Zimbabwe : Des femmes subviennent aux besoins de leurs familles grâce au maraîchage urbain

| juillet 4, 2016

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Par une matinée dominicale fraîche, le visage et le corsage de Nomalanga Gumede sont trempés par l’eau qui se répand du seau de 20 litres qu’elle transporte sur la tête. La veuve de 45 ans fait plusieurs allers-retours au forage situé à une centaine de mètres de son potager. Elle va chercher le précieux liquide pour arroser ses légumes.

C’est sa corvée quotidienne en tant que membre du Sizimele Sodwa (Nous sommes indépendantes), un groupement féminin dans la deuxième ville du Zimbabwe, Bulawayo. Ce groupement cultive des légumes pour les vendre aux supermarchés.

Le groupement agricole urbain a été formé en février 2013, et Mme Gumede y a adhéré en août 2014, quatre mois après avoir perdu son emploi.

Elle vit dans la banlieue peuplée Bulawayo de Sizinda. En 2014, elle a perdu son emploi au National Blanket, une société de fabrication de vêtements, où elle a travaillé durant plus d’une décennie. Depuis lors, elle mise sur le maraîchage.

La perte de son travail a bouleversé la vie de Mme Gumede, qui devait prendre soin de ses quatre enfants, seule, après le décès de son mari en 2012.

Sizimele Sodwa urban veggie farming Zim2

Crédit photo: Nqobani Ndlovu

Elle se rappelle : « J’avais de la difficulté à subvenir aux besoins de mes enfants après la perte de mon emploi [et] avant d’adhérer à ce projet de [maraîchage] … J’ai essayé plusieurs choses comme vendre du temps d’antenne, mais sans succès. J’ai ensuite décidé de me lancer dans le maraîchage urbain en adhérant à l’association agricole urbaine [de ma région]. »

Les femmes ont créé un projet d’entraide agricole pour gagner leur vie et subvenir aux besoins de leurs familles. Une ONG a offert un soutien technique et des formations aux femmes, qui ont commencé à l’aide d’un capital de 500 $US. Le forage qu’elle utilise est également un don.

Chaque semaine, les femmes ravitaillent les grands supermarchés en légumes frais comme les oignons, les carottes, les tomates et les pommes de terre. Mme Gumede affirme que les femmes vendent le kilogramme d’oignons à 1,09 $US et le kilogramme de tomates à 0,79 $US.

Elle ramène à la maison près de 200 $US lorsqu’elle fait un bon mois, après avoir partagé les bénéfices avec les cinq autres membres du groupement.

Jane Ngwenya est une membre fondatrice du groupe. Elle affirme que le maraîchage urbain comporte certaines difficultés : « C’est très exigeant, car nous utilisons des seaux pour aller chercher l’eau dans un forage pour arroser nos jardins. Par exemple : pour arroser une planche d’oignons, il faut faire dix allers-retours au forage. »

Elle ajoute que, même s’il est parfois difficile de trouver des clients, elle ne regrette pas d’avoir adhéré au groupement agricole féminin.

Nesisa Mpofu est la responsable en chef des relations publiques de la mairie de Bulawayo. À ses dires, les forages permettent aux habitant(e)s tels que ceux du groupement agricole féminin d’utiliser les terres avoisinantes pour cultiver et mener d’autres activités.

Ayanda Tshuma est expert agricole à Bulawayo. Il affirme que l’agriculture urbaine occupe une place importante dans la vie des habitant(e)s, et doit être encouragée et protégée. Il ajoute : « Cela offre également l’occasion à ceux et celles qui sont dynamiques d’augmenter leurs revenus, et aux familles d’avoir accès à des légumes moins coûteux. »

Mme Gumede dit que l’agriculture urbaine est vraiment rentable. Elle a désormais les moyens d’envoyer ses enfants à l’école. Cependant, elle affirme que, bien le groupement soit reconnaissant envers la mairie pour la terre qu’elle leur a attribuée, celle-ci est trop exiguë pour leurs projets d’avenir. Elle explique : « Si nous pouvions avoir un terrain, cela pourrait changer radicalement nos vies. Nous avons l’intention de rassembler suffisamment d’argent pour pouvoir acheter un terrain, ou au moins en louer. »