les femmes sont celles qui vont au champ et qui cultivent réellement. Ce sont elles que vous verrez faire la récolte. Ce sont elles que vous verrez réaliser tous les travaux champêtres. Les hommes ne font que marchander. »

Quand vous écoutez Voice of Kigezi sur les ondes, au sud-ouest de l’Ouganda à 18 h, le samedi, vous entendrez une émission intitulée B’Omugaiga qui signifie « Devenez riche grâce à l’agriculture. » Monsieur Agaba soutient qu’ils ont choisi ce titre pour motiver les femmes à s’intéresser à l’agriculture. B’Omugaiga a été diffusée pour la première fois il y a cinq ans, après que Voice of Kigezi a travaillé en partenariat avec Radios Rurales Internationales sur un projet.

Centrée sur les auditrices, l’émission traite des difficultés que rencontrent les femmes dans leurs travaux agricoles, des formes de soutien que les hommes peuvent apporter aux femmes dans leurs travaux champêtres et la façon dont les hommes et les femmes peuvent faire de l’agriculture une entreprise. L’objectif est d’offrir une tribune aux agriculteurs d’exploitations familiales, tous sexes confondus, pour faire part de leurs problèmes et obtenir des solutions. »

Radios Rurales Internationales a choisi B’Omugaiga comme l’émission gagnante de la première édition du Prix Liz Hughes pour Radios Rurales au féminin. Ce nouveau prix est décerné aux émissions radiophoniques qui traitent de l’égalité de genre et offre la possibilité aux femmes rurales de partager leurs voix.

L’équipe de B’Omugaiga réussit à le faire en utilisant plusieurs formats différents pour incorporer les voix des femmes, en incluant des discussions de groupe, des interviews de terrain et des interviews en studio.

L’émission est actuellement réalisée par Brenda Murangi Mugwisagye et Kevin Tuheirwe qui assument plusieurs rôles pendant la préparation de l’émission hebdomadaire, y compris celui de réalisateur, de journaliste et d’animateur. Ils ajoutent toujours une présentatrice dans l’émission pour encourager les femmes à participer et s’assurer que les questions de genre sont abordées à l’antenne.

Madame Mugwisagye était ravie d’apprendre qu’elle avait remporté le prix. Elle déclare : « Personnellement, je me sens si heureuse, ce prix étant mon premier grand prix en 16 ans d’activités dans le secteur de la presse audiovisuelle. La reconnaissance de mes compétences en reportage, en production et en présentation me donne l’assurance de continuer à faire un travail formidable en servant ma communauté et en faisant la promotion de l’égalité de genre et les droits entre les hommes et les femmes. »

Elle ajoute : « Ce prix offre la chance à l’équipe de B’Omugaiga de briller et un énorme coup de pouce en termes de notoriété pour capter l’attention des commanditaires et des donateurs(rices). En effet, vu qu’il s’agit d’une émission agricole, elle parvient difficilement à obtenir le financement nécessaire. »

Les émissions agricoles peuvent avoir de la difficulté à attirer les commanditaires, bien qu’il ne leur soit pas souvent difficile d’attirer les auditeurs(rices) lorsqu’elles abordent des sujets importants pour leurs communautés. Dans B’Omugaiga, les réalisateurs(rices) choisissent souvent des sujets d’actualité. Récemment, il y a été question de l’impact qu’avait sur les femmes la chenille légionnaire d’automne qui avait nui aux agriculteurs(rices) en Ouganda, et à travers l’Afrique. Parfois, les sujets sont sélectionnés parmi les propositions des auditeurs(rices). Les radiodiffuseurs(euses) rencontrent ces derniers durant les visites de terrain et s’informent auprès de ceux et celles qui appellent à l’émission.

Les radiodiffuseurs(euses) tentent d’avoir le même nombre d’hommes et de femmes dans les interviews qu’ils réalisent avec les spécialistes, ainsi que les agriculteurs(rices), et font des efforts pour ne pas stéréotyper les femmes ou les hommes lorsqu’ils parlent d’égalité de genre.

Ils encouragent les membres de l’auditoire à participer en offrant des prix aux personnes qui appellent, et s’assurent qu’il y a des femmes parmi les gagnants en annonçant qu’ils décerneront des prix à deux correspondant(e)s.

Les radiodiffuseurs(euses) reconnaissent qu’il n’est pas facile d’impliquer les femmes dans l’émission. Madame Mugwisagye affirme que les femmes ont souvent honte lorsqu’on les approche pour les interviewer. Mais elle les encourage à s’exprimer, car leur parole aidera d’autres femmes à surmonter des problèmes similaires.

Madame Mugwisagye est fière du travail qu’elle accomplit dans B’Omugaiga, mais admet qu’il n’est pas facile pour une femme d’être radiodiffuseuse, ou en fait d’être une femme dans le milieu du travail ougandais. On attend souvent des femmes qu’elles cuisinent pour leurs familles et nettoient la maison avant de se rendre elles-mêmes au travail. Et elles doivent répéter ses corvées à la fin de la journée de travail. Elle déclare : « Les conditions ne sont pas les mêmes. Au travail, ça leur est égal que tu doives faire la cuisine ou le nettoyage. Je dois compétir au même niveau que les [hommes] qui n’ont pas ce travail, ces responsabilités. » Ce déséquilibre au niveau des tâches ménagères et les responsabilités qui pèsent sur les femmes est une chose qu’elle s’assure d’aborder à l’antenne, dans l’espoir de susciter un changement au sein de sa communauté.