Radio Communautaire Salama : Récipiendaire du fonds d’aide d’urgence pour le COVID-19 et porte-voix des femmes durant la pandémie

| janvier 18, 2021

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Radio Communautaire Salama est localement appelée la « voix des femmes, » déclare Jeremi Kyaswekera. Située à Butembo, en République démocratique du Congo, Radio Salama est en onde depuis sa création par le Collectif de Femmes Journalistes en 2014.

Monsieur Kyaswekera soutient que Radio Salama répond aux besoins de femmes par des émissions portant sur le rôle des femmes dans les prises de décision et les activités de développement, ainsi que la violence fondée sur le genre. Il déclare : « L’objectif principal de la station est de promouvoir les droits des femmes. »

Lorsque Butembo fut touché par la pandémie du COVID-19, en mars 2020, ces émissions ont failli être interrompues. Monsieur Kyaswekera se rappelle que des partenaires avaient fermé leurs bureaux et retiré des émissions des ondes.

Par conséquent, quand Radio Salama reçut le fonds d’aide d’urgence de Radios Rurales Internationales en novembre 2020, monsieur Kyaswekera mit rapidement l’argent au service des auditeurs(trices).

Il se rappelle : « Grâce au fonds d’aide, nous avons pu nous rendre auprès des communautés en étant bien protégés. »

Muni de masques et de désinfectants pour les mains, le personnel de Radio Salama a réalisé des interviews et des micros-trottoirs pour comprendre et diffuser les préoccupations de leur communauté concernant la pandémie. L’achat de crédits d’appel a également permis au personnel de communiquer à distance avec les membres d’une communauté à danger.

Les reportages de ces activités sont présentés dans l’émission Sauti Ya Mkaaji ou « La voix de l’habitant. » Diffusée le mardi de 14 h à 14 h 30, l’émission est consacrée au COVID-19. Des membres de la communauté, un(e) expert(e) local(e) interviennent dans chaque émission qui comporte une tribune téléphonique.

Monsieur Kyaswekera déclare : « Dans cette émission, nous donnons la voix à la population … afin de pouvoir entendre ses préoccupations durant cette période de COVID-19. »

L’émission parle du COVID-19, en général, et de ses répercussions sur les femmes, en particulier. Dans l’une des émissions, une gynécologue d’un hôpital local est intervenue. Cette spécialiste a expliqué que la peur provoquée par le COVID-19 avait empêché plusieurs femmes de se présenter à leurs rendez-vous, et elle a encouragé les femmes à se rendre en toute sécurité à l’hôpital lorsque cela était nécessaire.

Une autre émission a présenté des agricultrices qui parlaient des difficultés qu’elles avaient à se procurer et à vendre les produits agricoles récoltés pendant le confinement. Un(e) spécialiste agricole a également offert des conseils dans cette émission.

Monsieur Kyaswekera déclare : « Les ménagères que nous avons consultées ont souligné que … ce confinement nuisait à leurs conditions de vie et leurs familles, qu’elles avaient des charges supplémentaires à cause de leurs enfants qui ne partaient pas à l’école [et] que plusieurs maris restaient à la maison par manque de travail. »

Il souligne que ce type de stress a provoqué une augmentation de la violence fondée sur le genre et la violence sexuelle, et que les restrictions liées au COVID-19 compliquent plus l’accès aux organismes de soutien aux femmes.

Radio Salama collabore avec certaines organisations féminines, les invite à parler à l’antenne, fait la promotion de leurs services et sensibilise les auditeurs(trices) par rapport à la violence sexuelle.

Monsieur Kyaswekera déclare : « Parfois, les femmes voient des actes de violence qui sont commis, mais ne le savent pas. Ce volet de nos émissions les aide à réaliser que ces actes sont violents. »

L’organisation locale Femmes Juristes pour la Défense des Droits des Femmes, offre un soutien juridique aux femmes victimes de violence à Butembo. Depuis la diffusion de ces émissions, monsieur Kyaswekera affirme que l’organisation a constaté une plus grande demande pour ses services.

Toutefois, il admet que ce n’est pas facile de faire parler les femmes à Radio Salama.

Il déclare : « Généralement, les femmes n’ont pas l’habitude de s’exprimer à l’antenne. Elles refusent parfois de parler … de certains sujets sensibles. »

Cependant, le personnel de Radio Salama sait qu’il est important de diffuser des voix communautaires à l’antenne, notamment celles des femmes.

Monsieur Kyaswekera déclare : « C’est une façon pour nous de connaître leurs préoccupations, de comprendre un problème de la communauté et de pouvoir concevoir des émissions abordant des préoccupations des communautés. »

Le directeur soutient que, pour aider les femmes à se sentir à l’aise de s’exprimer à l’antenne, Radio Salama invite souvent des femmes leaders de la communauté à intervenir. Il ajoute qu’il est important que les stations de radio recrutent des femmes journalistes, car elles contribuent à créer une culture médiatique où les femmes s’expriment et où la communauté écoute.

Malgré ces défis, monsieur Kyaswekera affirme que Sauti Ya Mkaaji est très écoutée par les auditeurs(trices). Beaucoup de gens appellent et envoient des messages durant chaque émission, et plusieurs demandent plus d’informations et de discussions sur des sujets sensibles.

Il ajoute que le fonds d’aide de RRI a permis à l’émission de susciter un véritable changement à Butembo, et qu’elle encourage d’autres radiodiffuseurs à faire de la radio une tribune pour les voix des femmes.

Radio Salama figure parmi la centaine de stations de radio à avoir reçu le Fonds d’aide d’urgence de Radios Rurales Internationales pour le COVID-19. Pour connaître les autres récipiendaires de ce fonds, consultez plus d’articles dans la rubrique « En lumière ».