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Biftu Radio aide les agriculteurs à faire face à l’invasion acridienne

Lorsque le COVID-19 capta l’attention du monde entier, plusieurs pays d’Afrique de l’Est subissaient déjà une autre menace : les criquets.

Au Kenya, en Éthiopie et en Somalie, les essaims de criquets envahissent les champs, dévorant presque tout sur leur chemin.

L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture prévient que ces essaims « représentent une menace inédite pour la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance en Afrique de l’Est. »

« La plupart des agriculteurs sont tout simplement inquiets, car ils ignorent si leur seule préoccupation doit être de se protéger contre le COVID-19 ou s’ils doivent sortir pour aller prendre soin de leurs bêtes, » déclare Velma Odwori, présentatrice à Biftu Radio, à Marsabit, un des comtés les plus touchés par les criquets. Une première vague de criquets était arrivée en Afrique de l’Est en janvier, et en juin la deuxième pourrait être 400 fois plus importante.

Le Programme alimentaire mondial a prévenu en avril que près de 265 millions de personnes dans le monde pourraient se retrouver en situation de famine d’ici la fin de l’année à cause de la pandémie. La faim et une véritable menace pour les agriculteurs(rices) kényans confrontés au double défi du COVID-19 et de l’invasion acridienne.

Les auditeurs(rices) de Biftu Radio sont principalement des éleveurs, déclare madame Odwori. Ils misent sur l’herbe pour nourrir leurs animaux. Mais, avec l’invasion des sauterelles, l’herbe se raréfie. De plus, avec les mesures préventives, les rassemblements plus grands et le déplacement des bêtes vers de meilleurs pâturages sont plus difficiles.

Radios Rurales Internationales a produit une série de huit spots radiophoniques que les radiodiffuseurs(euses) peuvent traduire, enregistrer et diffuser toute la journée sur leurs antennes pour permettre à leurs auditoires d’avoir les informations clés sur les criquets.

Certains spots soulignent les faits suivants : les essaims de criquets peuvent, par exemple, parcourir jusqu’à 150 kilomètres par jour. D’autres expliquent aux agriculteurs(rices) quoi faire lorsqu’ils aperçoivent un essaim, à savoir : le signaler aux autorités, afin qu’elles sachent où pulvériser ce jour-là. Pulvériser tôt est une des mesures pouvant réduire considérablement l’impact des criquets. D’autres spots parlent des dispositions que les agriculteurs(rices) peuvent prendre pour rester en sécurité lorsque les opérations de pulvérisation sont menées : « Si on pulvérise dans votre région, restez à l’intérieur jusqu’à ce que ce soit terminé. »

Les spots sont courts, ce qui facilite leur traduction dans les langues locales. Madame Odwori affirme qu’elle traduit les ressources en boroma et en swahili, les langues les plus parlées par ses auditeurs(rices)

Ses auditeurs(rices) lui envoient également d’importantes informations, y compris les lieux où se déplacent les essaims de criquets. « Avec les criquets, nous les traquons surtout, » déclare madame Odwori. « Les auditeurs nous disent où se trouvent les criquets et nous informons le gouvernement. »

Comme les essaims se déplacent rapidement, la surveillance de leurs déplacements permet aux agent(e)s publics qui pulvérisent de mettre tout en œuvre pour les contrôler.

Mais, maintenant, madame Odwori et ses collègues ont une charge supplémentaire : aider leurs communautés à combattre les criquets tout en continuant à informer les auditeurs(rices) sur la façon de se protéger du coronavirus. Ce n’est pas facile de trouver un équilibre entre les deux.

D’autres ont le même défi ailleurs dans le pays.

« Les agriculteurs peuvent se rendre au champ à condition de respecter certaines mesures : porter le masque, respecter la distanciation sociale et se désinfecter les mains. Certains utilisent des [bavettes pour la bouche et le nez] en tissu, car ils n’ont pas les moyens d’acheter du désinfectant ou des masques, » déclare Moses Omondi, chargé de programme de Radios Rurales Internationales, au Kenya. Il ajoute que les paysans et les paysannes doivent également installer des dispositifs de désinfection s’ils comptent embaucher une main-d’œuvre.

Toutefois, plusieurs, et cela est compréhensible, choisissent de ne pas aller au champ.

« La conséquence ultime sera la baisse des récoltes, car la majorité des agriculteurs veulent seulement travailler avec les gens de leurs familles. Et bien que cela signifie une baisse des coûts de la main-d’œuvre, cela entraîne une diminution plus importante des récoltes, » déclare monsieur Omondi.

La radio est particulièrement importante en ces temps où les agriculteurs(rices) ne peuvent pas se réunir ou rencontrer les agent(e)s de vulgarisation agricole.

« La radio est très importante, car beaucoup de gens ici ne sont pas riches, mais plusieurs peuvent avoir une radio. Par conséquent, la majorité n’a d’autres moyens que la radio pour avoir des informations, » déclare madame Odwori. « Ils écoutent vraiment ce qu’on leur dit, donc, nous les sensibilisons et ils écoutent vraiment. Ils croient en ce que nous leur disons, car nous transmettons des informations en leur expliquant pourquoi cela les concerne. »

La bataille est difficile en ce moment, aussi bien contre les criquets que pour convaincre son auditoire de la réelle menace que représente le COVID-19. Néanmoins, madame Odwori ne s’avoue pas vaincue. « Nous essayons simplement, car c’est un service rendu à l’humanité. »

Le présent article a été initialement publié sous forme de blogue par Radios Rurales Internationales. Pour lire plus de blogues, rendez-vous au : https://farmradio.org/news/ [1].