Rapprocher les agriculteurs et les radiodiffuseurs : Rubanda Tukore FM

| novembre 23, 2020

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Même si le COVID-19 tient les gens éloignés les uns des autres, Rubanda Tukore FM, une station de radio ougandaise, a trouvé le moyen de se rapprocher des agriculteurs(rices) de sa zone d’écoute.

Rubanda Tukore a 22 radiodiffuseurs(euses) et se trouve dans la sous-région de Kigezi, au sud-ouest de l’Ouganda. Bien que la station diffuse principalement ses émissions dans la langue locale rukiga runyankore, elle en diffuse dans plusieurs autres langues.

Lorsque le problème du COVID-19 est survenu, Rubanda Tukore FM, à l’instar de la majeure partie des stations, enregistra une baisse rapide de ses revenus. Parallèlement, le besoin d’information augmenta, tout comme leur coût de diffusion.

Rubanda Tukore FM est l’une des bénéficiaires du Fonds d’urgence accordé par Radios Rurales Internationales pour le COVID-19, qui visait à aider les stations de radio à continuer à informer leurs auditeurs(rices) ruraux alors que le COVID-19 compromettait leurs sources de revenus.

Javura Twizukye est chef des programmes et animateur à Rubanda Tukore FM. Il travaille à la station depuis 2018.

Twizukye déclare : « Nous étions touchés de voir les difficultés que [les agriculteurs] traversent. »

Selon lui, un des plus grands défis fut la fermeture des marchés. Les agriculteurs(rices) pouvaient toujours récolter leurs produits agricoles, mais étaient incapables de se rendre au marché pour les vendre. Il était donc plus difficile de trouver un endroit pour la conservation. (Pour pallier ce problème, Radios Rurales Internationales publia une fiche documentaire comment conserver la fraîcheur des aliments plus longtemps.)

L’étape suivante, explique monsieur Twizkye, consista à approcher les responsables des districts et les agent(e)s de production pour savoir comment les agriculteurs(rices) trouvaient des client(e)s. La station diffusa des émissions-débats dans ses studios (avec des masques bien sûr), et invita des représentant(e)s d’associations paysannes qui s’associaient pour cultiver et récolter leurs produits agricoles, et partageaient les bénéfices à la fin de l’année.

Les associations paysannes déclarèrent que cette collaboration leur avait permis de commercialiser leurs produits plus efficacement, les rendant ainsi plus attrayants pour les grands exportateurs. Les représentant(e)s des associations encouragèrent les autres à faire des choix similaires.

La station a également posé des questions aux agriculteurs(rices) concernant leurs méthodes agricoles. L’utilisation des crottes de mouton pour améliorer la fertilité du sol est devenue un sujet particulièrement intéressant

Monsieur Twizukye déclare : « Comme d’autres paysans ne connaissaient pas cette méthode, nous avons enregistré leur voix pour avoir des témoignages que nous avons diffusés à la radio. »

Il ajoute: « Par la suite, nous avons reçu plus d’appels, avec plus de questions : comment ils pouvaient le faire, et savoir comment cela pouvait fonctionner pour eux. »

Le concept consistant à apprendre d’autres agriculteurs(rices) a fonctionné avec les associations paysannes. Après avoir expliqué à l’antenne comment une association avait travaillé, plus d’agriculteurs(rices) formèrent des groupements de commercialisation pour vendre leurs produits agricoles, avec les encouragements de la station de radio et l’aide du district.

Ineya Kantaki fait partie de ces agriculteurs(rices). Elle est la présidente de l’association paysanne Bushura, dans le sous-comté de Bubaré, une localité du district de Rubanda. À ses dires, après la fermeture des marchés à cause de la pandémie, elle a formé une association avec des collègues agriculteurs(rices), ce qui leur a permis de commercialiser leurs pommes de terre.

Elle soutient avoir formé ce groupement pour aider les femmes rurales à obtenir plus de revenus personnels, plutôt que de dépendre de ce que leur mari leur donne.

Une partie de fonds d’urgence de RRI était destinée à acheter des enregistreurs que les journalistes peuvent utiliser sur le terrain, ainsi que du matériel pour faire le montage des reportages au studio.

Monsieur Twizukye déclare : « Quand nous avons des enregistrements d’un agriculteur véritable, cela persuade réellement un autre dans une autre région. » Il ajoute : « Nous avons découvert que nous pouvions aller raconter ce qui se passe, et pas simplement narrer l’histoire. Il est beaucoup plus préférable d’avoir l’enregistrement de la voix [d’un agriculteur] que de [parler] en tant que présentateur. »

Le personnel de la station parle un certain nombre de langues et enregistre des voix hors champ contenant d’importantes informations dans ces langues avec leur nouveau microphone, qui a également été acheté grâce au fonds d’aide pour le COVID-19 de RRI.

La station a également acheté un ordinateur. Celui-là, comme les autres équipements, servira à amplifier la voix des agriculteurs(rices).

Monsieur Twizukye déclare : « Pour les ordinateurs, nous les utilisons pour faire le montage des voix, et pour le microphone, comme nous parlons un certain nombre de langue, nous faisons des voix hors champ ensemble pour toutes ces langues. »

Il ajoute que le fait de mettre l’accent sur les difficultés des agriculteurs(rices) a permis de tisser des liens avec les agriculteurs(rices) d’exploitations familiales qui écoutent dans leurs potagers ou leurs champs.

Il déclare : « Quand nous parlons d’un sujet donné, cela nous rapproche d’eux. Pendant qu’ils écoutent dans leurs champs, cela les rapproche de nous. »

Il ajoute: « Nous travaillons main dans la main pour nous instruire mutuellement. »

Rubanda Tukore FM figure parmi les 10 stations bénéficiaires du Fonds d’aide d’urgence de Radios Rurales Internationales. Consultez plus d’articles de la rubrique « En lumière » pour connaître les autres bénéficiaires de ce fonds.