Agriculture et changement climatique : Des radiodiffuseurs discutent des mesures d’adaptation

| février 7, 2022

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Du 22 novembre au 17 décembre 2021, Radios Rurales Internationales a réuni 545 radiodiffuseur.euse.s et des spécialistes du climat pour discuter du changement climatique et de son impact croissant sur l’agriculture.

Le personnel de Radios Rurales Internationales a supervisé la discussion de quatre semaines qui s’est déroulée au même moment que la conférence de 2021 des parties à la Convention cadre des Nations Unies sur le changement climatique, à Glasgow, en Écosse. Avec l’appui de plusieurs spécialistes du domaine, les participant.e.s d’Afrique ont partagé leur compréhension du changement climatique, de ses répercussions sur l’agriculture dans leurs régions et des mesures d’adaptation adoptées par les agriculteur.trice.s.

Des explications qui sont ressorties des discussions, le changement climatique est un changement brusque et prolongé qui se produit au niveau du climat et des conditions météorologiques, et qui est caractérisé par une pluviométrie aléatoire et une forte augmentation des températures. Ce changement est provoqué par les activités humaines qui génèrent des gaz à effets de serre, surtout la combustion des combustibles fossiles tels que le pétrole, le gaz et le charbon.

Les participant.e.s ont indiqué que le changement climatique provoquait des effets néfastes sur le quotidien des acteur.trice.s de l’agriculture, la pêche et l’élevage. Il réduit la biodiversité et les rendements agricoles. La rareté des pluies empêche le développement des cultures et l’excès des pluies entraîne des inondations. L’élévation du niveau de la mer provoque la destruction des habitations et des plantations situées en zone côtière.

Les échanges ont révélé le besoin pour les agriculteur.trice.s de connaître les techniques d’adaptation au climat, d’avoir des informations fiables sur les conditions météorologiques pour mieux se préparer pour les activités agricoles et d’adopter de bonnes pratiques pour une gestion durable des terres.

Les participant.e.s ont noté qu’au nombre des sources d’information des agriculteur.trice.s figurent les services gouvernementaux de la météorologie et de l’environnement, les organisations non gouvernementales, les ressources de RRI, les organisations paysannes, les réseaux sociaux et les programmes spécialisés de lutte contre le changement climatique.

Cette discussion a aussi été l’occasion de jauger l’impact de ces changements climatiques sur les femmes, en particulier au regard du rôle important qu’elles jouent dans l’agriculture. Il est ressorti des échanges que les femmes et les hommes instruits étaient plus susceptibles de comprendre ce phénomène. Plusieurs connaissent un démarrage précoce ou tardif des saisons agricoles, des sécheresses pendant la saison pluvieuse, un arrêt précoce ou tardif de la saison pluvieuse, qui entraînent de faibles rendements.

Les radiodiffuseur.euse.s ont également souligné que les cultures des producteur.trice.s étaient endommagées ou détruites par les fortes chutes de grêles, les pluies abondantes, les inondations et les vents violents. Dans certaines régions d’Afrique, les agricultrices sèment parfois dès les premières pluies. Mais, lorsque les pluies cessent ou reprennent par la suite, les semences sèchent dans le sol et elles doivent semer à nouveau. Ces pertes répétées exposent plus les agriculteur.trice.s à l’extrême pauvreté.

Les participant.e.s ont noté, cependant, que le changement climatique avait poussé les femmes de certaines régions à s’unir pour accroître leurs moyens financiers. En créant des coopératives et des groupements agricoles, ces femmes partagent les risques pour assurer de bonnes productions, et bénéficier de subventions et de formations offertes par des ONG.

Il est apparu clairement lors des discussions que les femmes avaient besoin de savoir quelles techniques et stratégies adopter pour faire face au changement climatique, notamment comment utiliser les méthodes d’irrigation lorsque l’eau est rare, et comment anticiper les changements qui se produisent au niveau de climat et s’adapter. Les agriculteur.trice.s ont besoin d’informations sur la météo, de formation sur les notions du cycle de la pluie et des avantages des arbres pour l’environnement, ainsi que les conséquences de l’abattage des arbres et de l’agriculture sur brûlis. De plus, il est important de les former sur les semences et leurs cycles de vie, ainsi que les techniques de culture alternées.

