En Afrique subsaharienne, le changement climatique aggrave les sécheresses, ce qui fait que les agriculteurs et les agricultrices peinent à produire suffisamment à manger. Pour s’adapter, des producteurs et des productrices comme Susan Chinyengetere se tournent vers les pratiques de l’agriculture de conservation qui protègent leur sol et augmentent leurs récoltes.
Susan Chinyengetere, une agricultrice du Zimbabwe, pratique la culture sans labour pour cultiver le maïs orange, une variété de maïs riche en nutriments et dont la qualité nutritionnelle a été améliorée avec du bêta-carotène. Le bêta-carotène est transformé dans l’organisme en vitamine A qui est essentielle pour une bonne vision, un système immunitaire fort et la santé générale. Le maïs orange est surtout utile dans les régions où la carence en vitamine A est répandue.
La culture sans labour consiste à semer sans perturber le sol couvert de paillis. Le paillis protège le sol du sol et empêche les herbes de pousser. Elle déclare : « Je peux ensemencer tout mon champ pendant que mes enfants sont à l’école, car la culture sans labour exige beaucoup moins de travail. » La culture sans labour est une technique de l’agriculture de conservation de plus en plus populaire grâce au soutien du gouvernement zimbabwéen.
Madame Chinyengetere est membre d’Ukama Ustwai, une initiative du Consultative Group on International Agriculture Research (CGIAR), un partenariat mondial axé sur la recherche d’un avenir alimentaire stable. Ce programme aide les agriculteurs et les agricultrices à adopter des pratiques agricoles durables et des systèmes agricoles diversifiés et résilients face au climat, en vue d’améliorer leur sécurité alimentaire et s’adapter aux changements.
L’initiative Ukama Ustawi est axée sur le renforcement du pouvoir des agriculteurs, notamment les femmes, en les organisant en petits groupes de 15 membres au maximum. Ces groupes permettent de partager des connaissances, collaborer sur les techniques agricoles et bâtir un réseau de soutien. Madame Chinyentere affirme que les liens tissés au sein de ces groupes ressemblent à ceux d’une famille et constituent une base solide pour l’apprentissage et l’innovation.
Anton Mutasa, un autre agriculteur zimbabwéen, a bénéficié également de la promotion des pratiques de l’agriculture de conservation. Il pratique le paillage et la rotation des cultures pour conserver l’eau et maintenir sa terre fertile. Il déclare : « Le paillis aide le sol à retenir l’eau pour mes cultures, et ce, même lorsqu’il ne pleut pas. » En appliquant la rotation des cultures qui consiste généralement à faire une rotation entre des cultures qui privent la terre de ses éléments nutritifs, comme les cultures vivrières et des cultures qui restaurent les éléments nutritifs, comme les légumineuses, il s’assure que son sol continue à avoir beaucoup d’éléments nutritifs pour les prochaines récoltes.
Les agriculteurs et les agricultrices du Zimbabwe s’informent sur les cultures qui résistent à la sécheresse et les systèmes diversifiés basés sur le maïs, intégrant des légumineuses, des arachides et des petites céréales aux côtés du maïs traditionnel. Ces pratiques améliorent la durabilité environnementale et économique. Le programme Ukama Ustawi a effectué des essais dans 30 communautés à travers le Zimbabwe pour encourager une adoption généralisée de ces techniques.
Christian Thierfelder est expert en systèmes culturaux au Centre international d’amélioration du maïs et du blé (CIMMYT). Il déclare : « Un système diversifié basé sur le maïs aide les agriculteurs à s’adapter au changement climatique et à augmenter leur production à long terme. Des pratiques comme la culture intercalaire, la gestion durable des sols et la rotation des cultures sont fondamentales pour une résilience face au changement climatique. »
Pour des agriculteurs et des agricultrices comme madame Chinyengetere, ces pratiques ont un vaste impact. Elle déclare : « Le fait que je puisse apporter un revenu et de la nourriture à la famille apporte du bonheur à mon foyer. Je doutais de moi-même, croyant que j’étais juste une machine à procréer, mais, maintenant, je me sens en confiance. »
Elle reconnaît qu’il est problématique de cultiver dans des conditions difficiles, mais elle reste engagée à montrer l’exemple. Elle déclare : « C’est difficile de convaincre les jeunes femmes de cultiver dans des conditions climatiques extrêmes, mais nous devons montrer l’exemple. » Grâce au soutien d’Ukama Ustawi, les agriculteurs et les agricultrices du Zimbabwe et d’ailleurs, trouvent des moyens durables pour s’adapter au changement climatique tout en bâtissant un avenir meilleur pour leurs familles.
La présente nouvelle est inspirée d’un article écrit par Farai Shawn Matiashe pour Interpress News Service, sous le titre « In Zimbabwe, Women Are Leading the Battle Against Climate Change ». Pour lire l’intégralité de l’article, cliquez sur : https://www.ipsnews.net/2024/12/zimbabwe-women-leading-battle-climate-change/ [1].
Photo : Certains agriculteurs achètent des semences à prix réduit lors d’une foire aux semences à Masvingo, au Zimbabwe. Crédit : Farai Shawn Matiashe/IPS