Réflexions sur la situation de journalisme scientifique depuis la Conférence mondiale des journalistes scientifiques

| août 19, 2019

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Patrick Kahondwa est chef des programmes à Radio Universitaire ISDR (Institut Supérieur de Développement Rural) de Bukavu, en République démocratique du Congo. Après avoir lu un contenu de la rubrique « Opportunité » de Barza infos, il a soumis sa candidature pour participer à la Conférence mondiale des journalistes scientifiques, et il a réussi. Il partage son expérience.

La ville de Lausanne en Suisse a accueilli du 1er au 5 juillet 2019 la onzième édition de la Conférence mondiale des journalistes scientifiques. Cette conférence a réuni environ 1 200 participants de tous les continents. Ce fut pour nous l’occasion de rencontrer des journalistes scientifiques d’autres horizons et de partager nos expériences respectives du métier de journaliste scientifique. En tant que journaliste africain, c’était une occasion d’apprendre davantage en quoi consistait le travail d’un journaliste scientifique en dehors du continent, et de la République démocratique du Congo en particulier, où le journalisme scientifique n’est pas suffisamment valorisé comme en Europe ou en Amérique du Nord. C’est donc pour moi une responsabilité de mettre en pratique les acquis de cette conférence pour la promotion du journalisme scientifique dans mon pays où trop de journalistes s’intéressent aux actualités politiques et sportives.

L’une des parties intéressantes de cette conférence fut pour moi l’atelier francophone qui a réuni des journalistes et des chercheurs. Dans le monde francophone, le journalisme scientifique n’est pas au même niveau que dans le monde anglophone. Voilà pourquoi il était important de réfléchir sur la mise sur pied d’un réseau des journalistes francophones et sur les défis du journalisme scientifique en Afrique francophone.

Bien que j’aie peu d’expérience comme journaliste scientifique, la Conférence mondiale des journalistes scientifiques m’a incité à commencer à produire des émissions sur la science. Mon constat est que plusieurs recherches sont menées par les chercheurs en Afrique, mais que les résultats qui pourraient aider les communautés restent en vase clos au lieu d’être vulgarisés. Habituellement, je ne couvre que des informations généralistes, mais en mars 2018, j’ai commencé à m’intéresser au changement climatique et aux maladies tropicales. J’ai produit quelques petites chroniques, puis des émissions entières sur ces thématiques, et j’ai commencé à faire des questions climatiques et sanitaires mon domaine de prédilection.

Je suis toujours à la recherche des nouvelles connaissances pour améliorer mon travail de journaliste et approfondir ma compréhension de la problématique du changement climatique, ses conséquences sur la vie des communautés et les maladies qui touchent les populations d’Afrique. C’est alors que j’ai entendu parler du travail d’Agathe Petit, rédactrice en chef de l’émission « Le Labo des savoirs », une émission qui décrypte les questions d’actualité, et invite des chercheurs à analyser les problèmes. Après avoir suivi cette émission, j’ai été inspiré à faire quelque chose de similaire dans ma région. J’ai commencé à côtoyer certains scientifiques, centres de recherche, hôpitaux et facultés de médecine. En octobre 2018, j’ai appris dans Barza infos que la Fédération mondiale des journalistes scientifiques offrait des bourses de voyage pour prendre part à sa conférence. C’était une occasion en or de progresser dans le journalisme scientifique. J’ai rempli le formulaire de candidature et, en janvier, j’ai été retenu pour bénéficier de la bourse.

Ayant acquis des connaissances supplémentaires grâce à la conférence, je trouve qu’il est important de mettre ces connaissances à la disposition des autres journalistes qui s’intéressent aux questions scientifiques. Cela permet de contribuer au développement du journalisme scientifique et de relever les défis dans ce domaine. Je suis en train de voir comment organiser, en collaboration avec la radio universitaire pour laquelle je travaille, une rencontre entre les journalistes et les scientifiques pour réfléchir à la façon d’améliorer le niveau de collaboration entre chercheurs et journalistes. 

Je cherche aussi des moyens pour rallier l’Association congolaise des journalistes scientifiques, afin que nous puissions organiser une formation pour ceux qui s’intéressent à la science, en vue de les doter de nouvelles connaissances sur la couverture médiatique d’actualités scientifiques. De cette façon, nous pouvons développer un modèle pour le journalisme scientifique professionnel.

Un confrère journaliste indépendant basé aussi en RDC s’est lui aussi engagé après la Conférence mondiale des journalistes scientifiques à se consacrer aux questions scientifiques. Plusieurs journalistes congolais traitent parfois des questions scientifiques dans le domaine du changement climatique, de la santé et l’agriculture sans vraiment aller en profondeur. 

La Conférence mondiale des journalistes scientifiques demeure non seulement pour moi, mais aussi pour d’autres journalistes scientifiques, un moment de rencontres, de réflexion et d’échange sur le travail du journaliste scientifique. En tant que journaliste, j’encourage d’autres journalistes de mon pays qui souhaitent acquérir des connaissances sur le journalisme scientifique à postuler aux appels à candidatures lancés par différentes organisations afin d’apprendre des expériences d’autres journalistes scientifiques.

Pour avoir de plus amples renseignements sur la Fédération mondiale des journalistes scientifiques, cliquez sur : http://wfsj.org/v2/.