Zimbabwe : L’agriculture à contrat encourage les agriculteurs et les agricultrices à produire des aliments de haute qualité (par Nqobani Ndlovu, pour Agro Radio Hebdo)

| juin 9, 2014

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Thandi Moyo a essayé de vendre ses poulets aux chaînes de supermarchés pendant plusieurs années, mais en vain. Le Zimbabwe se faisait inonder d’importations de viande et de produits horticoles surtout en provenance d’Afrique du Sud. La situation faisait en sorte que Mme Moyo et d’autres agriculteurs locaux et agricultrices locales devaient se limiter aux marchés locaux.

Mme Moyo élève de la volaille à Mahatshula, une banlieue très peuplée de Bulawayo. Heureusement, sa situation a changé pour le mieux récemment après un changement de politique du gouvernement.

En vue de promouvoir les agriculteurs locaux et les agricultrices locales, le gouvernement zimbabwéen a interdit l’importation de tous les produits agricoles périssables. « Je suis contente de l’interdiction, car elle a ouvert des portes pour nous. J’ai décroché un contrat d’approvisionnement en poulets avec un supermarché », de dire Mme Moyo.

Les grandes chaînes de supermarchés refusaient d’acheter des produits locaux et préféraient les importations sud-africaines. Cependant, depuis l’interdiction d’importer des produits alimentaires frais, les supermarchés ont dû se tourner vers les agriculteurs locaux et les agricultrices locales et investir dans l’agriculture locale. Mme Moyo et ses collègues de la coopération comblent le vide grâce à l’agriculture à contrat.

L’agriculture à contrat est un accord entre un agriculteur ou une agricultrice et un entrepreneur ou une entrepreneure selon lequel l’agriculteur ou l’agricultrice consent à vendre tous ses produits à un acheteur. Les entrepreneurs ou entrepreneures aident les agriculteurs ou agricultrices à cultiver les produits de haute qualité que les supermarchés exigent.

En vertu des accords contractuels, les entrepreneurs ou entrepreneures fournissent aux agriculteurs et aux agricultrices des intrants et offrent leur expertise technique en vue de la production d’aliments conformes aux normes. En échange, l’agriculteur ou l’agricultrice fournit à l’entrepreneur ou à l’entrepreneure des produits à un prix convenu.

Les avantages pour les agriculteurs et les agricultrices sont clairs. « Cela nous a donné l’occasion de produire davantage d’aliments tout en sachant que nous n’avons pas à nous soucier de la recherche d’un marché », ajoute Mme Moyo.

L’entrepreneur achète des poulets de la coopérative de Mme Moyo à 2 dollars US chacun. La viande est ensuite vendue au prix de 3,50 dollars US par kilogramme. Tout le monde profite de l’arrangement.

L’arrangement a permis à la coopérative de créer une « marque » pour ses produits, selon Mme Moyo. C’est quelque chose qui leur avait échappé pendant des années. « Il était difficile de vendre nos produits aux supermarchés … Selon eux, il n’était pas sécuritaire d’acheter des poulets d’agriculteurs ou d’agricultrices « sans marque » en raison des problèmes de santé potentiels », explique-t-elle.

Davison Masendeke est l’agronome provincial au ministère des services agricoles, techniques et de vulgarisation de Matebeland North. Il estime que l’agriculture à contrat est actuellement la seule source viable de financement pour les agriculteurs et les agricultrices.

M. Masendeke est d’avis que toutes les parties bénéficient des contrats. Les agriculteurs et les agricultrices sont en mesure de financer leur production et profitent d’un marché garanti et les entrepreneurs et les entrepreneures sont assurés d’un approvisionnement régulier de produits. « Les deux parties peuvent planifier leurs flux monétaires nets convenablement  parce qu’il n’y a pas de fluctuation de prix [parce qu’ils] ont convenu d’un prix vendeur-acheteur à l’avance », explique-t-il.

Il faut préciser que l’agriculture à contrat peut avoir des inconvénients pour les agriculteurs et les agricultrices d’exploitations familiales. Lorsqu’ils et elles négocient des contrats avec les supermarchés et d’autres organisations, ils doivent être bien organisé(e)s pour pallier les inconvénients liés à la petite taille de leur entreprise et à leur place moins grande dans le marché. Les coopératives d’agriculteurs et d’agricultrices peuvent réaliser de meilleures affaires que les agriculteurs et agricultrices seul(e)s.

Judith Maphosa est la présidente de la Women in Farming Association (association des agricultrices) du Zimbabwe. Elle dit que l’agriculture à contrat l’a aidée à mieux financer son entreprise et lui a permis d’avoir accès à un marché garanti. Elle a également acquis une expertise agricole inestimable.

Mme Maphosa fournit des choux aux supermarchés à 20 cents chacun. Les supermarchés envoient des spécialistes pour l’aider dans ses tâches agricoles, de la préparation du sol à la récolte. « Je peux maintenant produire des choux de haute qualité grâce à ça. Je ne cours pas de risque parce que je reçois un [paiement] lorsque mes aliments sont prêts … et qu’ils sont de la qualité convenue », précise-t-elle.