Tanzanie: Une coop de sésame améliore ses rendements, ses ventes et ses revenus

| mars 18, 2013

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Mme Petronila Gobi est membre de la Mbugwe Sesame Agricultural Marketing Co-operative. Ce groupe a été formé en 2011 suite à un projet impliquant le sésame et mis en œuvre par une ONG internationale appelée Farm Africa.

La division de Mbugwe, dans le District de Babati, dans le nord de la Tanzanie, avait été identifiée par le gouvernement national à la fin des années 1990s comme une région propice à la culture du sésame. Cette plante riche en huile pousse bien dans les conditions chaudes et sèches de cette division. Cependant, les agriculteurs ont été lents à reconnaître le potentiel du sésame. Les rendements étaient faibles et les commerçants abusaient souvent des agriculteurs en leur offrant des bas prix.

Auparavant, Mme Gobi cultivait le sorgho, qui était utilisé pour la fabrication de bière locale. Elle cultivait aussi le coton qu’elle vendait à une compagnie locale. Elle dit: « Avant l’avènement de la coopérative, je cultivais moins d’un hectare de sésame. Maintenant, ma récolte se fait sur six hectares. »

M. Tumain Elibariki est le spécialiste des cultures, à Farm Africa. Il dit: « Le sésame est une culture de grande valeur, qui requiert peu d’eau. Les agriculteurs de cette coopérative ont maintenant largement remplacé le sorgho, le coton et le maïs, qui étaient autrefois leurs cultures commerciales. » Il préfère la culture intercalaire de sésame avec des pois d’Angole, vu que cette légumineuse fertilise les plantes de sésame durant leur croissance.

La formation que les agriculteurs reçoivent de Farm Africa les a aidés à plus que doubler leur production, qui a atteint près d’une tonne par hectare. Le rendement moyen, au niveau mondial, est seulement la moitié de ce chiffre, ce qui place les cultivateurs de Babati parmi les plus grands producteurs au monde.

Les agriculteurs sont encouragés à minimiser l’utilisation du labour. Cette pratique conserve l’humidité du sol et réduit le besoin de désherber. Beaucoup d’agriculteurs louent maintenant des tracteurs pour préparer leur terrain, quand l’équipement est disponible. Le sésame peut être attaqué par des pucerons et contracter l’ alternariose, et il faut donc le protéger en utilisant des pesticides. Cela signifie que les frais liés à la culture de cette plante sont relativement élevés.

L’agriculteur Constantine Martin dit que l’investissement additionnel se traduit en une valorisation de cette culture. Autrefois, il cultivait des fleurs qu’il vendaient à Arusha, mais maintenant, il se concentre sur le sésame. Il dit: « Pour faire augmenter le prix de vente, nous faisons l’effort de nettoyer les graines et de garder chaque variété à part avant la vente. Les graines blanches pures sont plus sollicitées pour l’exportation. »

Désormais, les agriculteurs cultivent aussi une variété au grain noir qui est extrêmement riche en huile. Cela est très important puisqu’ils comptent faire de la transformation. La coop planifie investir dans une presse à huile motorisée, vu qu’il est très difficile d’extraire l’huile des graines avec une presse manuelle.

Le sésame est considéré comme une culture familiale car les enfants suffisamment âgés peuvent aider à en faire des goûters ressemblant à des biscuits après l’école. Ces biscuits sont vendus localement, de même que des aliments pour bébé, des friandises et de l’huile de sésame. Les résidus de la production d’huile sont utilisés pour préparer les goûters, et pour l’alimentation animale. Cependant, c’est le marché de l’exportation qui rend cette culture attractive pour les petits agriculteurs.

Les acheteurs visitent le magasin de la coop pour négocier. Mohammed Enterprises est un des plus gros acheteurs, en Tanzanie. Cette compagnie achète le sésame en gros et l’exporte jusqu’en Inde et en Chine. Les agriculteurs peuvent stocker leur sésame dans le magasin en attendant que les prix du marché soient avantageux. Ils peuvent aussi prendre un prêt avant les ventes.

Mr. William Mwakyami est le coordinateur des projets, à Farm Africa. Il dit que la demande mondiale en sésame est présentement le triple de l’offre. La production de sésame de Babati est présentement environ 3000 tonnes par an. M. Mwakyami croit qu’en choisissant des graines et des pratiques améliorées, les agriculteurs tanzaniens pourraient produire jusqu’à 110 tonnes. M. Mwakyami dit: « Nous comptons répliquer ce modèle dans d’autres divisions du district, vu que la coop Mbugwe sera bientôt auto-suffisante. »

Il y a 102 femmes parmi les 245 membres de la coop. Ce groupe couvre 23 villages. Chaque village a deux groupes de production de 20 membres. Mme Gobi dirige un de ces groupes. Elle dit: « J’ai initié un groupe de 20 agriculteurs et ensuite j’ai découvert que 70 jeunes gens voulaient s’y joindre! »

Maintenant, les membres gagnent plus pour leurs produits. Avant la formation de la coopérative, les commerçants payaient 25 000 shillings tanzaniens (16$ américains) pour un sac de 85 kilos. Mais, comme le produit est de meilleur qualité et comme la coopérative a un certain pouvoir de négociation, le prix a augmenté à 153 000 shilling tanzaniens (plus de 95$ américains).

Mme Gobi dit: « Maintenant, nous avons de meilleures maisons, une éducation pour nos enfants, et nous pouvons nous permettre de manger trois repas par jour. »