Nigeria : une radio sensibilise à l’injustice (IJNET)

| février 6, 2023

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En septembre, Crusaders Radio, une radio indépendante qui émet depuis l’État du Niger au Nigeria, a reçu un rapport sur un jeune homme qui avait commis des violences sexuelles sur deux mineurs. La station de radio a décidé d’apporter son aide et a fait appel à l’Agence des droits de l’enfant de l’État du Niger pour l’aider à identifier et à poursuivre l’auteur des faits. L’homme a ensuite été arrêté par les autorités.

Au cours des cinq dernières années, Crusaders Radio a fait la lumière sur les violations des droits civils et de la personne dans l’État. Grâce à ses reportages, l’émission a aidé de nombreuses personnes à obtenir justice.

Pendant l’émission, qui compte plus de 70 000 auditeur.trice.s, l’auditoire dépose des plaintes qui sont ensuite discutées et résolues à l’antenne.

Sony Otache est le fondateur et le PDG de Crusaders Radio. Il déclare : « Nos activités sont principalement axées sur l’injustice, l’abus de pouvoir, la violation des droits de la personne, la maltraitance des enfants et le vol, entre autres vices sociaux. Pour tous les problèmes auxquels nous ne pouvons pas apporter de solutions, nous recherchons les causes profondes des problèmes et les déracinons directement. »

Selon monsieur Otache, Crusaders Radio a aidé plus de 2 000 personnes grâce à sa méthode unique de règlement des litiges. Les cas portés à l’attention de l’émission sont d’abord négociés hors antenne entre les parties et la station de radio. Ce n’est que lorsqu’une partie refuse de résoudre l’affaire après plusieurs tentatives qu’elle est discutée dans l’émission.

Par exemple, le co-animateur Ahmed Isah Sapke a expliqué comment l’émission a aidé plusieurs étudiant.e.s de l’école des sciences infirmières de Bida, dans l’État du Niger, à obtenir leur diplôme en 2022. Dans ce cas, la direction de l’école a publié les noms des étudiant.e.s qui ne se présenteraient pas à l’examen semestriel de dernière année parce qu’ils n’avaient pas obtenu leur numéro d’index. Le numéro d’index indique le coût des études pour les étudiant.e.s, et ces étudiant.e.s n’avaient pas reçu leur numéro en raison de changements dans le système de paiement des frais scolaires. Sans passer l’examen, ces étudiant.e.s ne pouvaient pas obtenir leur diplôme.

En octobre, juste avant le début des examens, l’un des étudiant.e.s, Saratu Abubaker Doma, a transmis la liste des étudiant.e.s concernés à la ligne de service de Crusaders Radio, accompagnée d’un bref texte expliquant ce qui s’est passé entre les étudiant.e.s et la direction de l’école. Après que Crusaders Radio a rapporté l’affaire au gouvernement de l’État, l’école a changé sa décision et a permis aux étudiant.e.s concernés d’obtenir leur numéro d’index et de s’inscrire aux examens finaux.

Dans un autre cas, un ancien officier de police a contacté Crusaders Radio, affirmant qu’il avait été illégalement licencié en 1991 sur la base d’une allégation de mauvaise conduite qui n’a pas pu être prouvée. L’émission de radio a contacté la commission de police d’Abuja, la capitale, et l’officier a finalement reçu certaines des prestations de retraite dont il avait été privé auparavant.

Un dicton populaire en anglais pidgin, souvent prononcé par le présentateur de l’émission de radio, est « na person wey he hands dirty na him dey hide am for back » – en d’autres termes, « celui qui entre dans l’équité doit venir avec des mains propres ». Pour ceux qui sont derrière Crusaders Radio, cela signifie qu’ils ne doivent pas prendre parti pendant les disputes.

L’existence continue de l’émission témoigne de son impact monsieur Otache dit. Il explique : « Le gouvernement et la société pourraient nous serrer la vis si nous faisons nos choses à tort et à travers. Nous sommes sur la bonne voie et nous allons dans la bonne direction. Nous prospérons et nous espérons viser plus haut pour toucher plus de vies. »

L’équipe prévoit de rechercher des experts sur des questions urgentes telles que les élections, la politique et les conflits sociaux, à la fois pour des interviews et pour offrir un éclairage opportun. Le principal défi que Crusaders Radio continue de relever est de gagner davantage la confiance du public, y compris celle des responsables gouvernementaux, afin que les citoyens leur signalent des cas sans crainte de représailles ou de décisions biaisées.

Mohammed Dantala Aliyu est professeur de journalisme et analyste des affaires publiques. Il a noté que les émissions de radio comme Crusaders Radio ont fait beaucoup pour résoudre les problèmes d’injustice sociale, qui sont devenus endémiques dans la société nigériane. Selon monsieur Aliyu, le moyen le plus simple de réduire l’injustice est de sensibiliser les gens par le biais des médias.

Il ajoute que ces émissions de radio ont contribué à éduquer le public sur l’injustice sociale et la manière de la gérer, ce qui rend leur présence dans l’espace public inestimable.

De nombreux survivant.e.s de l’injustice sociale dans l’État du Niger ont des histoires à raconter, mais n’ont pas pu exprimer leurs problèmes par manque d’opportunités. En offrant une plateforme aux survivant.e.s pour qu’ils puissent s’exprimer et être entendus, Crusaders Radio et des programmes comme celui-ci répondent à un besoin crucial dans la région.

Cette histoire est adaptée d’un article écrit par Hamzat Ibrahim Abaga et publié par IJNET, intitulé « In Nigeria, one radio station is raising awareness about injustice« . Pour lire l’article complet, rendez-vous sur : https://ijnet.org/en/story/nigeria-one-radio-station-raising-awareness-around-injustice

Crédit photo : AMISOM via Iwaria.