La quatrième et dernière semaine de la discussion était essentiellement consacrée aux mesures d’adaptation au changement climatique. Beaucoup de propositions concernant ces mesures sont ressorties des discussions, y compris les suivantes :

  • L’ajustement des activités agricoles en fonction des prévisions météorologiques.
  • La mutualisation des efforts dans les groupements d’intérêt commun pour développer et soumettre des projets d’adaptation à des bailleurs de fonds.
  • L’utilisation de cordons pierreux pour freiner l’érosion hydrique.
  • La pratique de la régénération naturelle assistée en agroforesterie.
  • La protection des zones côtières par la construction de digues avec des pierres ou d’autres matériaux, ou l’abandon desdites zones.
  • L’utilisation des banquettes antiérosives et des demi-lunes pour favoriser l’infiltration de l’eau dans le sol afin d’en accroître la fertilité et limiter l’érosion dans les régions où les pluies sont insuffisantes.
  • La construction de petits barrages de retenue d’eau pour le maraîchage et la pisciculture permet aussi d’approvisionner la nappe phréatique qui alimente les puits.
  • L’offre de cours d’agriculture pour aider les jeunes à s’outiller avec des mesures d’adaptation aux changements climatiques ;
  • L’implication des communautés rurales, et spécialement les femmes, dans la gestion durable des ressources telles que l’eau et les forêts.
  • L’accès des femmes aux services de vulgarisation agricole et à la formation sur les techniques d’adaptation aux changements climatiques.
  • La promotion de programmes et d’initiatives de reboisement, l’utilisation de techniques de conservation des eaux et des sols, l’emploi d’engrais organiques et d’autres mesures d’adaptation.
  • La pratique de l’agriculture hors sol, sous les serres aménagées.
  • La pratique du zaï, une technique traditionnelle de restauration de la productivité des terres pauvres. Cette pratique consiste à creuser manuellement les trous pour y recueillir les eaux de ruissellement et les matières organiques afin d’y semer les graines.
  • L’association de l’agriculture et de l’élevage est aussi un atout.
  • La prévention du brûlis pour l’agriculture et le paillage pour conserver l’eau dans le sol.
  • La plantation de variétés à cycle court ou intermédiaire et de variétés tolérantes à la sécheresse.
  • L’irrigation des cultures avec l’eau provenant de forages équipés de pompe solaire.
  • L’adoption de variétés hybrides et hâtives améliorées, ainsi que de nouvelles techniques agricoles visant à atténuer des effets du changement climatique.
  • L’utilisation de systèmes d’irrigation économique appelés « goutte à goutte ».

La radio a été identifiée durant la discussion comme l’un des moyens les plus efficaces pour communiquer par rapport au changement climatique. Elle peut servir à produire des émissions axées sur les solutions aux difficultés relatives au changement climatique, à partir d’informations provenant de Barza infos et d’autres ressources de Radios Rurales Internationales. Les radiodiffuseur.euse.s peuvent également interviewer des spécialistes sur des sujets comme la fertilité du sol et les techniques d’irrigation et fournir aux auditeur.trice.s des renseignements importants sur les conditions météorologiques, tels que les prévisions météorologiques quotidiennes.

La radio peut être également utilisée pour renseigner les auditeur.trice.s sur la mise en œuvre des projets communautaires pour s’adapter au changement climatique, montrer les méfaits de l’utilisation des produits agricoles chimiques sur la santé et l’environnement, discuter des bonnes pratiques agricoles et fournir des informations sur les marchés.

Photo : Elinora Shayo, leader d’un groupe d’écoute communautaire, pratique le beep to vox dans le village de Kikwe, en Tanzanie, en 2016.