- Barza Wire - https://wire.farmradio.fm -

Zimbabwe: Des feux de brousse détruisent les moyens de subsistance (par Nqobani Ndlovu, pour Agro Radio Hebdo, au Zimbabwe)

Depuis l’an 2000, M. Hezekiah Moyo gagne sa vie en cultivant du maïs, des tomates et des choux, et en élevant du bétail. Mais le fruit de tout ce dur labeur est parti en fumée récemment, quand des feux de brousse ont balayé sa terre.

M. Moyo fait de l’agriculture à Bulilima, dans la province du Matabeleland Sud, au Zimbabwe. Il est parvenu à nourrir et à habiller ses quatre enfants, et à les envoyer à l’école, en vendant des tomates et des choux. Maintenant, montrant du doigt ses choux et ses tomates brûlés, M. Moyo se lamente: « Comment vais-je survivre et prendre soin de ma famille? »

Non seulement les feux ont détruit ses plants mais ils ont aussi rasé les zones de pâturages qui restaient, dans la région. M. Moyo se demande où ses bêtes vont aller se nourrir. Le bétail meurt déjà à cause du manque de pâturages dans cette région. Il dit: « La seule option que j’ai, c’est de vendre une partie de mon bétail afin d’acheter de la moulée [plutôt que de] les laisser (…) mourir. »

Beaucoup de petits agriculteurs brûlent leurs champs afin de les défricher et de les ensemencer. Le défrichement se fait rapidement, ne nécessitant ni main d’œuvre ni machinerie. Mais cette méthodes a un certain nombre de revers. Les feux de brousse font rage d’un bout à l’autre du Zimbabwe depuis le début de l’été. Depuis janvier 2012, au moins 12 personnes ont été tuées et près de 10 000 hectares de forêts de pins ont été perdus.

L’Environmental Management Agency (EMA) [Agence de Gestion Environnementale: traduction libre] accuse les agriculteurs réinstallés d’avoir allumé des feux dans le but de débroussailler leurs terrains de culture. L’EMA définit les feux de brousse comme « des incendies qui deviennent incontrôlables et se déchaînent, détruisant ainsi de vastes étendues de forêts, de prairies, ainsi que des animaux, des gens et leurs propriétés. » Mme Amkela Sidance est la représentante de l’EMA pour le Matabeleland Sud. Elle dit que son agence mène des campagnes de sensibilisation pour prévenir les feux de brousse. L’an dernier, 350 feux ont détruit plus de 200 000 hectares. En août dernier, ce chiffre annuel avait presque doublé. L’EMA fait la promotion de stratégies telles que les garde-feux pour empêcher les feux de brousse de se propager. Un garde-feu est une bande d’un mètre dénuée de toute végétation située des deux côtés d’une clôture entourant une ferme. Mme Sidange dit: « Nous travaillons avec d’autres parties prenantes telles que la police, afin d’éduquer les communautés locales concernant le besoin de protéger et de conserver nos ressources en utilisant des pare-feux. » Les agriculteurs peuvent demander de l’aide auprès de l’EMA s’ils veulent défricher leurs terres par le feu.

La Loi sur la Foresterie énonce quelques règlements sur les feux de brousse. Les feux ne doivent pas être allumés en août, septembre ou octobre. Toute personne se trouvant près d’un feu doit aider à l’éteindre. Les gens qui allument des feux et ceux qui n’aident pas à les arrêter peuvent être poursuivis.

Francis Nhema est le Ministre de l’Environnement et des Ressources Naturelles. Il dit que les feux de brousse constituent une menace pour le Zimbabwe. Il ajoute: « La stratégie nationale de sortie de crise est fondée sur nos ressources naturelles, mais malheureusement ce capital naturel est menacé par les feux [de brousse] affectant les velds. »

Mr. Nhema dresse la liste des effets à long terme des feux de forêt: réduction de la biodiversité, réduction de la fertilité du sol et érosion accrue du sol. Ces effets peuvent, à leur tour, se traduire par une raréfaction de l’eau disponible pour le bétail, l’irrigation, les poissons, la faune et les personnes. Il déclare: « En tant que nation, nous ne pouvons pas nous permettre de perdre continuellement des vies et des biens suite à des erreurs humaines évitables. »

C’est là une bien maigre consolation pour M. Moyo, qui dit: « J’ai perdu mes cultures et je ne peux pas me permettre de perdre aussi mon bétail. Il me faut vendre quelques-unes de mes bêtes ».