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Coronavirus, les grilles des programmes radiophoniques bouleversées pour y faire face!

Le coronavirus préoccupe et touche l’humanité entière depuis plusieurs mois. Il est subitement devenu un sujet primordial des émissions radiophoniques locales et un thème central de beaucoup d’émissions de stations internationales, nationales et locales.

Le premier cas de COVID-19 est apparu en République démocratique du Congo (RDC) le 10 mars 2020. Dans la province du Nord-Kivu, le premier cas a été annoncé le 1er mai 2020. Le 25 septembre, la RDC enregistrait 10 555 cas confirmés, dont 251 décès.

Ces chiffres sont ceux officiels. En RDC pour le moment, il n’est pas possible de faire plus de tests, car les moyens sont très limités. C’est pourquoi il est difficile d’avoir le nombre exact de personnes infectées et de décès causés par le COVID-19.

La lutte contre cette pandémie a constitué une priorité dans presque tous les domaines. Les stations de radio en particulier se sont penchées sur le sujet en diffusant des informations cruciales pour la sécurité et la santé de leurs auditeurs(rices).

Les dirigeants politiques congolais sont conscients du danger, vu le taux de décès liés au COVID-19 en Europe et en Amérique. Ainsi, ils ont mis en place plusieurs mesures pour limiter la propagation de cette pandémie. Parmi celles-ci, nous citons l’interdiction des rencontres de plus de 20 personnes. Cela a augmenté la popularité de la radio, et les confessions religieuses et d’autres organisations négocient massivement des espaces sur les antennes des radios pour toucher leurs membres.

Augustin Kinduvuyira, directeur de la Radio Télévision Evangélique et de Développement Hermoni, émettant depuis la cité de Kiwanja, en territoire de Rutsuru, dans la province du Nord-Kivu déclare : « Les réunions étant interdites, cela a fait de la radio l’espace de liaison entre administrés et administrateurs. Ces derniers utilisent la radio pour passer leurs communiqués, leurs points de presse sur les mesures barrières contre le COVID-19 et d’autres décisions. » « Cette situation, », indique-t-il, « nous a poussés à supprimer sept émissions sur la grille de programme en faveur des émissions sur le COVID-19. »

Laurent Mwema est le directeur des programmes par intérim de la radio Sauti ya Injili de Goma. Il déclare : « La pandémie occupe ce jour environ 80 % des émissions sur notre grille. »

Stanley Muhindo est le directeur des programmes de la radio Moto Oicha en territoire de Beni. Il constate : « On s’est vu obligé de supprimer la retransmission de la RFI de 7 h 30 pour des raisons du moment. A part ça, il y a aussi des émissions scolaires qui ont été insérées dans notre grille pour accompagner l’éducation des écoliers confinés chez eux. »

A la radio communautaire de Masisi, quatre émissions ont été supprimées, affirme Germain Mwenyemali, directeur de cette radio.

Jérémie Kihambu, directeur des programmes de la Radio communautaire Tayna de Goma. Il soutient que plusieurs espaces ont été cédés aux partenaires qui ont financé des émissions liées au COVID-19.

Kennedy Wema, directeur de la Radio Soleil Butembo déclare : « La [station] de radio a juste adapté son programme pour intégrer des programmes sur le coronavirus. Le programme de la radio est flexible selon le contexte. Il y avait des espaces sur des [émissions] de musique, et on a dû les remplir et aussi rallonger le programme des heures de diffusion parfois. »

Jacques Kikuni est le directeur de la radio Muungano Beni. Il affirme qu’il y a des émissions qui sont tombées pour laisser place à celles qui traitent du coronavirus. Mais il regrette que cette crise sanitaire mondiale ait fait que certain(e)s auditeurs(rices) n’écoutent plus des émissions qu’ils aimaient beaucoup.

Mais qu’en est-il d’autres maladies?

Le coronavirus est arrivé alors que plusieurs zones du Nord-Kivu faisaient face à d’autres maladies qui déciment la population. Il s’agit de l’anémie qui a causé 16 % des décès en 2019, et du paludisme qui a été à la base de 14 % de décès. Les maladies cardio-vasculaires et le sida ont également entraîné un nombre important de morts en 2019. Les statistiques de la division provinciale de la santé au Nord-Kivu montrent aussi que 361 002 personnes ont eu la diarrhée, 250 000 des infections sexuellement transmissibles, 201 000 des infections urinaires et 49 000 des problèmes dentaires.

Hormis l’Ebola dont on a beaucoup parlé, les maladies autres que le COVID-19 bénéficient de moins de temps d’antenne. Toutefois, même si on n’en parle pas, renchérit Kennedy Wema, directeur de la radio Soleil de Butembo, « ces maladies constituent des réalités dans des centres de santé ici chez nous. Ce sont des thèmes très capitaux pour les auditeurs, mais sur lesquels la radio n’arrive pas à produire des émissions par manque de moyens pour les recherches. »

Jean Maliro est le directeur de Radio Lubero Sud, dans le territoire de Lubero au Nord-Kivu. Il affirme que le manque d’expertise empêche les radiodiffuseurs de produire des émissions de santé. Parfois, on accède difficilement à la connexion Internet dans les zones rurales. Aussi l’accès aux personnes-ressources est difficile. Il ajoute : « Il nous faut l’appui de certains partenaires pour arriver à surmonter ces difficultés et produire ces émissions. »

Mustapha Mulonda est le directeur de la Radio la Voix de l’Université Officielle de Semuliki. Il soutient qu’un des problèmes est que certain(e)s expert(e)s sollicitent les frais de transport en guise d’encouragement pour participer à une émission, et que pourtant la radio ne pas supporter ces frais. Cela implique qu’ils ne peuvent pas aborder ces questions de santé.

Janvier Kubuya est le chef de la division provinciale de la santé au Nord-Kivu. Il déclare : « La population doit savoir que le COVID-19 est contagieux et peut attaquer plusieurs personnes au même moment. » Mais d’autres s’interrogent, pourquoi en faire une priorité si elle n’a pas encore tué beaucoup des gens en RDC.

Monsieur Kubuya déclare : « Oui, nous y mettons aussi trop d’effort, car les personnes adultes, surtout celles qui souffrent des maladies chroniques n’y résistent pas. » Il demande : « Qui parmi les jeunes peut accepter de rester orphelin parce que ses deux parents sont morts de la COVID-19? »

Les radios communautaires du Nord-Kivu demeurent un canal important dans l’éducation de la population concernant la bonne santé. Entre temps, en RDC, le système de santé est fragile. L’accès aux soins de santé de qualité est aussi un véritable problème pour des milliers de familles au Nord-Kivu, une région où les populations de certaines régions vivent dans la pauvreté à cause du conflit actuel. Plusieurs structures sanitaires sont abandonnées et d’autres non accessibles à cause de l’insécurité qui sévit à l’est du Congo depuis plusieurs décennies.

Cette histoire a été initialement publiée par CORACON, un collectif de radios et de télévisions communautaires du Nord-Kivu, en RDC. Pour en savoir plus les moyens de lutte du CORACON contre le COVID-19 et les autres sujets locaux, cliquez sur : https://coracondrc.com/ [1].