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Zambie: Un petit agriculteur s’inquiète de l’augmentation des prix des denrées alimentaires (par Brian Moonga, pour Agro Radio Hebdo en Zambie)

Jason Mumbi est agriculteur depuis près d’une décennie, dans la région de Chamuuka Kabwe, au nord de Lusaka. Interrogé sur la hausse des prix des denrées alimentaires, cet agriculteur dit: « Les prix élevés des denrées alimentaires…c’est un défi pour moi en tant que producteur de culture de rente. »

M. Mumbi exploite un petit moulin à maïs dans le cadre d’une entreprise familiale, et il aimerait agrandir son entreprise. Mais l’augmentation continue des prix des denrées alimentaires est le principal obstacle pour lui. Il dépense la majeure partie des revenus familiaux en nourriture et en frais scolaire pour ses trois enfants. Au lieu de cultiver plus de produits pour la vente, il a dû réduire la superficie de terre qu’il cultive parce qu’il ne peut pas se permettre d’acheter des semences.

Il dit: « Je cultive principalement des légumes et j’avais l’habitude d’utiliser les profits de mon petit moulin pour l’achat de semences et de produits chimiques pour m’aider à m’occuper de mes cultures de rente. Mais maintenant, cela devient difficile. J’ai réduit la superficie de ma ferme d’un acre à la moitié d’un acre. »

Selon M. Mumbi, les prix élevés des denrées alimentaires ne sont pas bénéfiques pour un petit agriculteur comme lui. Il explique qu’en dépit des profits occasionnés par l’explosion de la demande pour les légumes et la hausse des prix des denrées alimentaires, il doit au bout du compte assumer des frais aussi élevés. Il achète des aliments qui ne sont pas cultivés sur sa ferme ainsi que d’autres articles qui ne sont pas des denrées alimentaires et dont les prix augmentent.

Pour ajouter à ses malheurs, le prix de l’électricité en Zambie est sur le point d’augmenter de 14% cette année. La Zambia Electricity Supply Corporation a besoin d’étendre la principale station de production d’électricité du pays pour répondre à la demande résidentielle croissante. Avec une économie qui se développe, le besoin en électricité en Zambie augmente.

M. Mumbi et les agriculteurs qui utilisent ses moulins à maïs ont un budget limité. Ils essaient de joindre les deux bouts. M. Mumbi dit que certains agriculteurs à petite échelle réduisent déjà la quantité de maïs qu’ils apportent au moulin. Il sera bientôt obligé de doubler le prix d’utilisation du moulin afin de répondre à l’augmentation du coût de l’électricité. Il craint que de nombreux agriculteurs ne seront pas en mesure de se le permettre.

Le maïs est un aliment de base en Zambie. Les ménages achètent habituellement des sacs de 25 kilogrammes, qui coûtent maintenant environ 15 dollars américains. M. Mumbi craint que l’augmentation du coût de l’électricité ne conduise à des prix de denrées alimentaires plus élevés et à la perte de son entreprise. Son gagne-pain est menacé.

Il dit: « Parce que je cultive mes propres légumes, c’est plus facile et moins coûteux [pour moi] par rapport à d’autres agriculteurs. Je mouds mon propre maïs dans ma cour et nous pouvons le manger avec les légumes de mon jardin. Ça nous facilite un peu la vie; mais je sais que très bientôt, il sera difficile même de cultiver mon propre maïs et de le moudre. »

Le secteur agricole s’est développé en Zambie, ces dernières années. Près de 90% de la production du secteur provient de l’agriculture de subsistance. Mais les critiques disent que les coûts élevés de production et de marchandage n’encourageront probablement pas les petits agriculteurs à devenir des agriculteurs commerciaux.

Mulambo Hachima est consultant en économie. Il dit: « A moins que les petits agriculteurs ne reçoivent de généreux avantages fiscaux comme dans le secteur minier, où les opérateurs [à petite échelle] sont récemment devenus des entités moyennes, nous nous attendons à ce que les agriculteurs continuent d’assumer des coûts élevés de production alors que le prix des engrais, du carburant et même d’autres biens de première nécessité augmentent. »

M. Mumbi exhorte le gouvernement zambien à prendre des mesures pour protéger les petits agriculteurs contre l’augmentation des prix des denrées alimentaires. Il dit: « Il est essentiel qu’ils introduisent le principe de prix de vente recommandé pour les produits alimentaires parce que les coûts énergétiques continueront d’augmenter, et il viendra un temps où nous serons incapables de nourrir nos familles ou même d’acheter des semences et d’autres intrants pour poursuivre nos activités agricoles. »