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Tanzanie : Un producteur de haricots fait table rase des pertes qu’il a enregistrées dans le passé et fait des projets pour l’avenir

Abushehe Hamis Ahedafa se balade dans son champ récolté vide. Les seuls signes qui restent de ses cultures de haricot sont les rangées espacées de manière égale que l’on aperçoit au sol où les plantes poussaient.

Pendant qu’il marche, le soleil transperce les nuages épais et ses rayons chauds réchauffent la brise de montagne fraîche. Il jette un sac lourd de haricots séchés sur ses épaules et se dirige vers son grenier.

M. Ahedafa cultive près du village de Yoghoi, flanqué au sommet de la chaîne montagneuse qui traverse la région de Tanga, au nord de la Tanzanie. Les terres entourant le village sont luxuriantes, vertes et recouvertes d’arbres et de buissons.

Lorsque le père de M. Ahedafa est décédé, sa mère a aménagé chez lui, sa femme et leur fille. M. Ahedafa a repris la ferme familiale où il a planté des tomates, des poivrons, du maïs et des haricots.

En général, la sécheresse n’est pas un problème pour les agricultrices et les agriculteurs de cette région, mais M. Ahedafa et ses voisins sont confrontés à d’autres problèmes. La saison dernière, de pluies fortes ont détruit plusieurs de leurs cultures. La famille a dû se battre pour tenir le coup.

M. Ahedafa a semé du haricot sur un peu moins de la moitié des deux hectares de la ferme familiale. Malheureusement, les pluies intenses ont favorisé la prolifération d’insectes nuisibles et de maladies. L’agriculteur de 31 ans n’avait pas les moyens d’acheter des pesticides pour les éliminer.

Les effets ont été dévastateurs. M. Ahedafa n’a récolté que deux sacs de haricots, une récolte en deçà de ses attentes. Il se rappelle : « C’était horrible. J’avais prévu [de vendre le surplus de mes récoltes] afin de pouvoir subvenir aux besoins de ma famille. »

La famille n’avait pas suffisamment à manger, et ne disposait pas d’argent pour payer les frais de scolarité de leur fille. M. Ahedafa a convaincu l’enseignant(e) de sa fille de la laisser poursuivre ses cours, en promettant de s’acquitter des frais avec le produit de la vente de ses cultures qu’il récolterait bientôt.

Elina George Leffi est l’agente de vulgarisation du village. Elle affirme que les maladies sont un problème, mais que la principale difficulté qui se pose avec les agricultrices et les agriculteurs, c’est qu’ils continuent de cultiver le haricot de façon désordonnée.

La station de radio locale, Sauti ya Injili, diffuse une nouvelle émission agricole intitulée Kilimo ni Utafiti (Agriculture et recherche), le mardi de 18 h 30 à 19 h. L’émission a aidé M. Ahedafa.

Mme Leffi déclare : « J’apprends aux agricultrices et aux agriculteurs à semer suivant un espacement égal, mais ils ne mettent pas mes conseils en pratique. Avec un peu de chance, s’ils écoutent l’émission, la situation changera. »

L’émission parle des meilleures façons de cultiver les haricots et de les gérer après les récoltes. La série d’émissions a commencé au début de la saison des cultures, où il a été expliqué aux agricultrices et aux agriculteurs comment et où ils devaient acheter les semences, puis il a été question de la plantation, du sarclage et des soins qui devaient accordés aux plantes. Le volet récolte et commercialisation a mis fin à la série.

M. Ahedafa adore l’émission et encourage les autres agricultrices et agriculteurs à l’écouter. Il désire particulièrement s’informer davantage sur les insectes nuisibles et les maladies, et la meilleure façon de protéger ses cultures contre ces derniers.

M. Ahedafa a un projet. Après avoir payé les frais de scolarité de sa fille, il plantera suffisamment de haricot pour produire des semences pour les autres agricultrices et agriculteurs de son village. Il déclare : « Parfois, l’approvisionnement en semences pose problème. Pourquoi ne pourrais-je pas en produire ici pour mes voisin(e)s? »